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Kabila condamné à mort : la Haute Cour Militaire se déclare «incompétente »… pour statuer sur sa nationalité

La Haute Cour Militaire a rendu son verdict dans l’affaire Joseph Kabila. L’ancien Chef d’État est condamné par contumace à la peine de mort et à l’arrestation immédiate pour « trahison » et « crimes de guerre », assortie d’une amende de 30 milliards USD pour réparation de tous les crimes et préjudices causés à la République. Si la Haute Cour a jugé être « incompétente » pour se prononcer sur la question de sa nationalité congolaise, la lourdeur de la peine, sans confiscation de biens, met un point final au procès de l’ancien Président de la République. Cette décision, prise après une levée controversée de ses immunités de sénateur à vie, plonge la RDC dans une zone d’incertitudes et crée une jurisprudence sans précédent, provoquant une vive réaction de son camp politique, le FCC, qui dénonce une procédure illégale qui porte atteinte à l’État de droit.

La nouvelle est un véritable séisme politique et juridique dont les répliques sont promises à secouer bien au-delà des frontières de la RDC : l’ancien Chef d’État, Joseph Kabila Kabange, a été condamné à mort par contumace pour « trahison » et «crimes de guerre » par la Haute Cour Militaire de Kinshasa. Ce verdict, d’une gravité inouïe, non seulement met un point final au procès de l’ex-président, mais jette une lourde hypothèque sur l’avenir de l’alternance démocratique en Afrique.

Un verdict au double tranchant

Si la Haute Cour Militaire a choisi la peine maximale et ordonné l’arrestation immédiate de Joseph Kabila, elle a simultanément décliné sa compétence sur la question de sa nationalité congolaise, un sujet qui avait pourtant alimenté de vifs débats. Ironiquement, alors que les biens de l’ancien président ne sont pas confisqués, le coup porté à son statut est sans précédent.

Joseph Kabila, qui a dirigé le pays de 2001 à 2019, bénéficiait du titre de sénateur à vie et de l’immunité parlementaire associée. Sa condamnation a été rendue possible après une procédure de levée de cette immunité controversée, que son camp politique juge illégale. Ce verdict crée une jurisprudence inédite qui fait basculer la RDC dans une zone d’incertitudes alarmante. Il introduit une peur chez les dirigeants qui pourraient désormais hésiter à lâcher le pouvoir, de crainte d’un sort similaire.

La colère et l’inquiétude du FCC

La réaction du Front Commun pour le Congo (FCC), la coalition de l’ancien président, a été immédiate et virulente. Raymond Tshibanda, président de la Cellule de crise du FCC, a publié un communiqué cinglant daté du 30 septembre 2025, dénonçant la nature politique et illégale de la procédure.

«Pour le FCC, la condamnation qui, au terme d’une procédure illégale de bout en bout, vient d’être prononcée contre son Autorité Morale ce jour, n’est pas seulement celle d’un homme, ancien Président de la République soit-il. C’est aussi et surtout celle de l’État de droit et de toutes les conquêtes démocratiques obtenues de haute lutte par notre peuple depuis bientôt deux décennies», a-t-il déclaré, signifiant que cette sentence est perçue comme un recul démocratique majeur.

Complicité avec le M23 et enjeux politiques

L’accusation principale repose sur la complicité de Joseph Kabila avec le groupe armé M23, un mouvement soutenu par le Rwanda et responsable de l’instabilité dans l’Est. Ancien chef rebelle lui-même, Kabila est le fils de Laurent-Désiré Kabila, le tombeur de Mobutu Sese Seko, ajoutant une couche d’histoire et de tragédie à cette affaire.

L’hypothèse d’une tentative d’écarter l’ancien président de la scène politique est sur toutes les lèvres. Après avoir quitté le pays en 2023, Kabila est réapparu fin mai à Goma, ville alors sous le contrôle du M23. Cette réapparition avait ravivé les inquiétudes de Kinshasa quant à sa capacité à fédérer l’opposition en vue d’un retour au premier plan.

Bien que la peine de mort ait été prononcée, son exécution reste théorique pour l’heure. Si le moratoire en vigueur depuis 2003 a été levé en 2024, aucune exécution n’a encore eu lieu. Néanmoins, le mandat d’arrêt immédiat plane sur l’ancien Chef d’État, dont on ignore toujours la localisation exacte.

Cette condamnation, en cherchant à clôturer un chapitre, risque en réalité d’ouvrir celui d’une nouvelle ère d’incertitude et de tensions politiques accrues en RDC.

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