On ne gagne pas à tous les coups. Cet aphorisme immuable, le président du sénat l’a expérimenté à ses dépens le vendredi 27 mai à l’hémicycle. L’image d’un Bahati Lukwebo quittant la salle des congrès, protégé par le bouclier de sa garde et sous les huées des députés chauffés à blanc, restera dans les mémoires. Il venait de perdre son combat mano a mano contre son collègue de la chambre basse dans la désignation du juge constitutionnel en remplacement de feu Mongulu T’Apangane.
Après avoir réussi à bloquer la tenue du Congrès le lundi précédent, grâce à la rétention de la décision convoquant cette grand-messe parlementaire, c’est d’un pas résolu qu’il s’est finalement résolu à affronter son collègue de la chambre basse qui, de son côté, avait déjà aligné son challenger. Avec une idée diabolique derrière la tête : s’en remettre à l’arbitrage du chef de l’Etat. Tout en étant conscient que ce faisant, il poussait Félix Tshi-sekedi à la faute.
Mal lui en a pris. Les députés de la Majorité, dans une unanimité suspecte d’un groupe obéissant à un mot d’ordre péremptoire, se sont levés comme un seul homme pour dénoncer ce qui, à leurs yeux, s’apparentait à une innommable imposture. La suite, une cacophonie sans nom, suivie de la sortie peu honorable (sans mauvais jeu de mots) du président du Sénat.
Il y a une leçon à tirer après la conclusion du bras-de-fer entre Christophe Mboso et Modeste Bahati. Les deux, en vrais requins, et se prévalant d’être, l’un et l’autre les chouchous du Président de la République, ont fini par avoir des dents trop longues, entrevoyant un avenir personnel dans l’après Union sacrée de la Nation. Si Bahati semble aujourd’hui en ballotage défavorable, Mboso aurait tort de pavoiser. Tant, dit-on, la vengeance est un plat qui se mange froid.
A trop arroser, on risque d’être soi-même arrosé. Le premier cercle autour du chef de l’Etat, constitué de partisans hyper-radicalisés, observe et attend une occasion de provoquer la chute en tandem des deux personnages devenus de plus en plus encombrants à 18 mois de la présidentielle de 2023. Pour peu que le locataire du palais de la Nation leur prête une oreille attentive, et c’en sera fini du cirque au palais du Peuple.
Econews