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Le cri d’alarme de Jérôme Sekana : « Généraliser le SMIG, c’est tuer le secteur agricole local »

Alors que le SMIG (Salaire minimum interprofessionnel garanti) se généralise pour protéger les travailleurs congolais, son application uniforme dans l’agriculture suscite des craintes. Jérôme Sekana, coordonnateur de l’ONG Toile d’araignée, tire la sonnette d’alarme : imposer ce modèle au secteur agricole risquerait de l’étouffer. Lors d’un échange avec la presse à Kinshasa, il a plaidé pour un Salaire minimum agricole garanti (SMAG), mieux adapté aux réalités du terrain. « Avec 80 millions d’hectares de terres sous-exploitées, la RDC ne peut pas se permettre de tuer sa poule aux œufs d’or », a-t-il averti, appelant les autorités à revoir leur approche.

Alors que l’instauration du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) vise à protéger les travailleurs congolais, sa généralisation à tous les secteurs, notamment l’agriculture, représenterait une menace pour l’économie nationale. C’est l’avertissement lancé par Jérôme Sekana, coordonnateur de l’ONG « Toile d’araignée », ce samedi à Kinshasa, lors d’un échange avec la presse.

Dans son plaidoyer pour l’autosuffisance alimentaire, Jérôme Sekana a centré son exposé autour d’une interrogation : « La revanche du sol sur le sous-sol, prônée par le Président de la République est-elle un mythe ou une réalité, un impératif social ou une priorité économique ? »

Plutôt que d’appliquer le SMIG de manière uniforme, l’expert plaide pour la création d’un Salaire minimum agricole garanti (SMAG), adapté aux réalités du secteur agricole. « Le secteur agricole a ses spécificités. On ne peut pas le gérer comme le commerce ou les services », a-t-il martelé.

Avec ses 80 millions d’hectares de terres arables encore sous-exploitées, la République démocratique du Congo (RDC) a un potentiel agricole immense. Mais selon Sekana, imposer un SMIG standardisé pourrait étouffer cette filière en pleine expansion.

« Notre agriculture a besoin d’un SMAG plutôt qu’un SMIG pour assurer sa croissance. C’est le message que je lance à nos autorités : ressaisissez-vous ! Ne tuez pas le secteur agricole, cette poule aux œufs d’or », a-t-il insisté.

Un appel à la différenciation salariale

Pour Sekana, le SMIG, bien que nécessaire dans d’autres domaines, n’est pas viable pour l’agriculture, où les marges sont souvent plus faibles et les saisons imprévisibles. Un salaire minimum adapté permettrait, selon lui, de soutenir les petits exploitants tout en évitant une hausse des coûts qui pourrait rendre les produits locaux moins compétitifs.

Son plaidoyer rejoint les préoccupations de nombreux acteurs du secteur, qui craignent qu’une mesure trop rigide ne décourage les investissements et ne freine la modernisation de l’agriculture congolaise.

Les autorités seront-elles à l’écoute ? La balle est désormais dans leur camp.

En République Démocratique du Congo (RDC), par décret conjoint de Mme la Première ministre, le SMIG a été récemment revalorisé. Il est désormais fixé à 21.500 Francs congolais (FC) à partir de la paie du mois de janvier 2026,

Juridiquement, le nouveau décret a abrogé toutes les dispositions antérieures, notamment le Décret n°18/017 du 22 mai 2018 qui fixait précédemment le cadre du salaire minimum Congo, des allocations familiales et de la contre-valeur du logement. Ce changement réglementaire majeur applique le principe de « tension salariale » pour ajuster le SMIG aux réalités économiques actuelles.

Le SMAG est par contre le salaire minimum pour les travailleurs agricoles, et son montant varie selon les pays et les époques. Ce que préconise Jérôme Sekana pour sauver un secteur agricole en pleine expansion.

A cet effet, il invite le Gouvernement à « instaurer un Dialogue permanent et efficient avec les producteurs agricoles » et à « consulter la corporation des entreprises agro-pastorales et agro-industrielles pour examiner cette problématique dans toutes ses facettes et trouver ensemble des solutions idoines ». Pour éviter de créer une psychose ravageuse dans le secteur agricole par le fait d’une généralisation du SMIG, Jérôme Sekana appelle, par ailleurs, le Gouvernement à « accorder un moratoire et prendre des mesures transitoires en faveur des entreprises des secteurs susvisés afin de leur permettre d’appliquer un SMIG réaliste et adapté aux entreprises exploitant dans les zones rurales ». Il s’agit pour l’Etat congolais, pense-t-il, « d’implémenter une nouvelle politique agricole qui prend en charge le paysannat, l’agro-pastoral et l’agro-industriel. Une politique adaptée à la vision du Chef de l’Etat : ‘La revanche du sol sur le sous-sol’ ».

Econews

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