«Kidnapping» de la Céni, taxe RAM et insécurité dans l’Est : le CLC appelle à de «protestation d’envergure»

Revoici le Comité laïc de coordination (CLC), le même qui a déstabilisé le pouvoir de Joseph Kabila jusqu’à le contraindre à renoncer à un troisième mandat !

Si la Cénco (Conférence épiscopale nationale du Congo) a fumé, tout récemment, le calumet de la paix avec le pouvoir en place, se refusant à s’engager dans le débat politique, ce n’est pas  le cas des laïcs catholiques qui sont déterminés à faire entendre leur voix face, disent-ils, « à la situation sociale de notre population qui ne fait que se détériorer en dépit de multiples promesses faites pour atténuer la vulnérabilité de plus démunis d’entre nous».

Au regard de la cacophonie qui a entouré le choix, puis la nomination de nouveaux animateurs de la Céni (Commission électorale nationale indépendante), « Il y a fort à craindre, note le CLC, que se répètent les mêmes erreurs du passé dans la volonté de confisquer à notre peuple le droit à une Céni véritablement impartiale ». « Le CLC considère, par ailleurs, que la même logique d’opérer dans l’illégalité et de passer outre les revendications du peuple, qui a prévalu dans le forcing des animateurs de la CENI s’étend de la même manière aux prélèvements illégaux du RAM dont l’Assemblée nationale et le Sénat ont reconnu l’absence totale de fondement légal ».

Pour toutes ces raisons, dans son communiqué du 22 décembre 2021, « le CLC demande au peuple congolais de rester mobilisé et de se tenir prêt à répondre à d’autres appels de protestation d’envergure en cas de persistance du kidnapping de la centrale électorale, de prélèvements RAM et de l’insécurité à l’Est du pays ».

Voici le communiqué de CLC.

Econews

 «Peuple congolais reste debout, l’heure est grave !

«L’existence d’un véritable Etat de droit passe par le choix libre des dirigeants»

A cet effet, le peuple congolais a consenti de lourds sacrifices depuis l’indépendance du pays jusqu’à l’expérience récente de 2018. Le monde entier a vu le peuple congolais se mobiliser comme un seul homme au côté du CLC pour réclamer la tenue des élections libres, démocratiques, transparentes et apaisées.

Toutes les velléités de maintien ou d’instauration des mécanismes d’imposition des dirigeants issus de la fraude électorale rencontreront toujours une farouche résistance et ne prospèreront plus jamais.

C’est dans cette logique que le CLC a fait sien le dernier message des évêques, spécifiquement dans son diagnostic sur la crise que traverse notre pays sur les plans sécuritaire et social, ainsi que l’incertitude dans laquelle est plongée la nation depuis la désignation par forcing des animateurs de la Céni dans l’absence totale de consensus entre tous les acteurs concernés.

Au regard de ce qui précède, le CLC s’est réuni en Assemblée générale extraordinaire le mercredi 15 décembre 2021. Il a procédé à une analyse sans complaisance de la situation de l’heure.

De cet exercice, il ressort ce qui suit :

1. Le CLC relève que la situation sociale de notre population aggravée par la Covid-19, ne fait que se détériorer en dépit des multiples promesses faites pour atténuer la vulnérabilité de plus démunis d’entre nous, notamment le cas des fameux poissons namibiens qui auraient dû être disponibles en cette période des fêtes.

2. Il y a fort à craindre que se répètent les mêmes erreurs du passé dans la volonté de confisquer à notre peuple le droit à une Céni véritablement impartiale.

3. Le CLC considère, par ailleurs, que la même logique d’opérer dans l’illégalité et de passer outre les revendications du peuple, qui a prévalu dans le forcing des animateurs de la CENI s’étend de la même manière aux prélèvements illégaux du RAM dont l’Assemblée nationale et le Sénat ont reconnu l’absence totale de fondement légal.

Comment alors justifier et maintenir des prélèvements qui frappent sévèrement les bourses les plus modestes ?

Le CLC exige la cessation immédiate de prélèvement RAM et le remboursement des sommes perçues aux victimes ainsi que des enquêtes pour établir les chaînes de responsabilité de ce système de spoliation à ciel ouvert du peuple.

4. S’agissant de la situation sécuritaire à l’Est du pays, le CLC exprime sa solidarité vis-à-vis des frères et sœurs de cette partie de la République.

Il demande aux autorités nationales de renforcer de manière substantielle les capacités opérationnelles de nos troupes au front et de s’assurer que leur prise en charge matérielle est effective pour leur permettre de mener à bien leur mission de garantir l’intégrité territoriale et la protection des populations civiles et de leurs biens.

5. Aujourd’hui et plus que jamais nos pères évêques (Cénco) et les responsables de l’Eglise du Christ au Congo (ECC), nous exhortent de prendre nos responsabilités, pour le bien de notre peuple.

En effet, la lutte est longue pour l’avènement d’un état de droit : «Peuple congolais, l’heure de nous mettre debout et de marcher dans la lumière a sonné. Réveillons-nous de notre sommeil pour un engagement citoyen (cf. Rm13,11). Tenons fort et restons fidèles aux idéaux tracés par nos pères de l’indépendance, pour léguer ainsi aux générations à venir non plus un Congo de pleurs et de larmes, de divisions et de guerres, mais un pays prospère, un Congo de paix, de réconciliation, de fraternité. Il y va de la responsabilité de chacun ». (57ème Assemblée plénière de la Cénco).

6. Le CLC demande au peuple congolais de rester mobilisé et de se tenir prêt à répondre à d’autres appels de protestation d’envergure en cas de persistance du kidnapping de la centrale électorale, de prélèvements RAM et de l’insécurité à l’Est du pays.

Fait à Kinshasa, le 22 décembre 2021

Pour le Comité laïc de coordination

Prof Gertrude Ekombe

Prof Justin Okana

Julien Lukengu

Franklin Mbokolo