Le 27 juin 2025, Kinshasa célébrait l’accord de Washington comme une victoire diplomatique sans précédent. Félix Tshisekedi, présenté comme le héros du jour, était salué pour avoir mis fin, en une seule journée, à l’un des conflits les plus longs et meurtriers de notre époque. L’euphorie était totale, l’enthousiasme presque messianique.
Mais depuis, plus rien ! Aucun bilan, aucun comité de suivi, aucun retrait du M23, aucun investissement américain massif… Le silence est devenu la seule réponse officielle. Et ce contraste dérange.
Dans une tribune incisive, nous avons qualifié ledit accord de «rideau de fumée», dénonçant une opération de communication dissimulant des concessions périlleuses et une absence flagrante de justice pour les victimes. Aujourd’hui, les faits et le temps semblent nous donner raison.
Sur les trente engagements contenus dans l’accord, moins d’un tiers ont été amorcés. Le M23 demeure sur le terrain — pire encore, il prospère et progresse. Les groupes armés n’ont pas été désarmés; ils continuent de massacrer des populations innocentes en toute impunité. Face à ce constat, la société civile s’interroge : assiste-t-on à une paix réelle ou à une illusion diplomatique savamment orchestrée?
Tshisekedi, plébiscité comme artisan de la paix, se retrouve désormais face à un dilemme : comment transformer une victoire symbolique en paix concrète, sans trahir les attentes populaires ni compromettre la souveraineté nationale? Quelle nouvelle promesse adresser à un peuple encore porté par l’euphorie, en lieu et place de celle d’une paix retrouvée et des investissements américains censés créer de bons emplois et amorcer la prospérité du pays?
L’accord de Washington n’est peut-être pas mort, mais il demeure suspendu dans une zone grise, entre espoir et scepticisme. Pour notre part, nous réitérons notre position : cet accord n’en est pas un. Il s’apparente davantage à un tas de papiers, voués — pour celles et ceux qui connaissent les us et coutumes de Kinshasa — à l’emballage de cacahuètes. L’histoire, elle, dira s’il s’agissait d’un tournant… ou d’un mirage.
Me Kiba Typo Guy-Patrick
Avocat, expert en contentieux internationaux des droits humains
Président de « ALL4RIGHTS» (Association internationale de droit belge) & de La Voix Sans Bouche – La Dignité Humaine (ONGDH de droit congolais).