Le Groupe Bolloré, le géant français de la logistique, bien implanté en Afrique, étudierait la possibilité de céder certaines de ses activités en Afrique. Fuite orchestrée pour faire monter les enchères en vue de la succession? Vincent Bolloré, 69 ans, 14ème fortune de France, aurait, selon Le Monde, mandaté la banque Morgan Stanley pour sonder d’éventuels acheteurs de ses activités africaines (11 % du chiffre d’affaires du groupe).
Le groupe diversifié Bolloré a chargé une banque d’affaires d’étudier la cession de son activité historique de logistique en Afrique, a indiqué vendredi le journal Le Monde.
C’est une opération qui se chiffrerait en milliards d’euros. Le groupe Bolloré envisagerait de céder ses activités de concessions portuaires et ferroviaires en Afrique, selon «Le Monde». «La banque d’affaires Morgan Stanley a été chargée de sonder discrètement l’intérêt des acquéreurs potentiels, notamment les grands noms du transport maritime», dont l’armateur français CMA/CGM et le danois Maersk qui étudieraient le dossier, écrit le quotidien.
La branche Bolloré Africa Logistics est présente dans plus de vingt pays sur le continent africain, notamment à travers un réseau de seize concessions portuaires, des entrepôts et des hubs routiers et ferroviaires. Elle a enregistré un chiffre d’affaires de 2,1 milliards d’euros en 2020 – sur les 7,7 milliards de l’ensemble de la branche Transport et Logistique du groupe – et emploie plus de 20.000 personnes. Elle serait valorisée entre 2 et 3 milliards d’euros, précise «Le Monde».
Selon «Le Monde», «la banque d’affaires Morgan Stanley a été chargée de sonder discrètement l’intérêt des acquéreurs potentiels, notamment les grands noms du transport maritime», dont l’armateur français CMA CGM et le danois Maersk qui étudieraient le dossier.
Silence radio dans le Groupe
Mais le Groupe Bolloré indique qu’il ne «commente pas les rumeurs de presse concernant ses activités de transport et de logistique», dans un communiqué transmis vendredi.
Contactés par l’AFP, Morgan Stanley, CMA CGM et Maersk n’ont pas confirmé l’information. Ces deux derniers se disent cependant attentifs aux opportunités de marché.
Il est «vraisemblable qu’il (le groupe Bolloré) évalue la valeur» de son activité logistique, sans que cela aboutisse forcément sur une cession, a commenté auprès de l’AFP une source au fait du dossier.
Cette revue d’actifs est cependant «une surprise» pour la banque Oddo BHF, car elle «n’a jamais été évoquée par la direction jusqu’à présent. Elle serait toutefois logique au regard des capitaux grandissants nécessaires pour cette activité», selon une note d’analyste.
Le titre Bolloré progressait, vendredi dernier, d’environ 2% à la Bourse de Paris, à 5,18 euros, dans un marché stable.
Plus rentable que la logistique internationale de Bolloré, la branche de logistique africaine reste plus petite en chiffre d’affaires, avec 2,1 milliards d’euros réalisés en 2020. Elle emploie plus de 20.000 personnes, selon le groupe. Si l’opération avait lieu, le conglomérat conserverait également une activité de distribution pétrolière, des systèmes de stockage d’électricité, et des participations financières, dont le contrôle du groupe de communication Vivendi, également présent en Afrique via ses filiales Havas et Canal+.
Le groupe pourrait utiliser le produit de la vente pour accroître sa part de marché dans la logistique mondiale (il est aujourd’hui neuvième), ou «poursuivre la simplification de ses structures et notamment procéder à un rachat d’actions», au bénéfice de la Compagnie de l’Odet (la holding de la famille Bolloré), avance Oddo BHF.
Bien avant les médias, la logistique et l’Afrique ont fait la fortune de l’industriel Vincent Bolloré, qui a pris en 1986 le contrôle de la SCAC (Société Commerciale d’Affrètement et de Combustible) au moment de sa privatisation. Le groupe français s’est ensuite développé sur le continent, s’appuyant sur ses relations avec les dirigeants politiques et incarnant pour certains l’image de la Françafrique néocoloniale.
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Accusé par la justice française d’avoir apporté son aide à des campagnes électorales en échange de l’attribution de concessions portuaires au Togo et en Guinée (Conakry), le Groupe a accepté en début d’année une convention comprenant une amende de 12 millions d’euros et une surveillance par l’Agence française anti-corruption. La juge avait cependant refusé d’homologuer la reconnaissance préalable de culpabilité acceptée par Vincent Bolloré (qui a laissé en 2019 les manettes du groupe à son fils Cyrille) et deux autres responsables. Leur dossier a été renvoyé à l’instruction.
Après la logistique, Vincent Bolloré se passionne aujourd’hui pour les médias. Déjà actionnaire principal de Vivendi (Canal +, CNews…), il vient de prendre le contrôle du groupe Lagardère (Europe 1, Le Journal du dimanche…), après avoir cédé partiellement sa pépite Universal Music.
Les activités africaines de Bolloré, si elles étaient mises en vente, ne manqueraient pas d’acheteurs, tels DP World ou le géant danois Maersk, partenaire de Bolloré dans plusieurs ports. Mais CMA/CGM, à la fois premier client et premier fournisseur de Bolloré en Afrique, est bien placé. L’armateur marseillais, très bien introduit à l’Élysée et disposant d’une trésorerie abondante, pourrait être le pivot d’une consolidation des intérêts français dans la logistique, dont la crise Covid a montré le caractère stratégique.
Econews avec La Libre Belgique