La chanson « Nini tosali te » du groupe de rap, MPR (Musique populaire de la révolution), a été interdite de diffusion sur toutes les télévisions et radios émettant en République Démocratique du Congo. Ainsi en a décidé la Commission nationale de censure des chansons et des spectacles, dans un communiqué signé, le 9 novembre 2021, par l’avocat général près la Conseil d’État. Dans la foulée de cette décision, un autre artiste musicien, Bob Elvis, a également vu l’une des chansons, qui remet apparemment en cause la gouvernance actuelle, être interdite de diffusion sur toute l’étendue de la RDC.
Dans l’opinion publique, c’est le désarroi. La décision de la Commission de censure ne fait pas l’unanimité.
Est-ce déjà le recul de la démocratie ou de l’Etat de droit tant vanté par le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo ? A cette question, les avis sont partagés.
Qu’est-ce qu’on reproche finalement à la chanson « Nini Tosali te » ?
La commission de censure motive sa décision pour n’avoir pas été saisie au préalable avant la diffusion du clip qui accompagne la chanson, comme l’exige la loi. Soit !
Est-ce pour avoir dit tout haut ce qui se dit tout bas que cette chanson se voit interdite de diffusion ? Est-ce donc le thème exploité par cette jeunesse qui a indisposé le pouvoir en place ? Des questions qui intriguent.
Toujours est-il que, depuis Bruxelles, le porte-parole du Chef de l’Etat et le porte-parole du Gouvernement ont unanimement salué la clairvoyance de ces jeunes de MPR qui ont repris dans leur œuvre artistique ce quepense » Monsieur et Madame tout le monde « .
La déclaration est du porte-parole du Président de la République.
C’est à ne rien comprendre. C’est comme si la RDC a fait un bond en arrière sur le plan de la démocratie. Pourquoi ne pas le prendre ainsi lorsque deux chansons qui interpellent tous les dirigeants sont interdites de diffusion en public. Une bourde de plus qui risque de révéler l’autre face du régime du Président Tshisekedi.
Comment faire encore confiance au fils de l’opposant historique Étienne Tshisekedi ? Pourquoi laisser faire une telle entorse et croire que l’opinion tant nationale qu’internationale allait applaudir ? Quelle mouche a donc piqué la Commission de censure ? En cette époque de nouvelles technologies de l’information et de la communication, fallait-il censurer des chansons qui étalent les faiblesses des gouvernants qui promettent sans réaliser ?
Ne ternissez pas le mandat du Chef de l’Etat ? N’en faites pas un tortionnaire de la démocratie ? N’étouffez pas non plus l’immense talent de ces jeunes qui ont choisi la musique pour ruminer leur colère face à un État qui les a laissés au bord de la route.
Econews