Sous la bannière des Nations Unies, les opérations de maintien de la paix continueront à patrouiller en République Démocratique du Congo. C’est le nouveau mandat reçu, le lundi 20 décembre 2021, du Conseil de sécurité des Nations Unies qui a, toutefois, demandé à la MONUSCO (Mission de l’ONU pour la stabilisation en République démocratique du Congo) à ce qu’elle se concentre davantage sur le nord-est du pays, et qu’elle multiplie les engagements conjoints avec les forces congolaises.
Le Conseil de sécurité des Nations Unies a approuvé la prorogation du mandat de la Monusco pour une année supplémentaire. Dans une résolution adoptée vendredi avec 14 voix pour et une abstention (Russie), les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies ont décidé de prolonger le mandat de la Monusco jusqu’au 20 décembre 2022, suivant ainsi la recommandation faite par le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans son dernier rapport sur la République démocratique du Congo.
La prorogation du mandat de l’opération de paix onusienne s’étend également à sa brigade d’intervention «à titre exceptionnel et sans créer de précédent ni aucun préjudice aux principes convenus du maintien de la paix», précise la résolution.
Le plafond des effectifs en uniforme de la Monusco est de 14.000 membres du personnel militaire, 660 observateurs militaires et officiers d’état-major, 591 policiers, et 1.050 membres des unités de police constituées. Un déploiement temporaire d’un maximum de 360 membres d’unités de police constituées est également autorisé à condition qu’ils soient déployés en remplacement du personnel militaire.
Le Conseil de sécurité des Nations Unies invite le secrétariat des Nations Unies à envisager de réduire davantage le niveau de déploiement militaire et les zone d’opérations de la Monusco sur la base d’une évolution positive de la situation sur le terrain, en particulier dans les régions où la menace posée par les groupes armés n’est plus significative.
Les priorités stratégiques de la Monusco dans ce nouveau mandat sont centrées autour de deux objectifs : protéger les civils et appuyer la stabilisation et le renforcement des institutions étatiques en RDC ainsi que les principales réformes en matière de gouvernance et de sécurité. Dans sa résolution, le Conseil réaffirme que la protection des civils doit être prioritaire dans les décisions à prendre sur l’utilisation des capacités et des ressources disponibles.
Le Conseil a exhorté, par ailleurs, la Monusco à travailler avec le bureau de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour les Grands Lacs, Huang Xia, dans la recherche de solutions politiques pouvant mettre fin aux flux transfrontaliers de combattants armés, d’armes et de minerais issus de conflits qui menacent la paix et la stabilité en RDC.
Le texte de la résolution souligne également la nécessité de transférer progressivement les tâches de la Monusco au Gouvernement de la RDC, à l’équipe de pays des Nations Unies et à d’autres parties prenantes concernées afin de permettre la «sortie responsable et soutenable» de l’opération de paix.
Prévenir une nouvelle crise majeure et déstabilisatrice
L’on se rappelle qu’en novembre dernier, le sénateur français Pierre Laurent avait attiré l’attention du ministre français de l’Europe et des affaires étrangères, Yves Le Drian, sur la situation en RDC.
«Ce pays est l’un des plus pauvres du monde alors qu’il regorge de richesses de toutes sortes. Par ailleurs, depuis vingt-cinq ans, des atrocités se déroulent notamment dans l’Est de ce pays dans ce qu’il est convenu d’appeler les deux guerres du Congo, qui sont en fait des guerres de pillage au bénéfice, en dernier ressort, de multinationales qui passent notamment par des pays voisins. Les conséquences de ces guerres ont fait des millions de victimes faisant de ce conflit au Congo sans doute le plus meurtrier depuis la seconde guerre mondiale», avait indiqué le sénateur. Et de souligner : «Ces atrocités sont documentées chaque année depuis 2003 par un groupe d’experts de l’Organisation des Nations unies (ONU), qui fait également état des multinationales qui y sont impliquées, ainsi que dans le rapport Mapping publié en octobre 2010. Le rapport Mapping, commandé par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, recensait de nombreux crimes de guerre, crimes contre l’humanité et de possibles génocides commis entre 1993 et 2003 en RDC et recommande des poursuites à ce sujet ».
Au regard des tensions qui ont entouré la désignation de nouveaux membres de la Céni (Commission électorale nationale indépendante), Pierre Laurent ne cachait pas ses inquiétudes : « Si les leçons de 2018 ne sont pas tirées et que des mesures ne sont pas rapidement prises pour apaiser les tensions et renforcer la confiance de la population, le pays se dirige vers une nouvelle crise majeure et déstabilisatrice ».
Econews avec Le Point Afrique