À Demba, dans le Kasaï Central, l’inauguration du nouveau Tribunal de paix, financé par le député Thierry Mulumba, a célébré la promesse d’une justice rapprochée des citoyens. Mais derrière l’inauguration solennelle présidée par le ministre d’État Guillaume Ngefa, le président de cette juridiction a dressé un tableau alarmant de ses conditions de fonctionnement : seulement deux juges, pas de moyens de déplacement, une prison vétuste source d’évasions. Une cérémonie qui a autant révélé les espoirs portés par l’initiative que l’immense défi qui subsiste pour une justice de proximité effective.
Le territoire de Demba a vécu un moment historique : pour la première fois, un Ministre d’État y a foulé le sol. En inaugurant le tout nouveau bâtiment du Tribunal de paix, Guillaume Ngefa Atondoko Andali a non seulement matérialisé une promesse de justice de proximité, mais aussi mis en lumière l’extrême fragilité du système judiciaire local. Une cérémonie marquée par l’engagement du député donateur Thierry Mulumba Pandanjila, mais aussi par l’appel pressant des magistrats confrontés à des conditions de travail indignes.
Financée par le Député national Thierry Mulumba Pandanjila, élu de Demba, la nouvelle infrastructure a été officiellement remise aux autorités judiciaires en présence du Ministre d’État. L’honorable Mulumba n’a pas caché sa fierté : jamais un ministre n’avait visité ce territoire. «Guillaume Ngefa vient d’entrer dans l’histoire de Demba», a-t-il insisté, voyant dans cette visite l’incarnation de la vision du Président Félix Tshisekedi : rapprocher l’État du citoyen et corriger les injustices territoriales longtemps accumulées.
L’inauguration du Tribunal de paix marque ainsi une étape symbolique dans la reconquête de la présence de l’État dans cette zone longtemps marginalisée.
Un Tribunal qui fonctionne dans la précarité
Mais derrière la célébration, la réalité judiciaire de Demba reste sombre. Le Président du Tribunal de paix a livré un diagnostic sans appel : la juridiction fonctionne avec seulement deux juges pour tout le territoire; aucun logement pour les magistrats; absence totale de moyens roulants — pas même une moto — pour atteindre les villages les plus isolés ; une prison vétuste ayant déjà enregistré six évasions en moins de deux ans.
Cette situation, jugée alarmante, compromet la bonne administration de la justice et expose les populations à une insécurité juridique chronique. Le magistrat a plaidé pour un soutien urgent du Gouvernement afin de prévenir l’effondrement de la justice locale.
Guillaume Ngefa : détermination et lucidité
Très attentif aux doléances exprimées, le Ministre d’État Guillaume Ngefa a redit son engagement personnel pour une justice accessible, fonctionnelle et respectée jusque dans les zones les plus éloignées. Il a promis de défendre, au sein du Gouvernement, un plan de renforcement articulé autour de quatre priorités : augmentation des effectifs des magistrats ; dotation en moyens roulants adaptés au terrain ; amélioration des conditions de vie et de travail des juges ; réhabilitation et sécurisation des infrastructures pénitentiaires.
Tout en saluant « l’initiative citoyenne » du député Mulumba, le Garde des Sceaux a tenu à rappeler une ligne rouge fondamentale : l’indépendance de la justice demeure intacte, quel que soit l’apport des acteurs privés ou politiques.
Une inauguration qui ouvre des attentes
L’ouverture du nouveau Tribunal de paix de Demba constitue un progrès concret pour la justice de proximité dans le Kasaï Central. Mais elle révèle aussi l’ampleur des défis structurels qui persistent : manque de moyens, insuffisance du personnel, absence d’infrastructures pénitentiaires dignes.
Pour les habitants de Demba, l’inauguration est un signal d’espoir. Pour le Ministre, elle est un point de départ d’un chantier beaucoup plus vaste. Le véritable test sera désormais la capacité de l’État à transformer ces promesses en actes durables, afin que la justice cesse d’être un luxe inaccessible pour les territoires oubliés.
Francis N.

