Selon un rapport de la Fondation Mo Ibrahim, qui milite pour la bonne gouvernance sur le continent, la transition énergétique en Afrique doit reposer à la fois sur les énergies renouvelables et le gaz naturel, combustible fossile le moins polluant.
Le rapport, intitulé « Remédier au déficit énergétique de l’Afrique : changement climatique, énergies renouvelables et gaz », a été publié il y a quelques jours. Il rappelle que 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité et 900 millions brûlent du bois ou du charbon pour faire la cuisine. Par ailleurs, «la hausse de la demande énergétique est inéluctable sur le continent dont la population devrait presque doubler d’ici 2050, et tripler d’ici 2100».
La transition énergétique en Afrique doit donc reposer à la fois sur le gaz naturel, combustible fossile le moyen polluant, et les énergies renouvelables afin de faciliter l’accès généralisé des populations à l’électricité et d’atteindre les objectifs de développement du continent.
Les auteurs du rapport soulignent que les énergies renouvelables représentent un choix stratégique pour combler le déficit énergétique en Afrique. Durant la décennie 2010-2019, les Etats africains ont d’ailleurs investi 47 milliards de dollars dans les énergies propres, soit trois fois plus que le montant engagé au cours de la décennie précédente (2000-2009), en l’occurrence 13,4 milliards de dollars.
Mais le potentiel du continent demeure largement inexploité surtout que cinq des dix pays ayant le plus grand potentiel solaire à l’échelle mondiale se trouvent en Afrique : la Namibie (1er rang mondial), l’Egypte (4e), le Lesotho (8e), la Libye (9e) et le Botswana (10e).
Parallèlement, la mobilisation complète du potentiel éolien au Tchad, en Mauritanie, au Niger et au Mali permettrait de multiplier par plus de 30 la capacité électrique de ces quatre pays.
L’hydro-électrique limité
L’Afrique représente actuellement 17% de la population mondiale mais seulement 6% de l’approvisionnement énergétique mondial. Remédier à ce déficit énergétique, tout en tenant compte de la lutte contre le réchauffement climatique, nécessite donc la mobilisation de ces vastes ressources renouvelables.
Pour le solaire, le continent possède un potentiel énorme mais seulement 1,2% de la capacité mondiale installée. Quant à l’énergie éolienne, son exploitation n’a pas encore démarré sur le continent, à l’exception du Maroc. S’agissant des grands projets hydro-électriques, ils sont désormais limités.
Les énergies renouvelables, par définition fluctuantes, ne peuvent pas, pour autant, fournir à elles-seules l’énergie fiable, nécessaire au développement économique et la généralisation de l’accès à l’électricité en Afrique. «Alors que le continent est appelé à s’industrialiser, des combustibles fossiles sont encore nécessaires pour les industries très énergivores comme les aciéries et la cimenterie»
L’Afrique a besoin du gaz
Ainsi, le continent africain ne peut pas se permettre de tourner entièrement le dos aux combustibles fossiles au stade actuel. «Le gaz naturel peut par ailleurs faciliter l’élimination progressive des combustibles fossiles plus polluants». «L’augmentation de son utilisation dans la production d’électricité permettra aux pays africains d’éliminer progressivement les combustibles les plus polluants tels que le charbon, le diesel, le fioul lourd et la biomasse traditionnelle».
Toujours selon le rapport, l’augmentation de la part du gaz dans le mix énergétique de l’Afrique n’augmentera que marginalement sa part des émissions mondiales de carbone. «Si l’ensemble des pays d’Afrique subsaharienne hors Afrique du Sud triplaient leur consommation d’électricité en utilisant exclusivement du gaz naturel, cela n’ajouterait en effet que 0,6 % aux émissions de carbone à l’échelle mondiale»