Le ministre d’État, ministre de la Justice et garde des Sceaux, Guillaume Ngefa Atondoko, a présenté mercredi, lors du traditionnel briefing de presse coanimé avec son collègue de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, sa vision et ses priorités à la tête de ce secteur stratégique. Se définissant comme un «ministre de la proximité », il entend rapprocher la justice des citoyens, tout en menant une lutte acharnée contre la corruption.
Interrogé sur la récente condamnation de son prédécesseur, Constant Mutamba, reconnu coupable de détournement de 19 millions USD destinés à la construction d’une prison à Kisangani, Guillaume Ngefa a choisi la retenue.
«Le procès était public et le principe du contradictoire a été respecté. Je ne suis pas le ministre des magistrats. Le droit a été dit, et des voies de recours existent. Par conséquent, je m’abstiens de tout commentaire », a-t-il déclaré.
Cette attitude, jugée prudente par une partie de l’opinion, a néanmoins été saluée pour la distance qu’il prend vis-à-vis des décisions judiciaires.
Extirper la gangrène
Au cœur de son mandat, Guillaume Ngefa place l’éradication de la corruption qu’il considère comme le principal fléau qui mine l’appareil judiciaire en République Démocratique du Congo. Il a annoncé une collaboration étroite avec le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), déjà doté d’une Commission de discipline, pour sanctionner les dérives constatées.
Le ministre a dénoncé l’existence d’une mafia organisée dans certains contentieux impliquant l’État, où des avocats représentant la République s’arrangeraient avec leurs homologues adverses pour faire condamner le pays à payer des indemnités faramineuses. Il promet désormais une procédure de désignation transparente et un contrôle strict des pratiques au sein des barreaux.
Outre la lutte anticorruption, le nouveau patron de la Justice a décliné plusieurs autres priorités, notamment : renforcement de l’État de droit; amélioration des conditions carcérales; veille au respect des obligations fiscales, sociales et environnementales des entreprises minières; poursuite du projet de création d’un parquet financier; et modernisation de l’administration judiciaire par la digitalisation.
«On dit toujours que la justice élève la nation. À travers ce mandat, nous devons nous assurer qu’elle soit proche de la population », a conclu Guillaume Ngefa, réaffirmant sa volonté de diriger la Justice congolaise dans une approche participative et de proximité.
Tighana MASIALA