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Le cardinal Ambongo redoute l’accord RDC – Rwanda parrainé par Trump : «Assez de fausses solutions»

Le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque métropolitain de Kinshasa, a exprimé son profond scepticisme quant à l’accord de paix signé le 27 juin 2025 entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, sous le parrainage des États-Unis. Depuis le Vatican, où il participe à la rédaction d’un document préparatoire en vue de la COP30, le prélat congolais a vivement critiqué cette initiative, qu’il considère comme une « fausse solution » ne répondant pas aux véritables enjeux de la région.

Dans une déclaration cinglante, le cardinal Ambongo a remis en cause la sincérité du président américain Donald Trump, artisan de cet accord. «Trump a tenté cette solution en Ukraine, ça n’a pas marché. Chez nous, tout le monde a peur de lui. Assez de fausses solutions », a-t-il lancé, avant d’ajouter : « Vous êtes en guerre, la cause, ce sont les minerais. Moi, le grand Trump, j’arrive, je vous réconcilie, et vous me donnez les minerais. »

Pour le cardinal, cette médiation ignore les racines du conflit à l’Est de la RDC, où des millions de civils souffrent de l’insécurité et du manque d’accès aux besoins fondamentaux. « Alors que nos communautés restent privées d’eau potable, on nous propose des accords qui ne règlent rien. La course aux minerais stratégiques est à l’origine de la prolifération des groupes armés », a-t-il déploré.

UN ACCORD QUI PASSE A COTE DES VRAIS PROBLEMES ?

L’accord du 27 juin, dont les détails restent flous, est présenté par ses promoteurs comme une avancée majeure pour la stabilité des Grands Lacs. Mais pour le cardinal Ambongo, il s’agit d’une manœuvre qui sert davantage les intérêts économiques étrangers que ceux des Congolais. «Nous disons, avec ce document [préparatoire à la COP30], que c’en est assez. Assez de décisions prises sans écouter ceux qui vivent dans l’insécurité », a-t-il martelé.

Ses propos reflètent une méfiance croissante d’une partie de la société congolaise envers les initiatives internationales perçues comme imposées de l’extérieur. Alors que Kinshasa et Kigali affirment vouloir tourner la page des tensions, beaucoup redoutent que cet accord ne soit qu’un leurre, masquant mal une mainmise étrangère sur les ressources minières de la RDC.

Quelle alternative pour une paix durable ?

Pour le cardinal Ambongo, une véritable solution doit passer par une approche inclusive, centrée sur les populations locales et la justice socio-économique. «La paix ne se construit pas dans les palaces, mais sur le terrain, avec ceux qui souffrent », a-t-il insisté.

Alors que la région des Grands Lacs reste sous haute tension, ses paroles résonnent comme un avertissement : sans une réelle prise en compte des causes profondes du conflit – exploitation illégale des ressources, ingérence étrangère et marginalisation des communautés –, aucun accord, aussi médiatisé soit-il, ne parviendra à instaurer une paix durable.

La balle est désormais dans le camp des dirigeants congolais et rwandais : choisiront-ils une paix factice ou une véritable réconciliation ?

Hugo Tamusa