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Lâché par Ndayishimiye, Tshisekedi se tourne vers Lourenço

Dans un contexte régional marqué par de vives tensions, le Président de la République, Félix Tshisekedi, s’est rendu discrètement mardi à Luanda pour une réunion de travail avec son homologue angolais João Lourenço. Ce déplacement intervient alors que la République Démocratique du Congo (RDC) voit le retrait des troupes burundaises et que le processus de médiation de Luanda se retrouver sans chef de file. Tandis que Denis Sassou N’Guesso propose sa médiation, l’Angola semble vouloir encore jouer un rôle clé dans la gestion de la crise sécuritaire persistante dans l’Est de la RDC.

Le Président de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a effectué mardi un voyage discret à Luanda, en Angola. Une « réunion de travail » a eu lieu en fin de matinée au palais présidentiel de la capitale angolaise avec son homologue, João Lourenço. Si les autorités angolaises sont restées évasives quant aux sujets abordés lors de cette rencontre, plusieurs indices permettent d’en deviner l’enjeu crucial.

Ce déplacement intervient dans un climat de fortes tensions régionales. La décision récente du président burundais, Évariste Ndayishimiye, de retirer les troupes burundaises déployées en RDC a été perçue comme un coup dur pour Kinshasa.

Le Burundi était jusqu’ici un allié de poids pour Tshisekedi dans la région.

Ce retrait intervient alors que le bureau des droits de l’homme de l’Onu a accusé les rebelles du M23 d’avoir exécuté des enfants dans l’Est de la RDC où il s’est emparé des deux plus grandes villes de la région.

«Les troupes burundaises se retirent de la République Démocratique du Congo. Un certain nombre de camions remplis de militaires sont arrivés dans le pays depuis hier (Ndlr : lundi 17 février)» par un poste frontière, rapporte Reuters, citant un officier de l’armée du Burundi.

Deux sources de l’Onu et un diplomate africain ont également fait état de mouvements de soldats, note la source.

«Le désengagement des forces burundaises dans le Sud-Kivu, donne un boulevard à la rébellion de foncer sur Kalemie, chef-lieu province du Tanganyika», a commenté un expert en sécurité militaire, cité par le journaliste Steve Wembi sur X.

Parallèlement, le président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou N’Guesso, très proche du dirigeant rwandais Paul Kagame, s’est proposé comme médiateur dans le cadre du processus de Luanda. Une initiative qui suscite des interrogations quant à l’avenir des négociations de paix dans la région.

Outre ces enjeux militaires et diplomatiques, la situation économique et humanitaire dans l’Est de la RDC continue de se dégrader. Des centaines de milliers de civils sont déplacés en raison des combats entre les forces armées congolaises et divers groupes rebelles, notamment le M23. La communauté internationale, y compris les Nations Unies et l’Union africaine, tente d’apporter une assistance humanitaire, mais la stabilisation de la région semble encore lointaine.

LES ENJEUX DE LA RENCONTRE TSHISEKEDILOURENÇO

Selon le ministre angolais des Affaires étrangères, Tété António, les discussions entre les deux chefs d’État ont porté sur l’évolution de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, un sujet qui avait déjà été abordé lors des récentes réunions à Addis-Abeba et Dar es-Salaam. Cette rencontre intervient dans un contexte où la question des mesures à prendre pour répondre à l’instabilité croissante de la région est devenue une priorité.

L’absence actuelle d’un médiateur officiel dans le cadre du processus de Luanda pourrait être un point central de ces discussions. Avec le retrait du Kenya de ce rôle et les tensions persistantes entre la RDC et le Rwanda, la diplomatie se retrouve presque au point mort L’Angola, qui a déjà joué un rôle clé dans les pourparlers de paix par le passé, pourrait ainsi se voir confier une autre mission plus large pour rétablir le dialogue entre les parties prenantes du conflit. Quelle sera cependant sa nature ? Dans quel cadre l’Angola pourrait-il intervenir dans la crise de l’Est de la RDC ? Autant de questions qui ont sans doute alimenté les échanges mardi à Luanda entre les deux chefs d’Etat.

Pour l’instant cependant, l’urgence est de trouver un remplaçant à la médiation qu’est menée jusqu’alors Joao Lourenço.

Sur ce point précis, Kinshasa tient à avoir un mot à dire sur le prochain successeur de Joao Lourenço.

UNE DIPLOMATIE SOUS CONTRAINTE

La visite de Tshisekedi à Luanda traduit ainsi une nécessité pour la RDC de réorganiser ses alliances et de préserver un équilibre fragile dans la région.

Face à la montée des incertitudes, Kinshasa devra compter sur des partenaires solides pour maintenir sa souveraineté et stabiliser l’Est du pays, en proie à des violences récurrentes.

Par ailleurs, l’Angola, de par sa position stratégique et son influence grandissante sur les dossiers régionaux, pourrait jouer un rôle encore plus actif dans la désescalade des tensions entre la RDC et le Rwanda. En plus des enjeux militaires, des discussions pourraient également porter sur des aspects économiques, notamment le renforcement de la coopération bilatérale dans les domaines énergétiques et infrastructurels.

Alors que les tractations diplomatiques se poursuivent, la communauté internationale observe de près ces manœuvres, qui pourraient redessiner les rapports de force en Afrique centrale.

Les prochains mois s’annoncent décisifs pour la stabilité de la région, et les résultats de cette visite à Luanda pourraient marquer un tournant dans la gestion de la crise congolaise.

ECONEWS

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