Île-de-France : les jeunes Congolais manipulés par des pasteurs véreux  

Depuis quelques années, le champ religieux en France, notamment dans la région Île-de-France, est marqué par l’expansion des églises de réveil dirigées par des équipes pastorales congolaises, qui ont su acquérir une forte visibilité dans l’Hexagone. Ces églises développent une offre religieuse alternative que les autres acteurs religieux peinent, semble-t-il, à apporter. Cette assertion laisse toutefois perplexe. Et les jeunes Congolais, voire ceux qui sont nés en France, se laissent manipuler par le discours lénifiant des pasteurs véreux, qui travestissent délibérément la parole de Dieu, à la recherche du gain.  

« Grande campagne de croisade contre les démons et de miracles », « Programme de guérison divine et de prospérité », « Journée de délivrance et de prophétie » : voilà les différents types d’annonces qui pullulent sur les murs et certains panneaux publicitaires de la région Île-de-France.

Cette région de 12 millions d’habitants connait un accroissement phénoménal de l’offre religieuse des églises de réveil. Si le terme églises de réveil recouvre des réalités diverses et aux contours peu clairs, elles se revendiquent de la mouvance pentecôtiste et évangélique d’origine américaine née aux États-Unis au début du XXe siècle. Elles se réfèrent aux grands principes de la Réforme (le salut pour la foi, l’autorité de la Bible et le sacerdoce universel) et mettent l’accent sur l’efficacité de l’agir divin, qui se manifeste entre autres dans le monde par les miracles, la guérison et la prophétisation.

FORTE PRÉSENCE DANS LA RÉGION 

À ce jour, la région Île-de-France est devenue un espace strictement marqué par le phénomène des églises de réveil qui, pour la plupart d’entre elles, sont présidées par des pasteurs issus de l’immigration congolaise. Elles prolifèrent à côté des églises chrétiennes et des mosquées musulmanes. Aucun département de la région (Paris, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne, la Seine-et-Marne, les Yvelines, l’Essonne et le Val d’Oise) n’est épargné par la présence de ces églises. Ne sont pas exclus les  groupes de prière et les églises de maison qui ne disposent pas de lieu de culte à proprement parler. Leur dynamisme est remarquable : elles rassemblent de façon générale une majorité de femmes et de jeunes.

En fonction de leurs moyens, ces communautés commencent le plus souvent, et de façon relativement informelle, leur culte par des rassemblements dans des appartements/maisons des membres. Et au fur et à mesure de leur structuration, elles louent ou sous-louent ensuite divers types de locaux (hangars, grandes maisons, caves, usines désaffectées) pour établir leur temple et accueillir de grandes assemblées.

Des dénominations en français et en lingala désignant ces églises sont visibles dans la région, comme ICC, ACK, Centre de Réveil Spirituel, Église Cité Bethel, Liloba na Nzambe, Église de la Bonne Semence Transmise, Église Baruti Tabernacle… Leurs initiateurs portent des titres tels que Prophète, Apôtre, Pasteur, Envoyés de Dieu. Ce sont des gens qui ont une certaine audience et crédit, qu’on peut consulter pour n’importe quelle situation. Ils prétendent posséder la solution aux difficultés qui minent les fidèles.

DES VACHES À LAIT 

Les lieux d’assemblées sont pris d’assaut par les jeunes Congolais manipulés, convaincus de l’existence des entités invisibles néfastes pour leur vie. Terrassés par les angoisses existentielles (travail, mariage, stérilité, envoûtement, logement, titre de séjour…), ces naïfs sont tombés sous l’influence et le charme des pasteurs qu’ils considèrent comme des demi-dieux à même de venir à bout des maux tels que cités ci-dessus. Ces problèmes sont perçus comme un blocage qui retarde, empêche l’individu d’émerger ou d’évoluer dans sa vie selon la volonté divine. Autrement dit, toutes les situations de précarité sont une malédiction dont le seul responsable est la sorcellerie et le diable. Pour en finir avec la malédiction et débloquer l’individu, il faut une intervention du pasteur. Seul ce dernier peut le libérer des forces du mal et le mener vers le bien-être et la prospérité.

Les pasteurs, cela se sait, utilisent leur autorité spirituelle pour contrôler et dominer afin de combler leurs propres besoins d’importance et de pouvoir. En choisissant habilement le bon mot « église de réveil », ils manipulent et humilient les jeunes Congolais pessimistes, sacrifiés sur l’autel de l’ignorance profonde, et les poussent à adopter certains comportements et accomplir certaines œuvres. Chez eux, le mensonge ne semble pas être moralement répréhensible. « La confiance de l’innocent est l’outil le plus utile du menteur », dixit Stephen King.

Alors que la Bible enseigne premièrement de rechercher le Royaume éternel et Dieu, les pasteurs des églises de réveil considèrent leurs fidèles, en l’occurrence les jeunes Congolais, comme des vaches à lait qu’il faut traire au maximum. Et ces derniers sont prêts à se priver pour donner de l’argent et même à s’appauvrir pour leurs bergers, afin de recevoir en retour des solutions à leurs problèmes.

VÉRITABLE BUSINESS

Si les églises de réveil en France, en l’occurrence en région Île-de-France, ne bénéficient pas du soutien financier de l’État français, bien que reconnues associations d’utilité publique (Loi du 1er juillet 1901), ces nouveaux temples se développent de façon autonome, grâce aux mécanismes mis sur pied par des pasteurs pour collecter des fonds. Deux procédés font force de loi : l’offrande et la dime.

L’offrande est dominicale (à chaque culte), mais également spéciale, lorsqu’il s’agit de soutenir un projet : achat de terrain ou d’un bâtiment ou de matériel. La dîme est mensuelle et correspond au dixième du salaire.

C’est un secret de polichinelle que les pasteurs Congolais font ce travail par intérêt et en plus d’une façon nuisible, c’est-à-dire ne pas honorer ces principes divins serait se priver de toutes les bénédictions divines et s’exposer à la merci du diable et de tous ses supplices et avoir peu de chance de réussite sociale. Des fidèles touchés par des promesses d’abondance sont prêts à donner à Dieu jusqu’au dernier centime afin de recevoir les grâces du Tout-puissant. C’est ainsi que certains pasteurs manipulent astucieusement le principe de réciprocité et profitent de l’aveuglement des fidèles pour exiger de faire des dons proportionnels au miracle souhaité, même en s’endettant.

En fait, les pasteurs des églises de réveil font miroiter de façon alléchante les promesses de prospérité matérielle et financière pour quiconque se soumet à Dieu. Pour cela, les fidèles doivent d’abord faire preuve de générosité vis-à-vis de celui-ci à travers leurs offrandes et dîmes. Une arnaque ! En réalité, ces pasteurs profitent de leur position spirituelle pour en faire un véritable business.

Le pasteur d’hier, sans argent, ni sécurité sociale, ni retraite, qui vivait aux ordres des missionnaires, devient dès lors un entrepreneur économique. Il manipule la Bible en considérant les problèmes des fidèles comme des marchandises. L’église devient ainsi un marché de la spiritualité très lucratif.

DÉVIATION FLAGRANTE 

En effet, dans cette aventure, ce sont les pasteurs qui s’enrichissent, au point de s’acheter des appartements, des maisons et rouler dans les voitures les plus coûteuses et luxueuses. Ils mènent des vies confortables en France. Et pour conserver leurs avantages financiers, ces « fonctionnaires » de Dieu multiplient des initiatives : croisades contre les démons, campagne d’évangélisation, journées de guérison, veillées de prières et autres. Ce qui prête à controverse, car il est écrit dans la Bible que : « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis (Jean 10, verset 11). Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr (Jean 10, verset 10) ». Ces pasteurs sont-ils devenus voleurs ? La réponse va de soi, car la déviation est flagrante. Ce qui pose un réel défi aux autorités françaises face à ces églises de réveil qui ne cessent de croître en France, notamment dans la région Île-de-France.

Robert Kongo (CP)         

 

 

 

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