Irrévérencieux. Indélicat. Atermoiements. Faux-fuyants. Autant de termes que l’on ne s’attendrait pas à lire dans une correspondance émanant d’un ministère des Affaires étrangères; mais quand en face l’on s’amuse et s’emploie à pousser loin le bouchon, alors le chef de la diplomatie sort de ses gonds et remet le diplomate – ou le fonctionnaire – à sa place. Celle qu’il n’aurait jamais dû quitter.
Le 1er septembre 2023, le gouvernement de la république adresse une correspondance au président du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il y est clairement indiqué que Kinshasa souhaiterait que conformément à la Résolution 222 du 2018, la force onusienne devrait amorcer son désengagement du territoire congolais où elle est présente depuis bientôt 24 ans. Ce à quoi les responsables n’ont jamais trouvé à redire.
Mme Bintou Keita elle-même, Cheffe de la Monusco, faisant chorus avec le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, reconnaissait que la force onusienne n’était pas équipée autant que les rebelles du M23 appuyés par le Rwanda, rendant dès cet instant la Monusco inutile et sa présence en territoire congolais superflue. Or, au cours de sa conférence de presse de ce mercredi 6 septembre, voilà que le Directeur des Affaires politiques de la Monusco, François Grignon, s’autorise à répondre en lieu et place des plus hautes autorités de l’ONU auxquelles était adressée la correspondance.
Evoquant le retrait sollicité en fin d’année, il estime que le départ «précipité» des militaires onusiens créerait «un vide sécuritaire» en Ituri et au Nord-Kivu, dont les populations laissées à la merci des groupes armés paieraient un lourd tribut ! Comme si au cours d’un quart de siècle de présence les casques bleus ont protégé les civils selon leur mandat.
Et c’est ici que le sang du chef de la diplomatie congolaise ne fit qu’un tour. Dans une réaction musclée, Christophe Lutundula rappelle et note que « Certes, le retrait ne doit pas être précipité, mais ne doit pas non plus être retardé, ni gêné par des atermoiements ou faux-fuyants ».
Rester à tout prix « se serait défier le peuple congolais et ses dirigeants et vouloir pervertir la Monusco qui risquerait d’être perçue comme une force de maintien de l’insécurité et de l’agression de la RDC par le Rwanda, au lieu de contribuer à sa stabilisation».
On ne peut être plus clair.
La MONUSCO qui freine des quatre fers fait curieusement penser à la résistance de l’ambassadeur et des militaires français au Niger enclins à prendre racine dans un pays où personne ne veut plus d’eux.
Econews