Kongo central : après sa destitution, Atou Matubuana attendu ce vendredi à la Cour de cassation

Gouverneur déchu du Kongo Central Atou Matubuana

Sale temps pour celui qui est désormais l’ancien gouverneur du Kongo central, Atou Matubuana Nkuluki. Après avoir régné en toute illégalité pendant plus de deux ans à la tête de la province du Kongo central, Atou Matubuana a, enfin, rendu le tablier. Il fallait donc attendre l’avènement de Me Daniel Aselo à la vice-Primature de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières pour que le Kongo central retourne dans la légalité.

Atou Matubuana, c’est la Justice qui a pris le relais pour s’occuper de lui, à la suite des indices de détournement de deniers publics mis à sa charge par l’Inspection générale des finances.

Selon les dernières révélations de l’IGF, ce sont des millions de dollars américains que l’ancien gouverneur du Kongo central doit justifier. D’ores et déjà, son directeur de cabinet et le comptable principal du gouvernorat du Kongo central ont été arrêtés et transférés à Kinshasa.

Pour Atou Matubuana, remplacé, depuis mercredi, au poste de gouverneur du Kongo par son vice, Justin Luemba, c’est à la Cour de cassation que celui qui régnait en maître dans le Kongo Central doit présenter ses moyens de défense.

A ce titre, une première convocation lui a été lancée par l’avocat-général près la Cour de cassation, Pungwe Nemba, l’invitant à se présenter ce vendredi 10 septembre 2021 «pour y être entendu sur des faits lui imputés».

Pour le moment, on ne sait pas exactement où se trouve le gouverneur déchu du Kongo central. Déjà, mercredi, il n’était présent à Matadi, chef-lieu de la province, à la cérémonie de remise et reprise. Se serait-il évanoui dans la nature ? Se trouverait-il déjà à Kinshasa ? Difficile à dire.

Le plus évident est que, dans le Kongo central, la page Atou Matubuana est définitivement tournée.

En attendant les prochanes élections de gouverneurs de province, c’est Justin Luemba qui gère cette province.

Il y a cependant des questions qui taraudent encore les esprits. Comment Atou Matubuana a tenu, en toute illégalité et pendant plus de deux ans, à la tête de la province ? Qui le protégeait ? A ce jour, tous les regards sont tournés vers l’ancien VPM de l’Intérieur, Gilbert Kankonde.

« L’ancien VPM Gilbert Kankonde a laissé faire. Il a fermé les yeux à toutes les exactions d’Atou Matubuana, jusqu’à en faire un roitelet dans le Kongo central. Matubuana pouvait tout faire et défier tout le monde tant qu’il se savait protéger à Kinshasa. C’est le VPM Daniel Aselo qui a brisé ce lien, jusqu’à précipiter son départ de la tête de la province du Kongo Central. Pour cette province, c’est un nouveau départ », a dit à Econews un notable du Kongo central.

Les charges retenues

Pour rappel, l’IGF a décelé des malversations financières à l’issue de sa mission de contrôle dans la province du Kongo central et a saisi la justice quant à ce.

Dans sa note, l’officier de police judiciaire de l’IGF, attribuait un détournement de fonds de l’ordre de 6.116.626.205 FC, soit 3.058.313 Usd, au taux de change moyen de 2.000 FC le dollar US, au gouverneur Atou Matubuana Nkuluki, laquelle somme a été décaissée, selon l’IGF, sans pièces justificatives, dans différentes rubriques, dont le fonds spécial d’intervention (3.352.845.950 FC), interventions économiques, sociales, scientifiques et culturelles (580.065.000 FC), interventions pour catastrophes naturelles et accidents (123.050.000 FC), frais de ménage (657.000.000 FC) et frais de fonctionnement (1.403.665.255 FC).

Outre ce montant, l’IGF accusait également le chef de l’exécutif du Kongo centrald’avoir, à travers ses collaborateurs, dont le directeur de cabinet Claude Nzeza zi Ngeti, son secrétaire particulier, Pathy Samba Tanu-emino, et son assistant, Kheme Fuka Unzola, détourné 11.356.296.500,00, soit 5.678.148 Usd sortis de la caisse du bureau comptable pour un « prétendus frais secrets de recherche sans un quelconque soubassement ; ces fonds ayant pris une destination autre que celle de véritables bénéficiaires qui sont les services civils et militaires de sécurité et de justice ».

Pour l’IGF, les précités, ayant agi en corréité avec le gouverneur de province, étaient co-auteurs et devaient être poursuivis de la même incrimination que l’auteur principal.

« En ce qui concerne, Monsieur Atou Matubuana Nkuluki, gouverneur de province du Kongo central, impliqué aussi comme auteur principal et sur qui pèsent des charges de détournement des deniers publics l’instruction se fera à votre niveau, compte tenu de sa qualité », expliquait Jules Alingete, le patron de l’IGF, dans la lettre adressée au procureur général près la Cour de cassation.

Le comptable public principal du Kongo central, Jean-Willy Mafuala N’sila, a aussi été mis à la disposition de la justice. Il « n’a pas pu justifier par des pièces constituant un soubassement probant les fonds sortis des comptes bancaires dont le montant de FC 2.265.094.146,00.

A ce montant, il y a lieu d’ajouter à sa charge le montant de FC 399.254.181 comptabilisé sans bon de paiement ni pièces justificatives ; ce qui porte le montant global à sa charge à FC 2.664.348.327,00 soit 1.332.174 Usd ».

L’IGF a mené ses enquêtes au mois de mai et juin dernier à Matadi. Le gouvernement provincial, l’Assemblée provinciale et la Direction générale des recettes du Kongo Central (DGRKC) ont été ciblés dans ce contrôle. Les incriminés ont été conviés à Kinshasa pour confrontation. L’IGF affirme qu’il y a des aveux lors de l’audition du comptable public principal.

Econews