telechargement

Kinshasa salue les sanctions contre Kigali et les ténors de l’AFC/M23 : une «première étape» qui rassure (Communiqué)

Kinshasa a accueilli favorablement mercredi les sanctions ciblées de l’Union européenne (UE) contre plusieurs responsables rwandais et membres de la coalition rebelle AFC/M23, qualifiant cette décision de «première étape significative » dans la lutte contre «le pillage organisé des ressources minières de la RDC ». Toutefois, Kinshasa exhorte Bruxelles à intensifier sa pression en visant directement le président rwandais Paul Kagame, décrit comme le «commanditaire ultime» de l’instabilité dans l’Est congolais.

Dans un communiqué officiel, le ministère de la Communication et Médias a exprimé sa «satisfaction» face au gel des avoirs et aux interdictions de voyage imposés par l’UE à six individus et trois entités liés au M23. Parmi les sanctionnés figurent des officiers rwandais accusés de soutenir logistiquement les rebelles, ainsi que des réseaux locaux de trafic de minerais.

DES SANCTIONS SALUEES, MAIS JUGEES INSUFFISANTES

«Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo salue les nouvelles sanctions de l’UE contre le M23 et le Rwanda et appelle à des sanctions plus robustes », a déclaré Patrick Muyaya, porte-parole du Gouvernement.

Cependant, Kinshasa estime que l’UE doit «couper l’herbe sous le pied en s’attaquant aux racines du mal». «Tant que Paul Kagame ne sera pas sanctionné personnellement, le Rwanda continuera à déstabiliser notre région en toute impunité », a insisté un conseiller présidentiel sous couvert d’anonymat.

Pour les autorités congolaises, le président rwandais incarne le cœur du problème. Des rapports d’experts de l’ONU, ainsi que des enquêtes journalistiques, ont à plusieurs reprises documenté les liens entre Kigali et le M23, notamment via des livraisons d’armes et un trafic transfrontalier de minerais comme le coltan et l’or.

« Kagame tire les ficelles d’une stratégie visant à asphyxier l’économie congolaise, tout en finançant son régime grâce à nos ressources», a dénoncé un député de la majorité présidentielle.

Si Bruxelles justifie ses sanctions par des « preuves irréfutables d’atteintes aux droits humains et de pillage», certains diplomates européens reconnaissent en off l’embarras que pose un ciblage direct de Kagame. «Le Rwanda reste un partenaire clé dans la région, notamment pour la gestion des migrations. Sanctionner son président serait un tremplin géopolitique risqué», confie une source européenne à Bruxelles.

Pourtant, la RDC martèle que la crédibilité de l’UE est en jeu. «Comment Bruxelles peut-elle prétendre défendre les droits humains tout en ménageant Kagame ? », interroge un analyste politique.

Au-delà des aspects sécuritaires, cette crise met en lumière la convoitise autour des minerais stratégiques de la RDC, essentiels à la transition énergétique mondiale. Le cobalt et le coltan congolais alimentent les industries technologiques et automobiles européennes, une réalité qui, selon Kinshasa, oblige l’UE à «assumer ses responsabilités».

Dans cette guerre asymétrique, où la diplomatie se heurte aux réalités du capitalisme globalisé, la RDC espère transformer l’essai européen en un véritable sursaut pour sa souveraineté.

1009 32

Hugo Tamusa

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Verified by MonsterInsights