Jean-Jacques Wondo s’invite à New York

En marge de la 79ème session de l’Assemblée générale de l’ONU, le président congolais a eu, à New York, un entretien avec le premier ministre du royaume de Belgique Alexander de Croo. Inutile de recourir à la boule de cristal pour faire une lecture objective de leurs échanges. La condamnation à la peine capitale par la justice militaire congolaise du «sujet belge» Jean-Jacques Wondo ne passe pas à Bruxelles.

Comme une authentique indigestion, la ministre belge des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, avait déjà donné le coup de semonce lors de son entretien téléphonique avec son homologue congolaise Thérèse Kayikwamba Wagner. Elle avait insisté sur «l’opposition absolue de la Belgique à la peine de mort», rappelant que «le droit à la défense doit toujours être respecté».

Comme dans un parfait dialogue de sourds, enrobé de langue de bois, Kinshasa y avait plutôt vu un échange constructif sur des développements récents et questions d’intérêt mutuel».

Reprise à l’échelon supérieur de la diplomatie belge par le chef du gouvernement en personne, la condamnation à mort de Jean-Jacques Vondo convaincu d’une participation active à la «tentative de coup d’Etat » du 19 mai dernier est venue réveiller les vieux démons qui émaillent de manière cyclique des relations en dents de scie entre Kinshasa et l’ancienne métropole. La vague des arrestations d’opposants en RDC dont certains sont enfermés dans la sinistre prison centrale de Makala sans jugement; l’interdiction systématique de manifestations pacifiques ou un climat des affaires gangrené par une corruption institutionnalisée ne sont pas autant de facteurs de nature à remettre l’ombrageuse Belgique dans de bonnes dispositions durables à l’égard du Congo.

On ne saura peut-être jamais de qui est venue l’initiative du tête-à-tête belgo-congolais, mais une chose au moins est sûre : que la rencontre Tshisekedi-De Croo soit intervenue la veille du sit-in de l’opposition et de la société civile réclamant la libération des opposants emprisonnés, est un signe des temps qui ne trompe pas.

Lentement mais sûrement tel un fossoyeur consciencieux, Kinshasa creuse avec application la tombe de ses relations avec la «communauté internationale» qu’à l’inverse elle sollicite en vue de décréter des sanctions contre le Rwanda. La multiplication des condamnations à mort n’est pas justement un facteur favorisant.
Comme si la «diplomatie agissante» du pouvoir congolais se complaisait à se tirer allègrement une balle dans le pied.

Mwin Murub Fel