Sur le terrain des opérations, l’état de siège porte déjà ses fruits. Devant la presse, le général-major Richard Kasonga, porte-parole des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), s’est félicité de la percée des opérations militaires lancées dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Même s’il persiste encore quelques poches de résistance, le général Kasonga se dit confiant, convaincu que les soubresauts qu’on enregistre ça et là sont juste le reflet d’un «ennemi aux abois».
Le ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, le général-major Léon-Richard Kasonga, porte-parole des FARDC, et le commissaire supérieur principal et porte-parole de la Police nationale congolaise (PNC), Pierrot Mwana-mputu, ont fait dernièrement le point des opérations militaires qui accompagnent l’état de siège décrété dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu.
Le mal étant profond, le Gouvernement continue à afficher sa détermination à pacifier cette partie du territoire national. «La sécurité est une situation qui tient tous les autres éléments à l’État. Si nous réussissons à rétablir la sécurité dans cette partie du territoire, nous serons en mesure de nous attaquer à d’autres questions subsidiaires», a dit, à ce propos, Patrick Muyaya, porte-parole du Gouvernement, avant de préciser que «l’état de siège apporte une thérapie de choc sur l’aspect sécurité ».
Dans les rangs des FARDC, le moral est au zénith pour mettre l’ennemi hors d’état de nuire. S’il persiste encore quelques cas isolés des tueries, le général Kasonga se montre confiant : «Ce que vous voyez, ce sont les soubresauts d’un ennemi aux abois(…) Parfois, l’ennemi se fond dans la population. Les grandes opérations menées sur le terrain ont mis en déroute l’ennemi et dans sa fuite, il continue de semer terreur et désolation ».
Des indices qui rassurent
Certes, il y a une guerre asymétrique qui est imposée aux forces loyalistes, les FARDC, autant la Police nationale congolaise, sont toujours aux aguets.
«Depuis le début des opérations, aucun ennemi visible ne fait ouvertement la guerre aux forces loyalistes. L’ennemi n’a pas la capacité à résister à votre armée. Ni en logistique, ni en personnel. Il a plutôt la capacité de se mouvoir, parfois même, se fondre dans la population pour éviter l’affrontement avec l’armée», a indiqué le général Kasonga.
Un avis que partage Pierrot Mwanamputu de la PNC : «Depuis le déclenchement des opérations jusqu’à ce jour, nous n’avons pas de résistance sur le terrain. Je pèse mes mots en tant que militaire. Pour quelle raison ? Nous n’avons pas un front physique fixe ».
Le général-major Richard Kasonga a annoncé, en même temps, l’existence d’innombrables poches d’insécurité dans les régions sous état de siège. «Les FARDC continuent de mener des opérations de terrain», rassure-t-il. Les derniers actes d’insécurité en date sont les atrocités commises par les groupes armés dans la nuit de samedi 23 à dimanche 24 octobre dernier dans le territoire de Beni, signalées souvent par les organisations de la Société civile.
Ce qui réconforte sa thèse d’un ennemi en débandade. «Nous sommes en face d’un ennemi aux abois, en train de fuir parce qu’il est incapable de se fixer et affronter les forces loyalistes. Dans sa fuite, il tue tout ce qu’il croise, pille et sème la terreur».
Le général Léon Kasonga a partagé avec les hommes de la presse les photos de quelques éléments des groupes armés arrêtés récemment sur le terrain. Il s’agit, entre autres, d’un jordanien qui est entrée en RDC par l’aéroport de Goma, pour enseigner aux terroristes congolais et d’autres comment manipuler les drones et comment fabriquer des bombes artisanales. Tout comme une femme, arrêtée récemment, en provenance de l’Ouganda.
Une autre, nommée Kavira Kavuko, a été interpellée en Ituri ensemble avec son garde du corps qu’elle faisait passer tantôt pour son fils, tantôt pour son mari.
Selon le porte-parole des FARDC, Mme Kavira s’occupait des achats et du ravitaillement des ADF/MNT. Elle est passée aux aveux.
L’état de siège produit ses effets, s’est félicité le ministre Patrick Muyaya, notant une parfaite collaboration entre les FARDC et la PNC. «Lorsque l’armée intervient, c’est contre ceux qui s’en prennent à l’intégrité du territoire national. La police vient s’assurer que l’autorité de l’Etat est rétablie et s’affairer à sécuriser les personnes et leurs biens».
En termes sécuritaires, l’état de siège a été bénéfique pour ces deux provinces meurtries de l’Est de la RDC. «Nous pensons que la sécurité est une situation qui tient tous les autres éléments à l’Etat. Si nous réussissons à rétablir la sécurité, nous serons en mesure de nous attaquer à d’autres questions subsidiaires», a fait observer le porte-parole du Gouvernement. Avant que le général Kasonga ne lui emboîte le pas : «Nous sommes en action. Nous n’allons pas trahir la Nation, nous exécuterons la mission qui nous a été confiée. L’armée nationale va respecter et garantir les droits de l’Homme durant cette période d’état de siège. Nous sommes confiants, sûrs d’accomplir la mission qui nous a été confiée par le gouvernement. Nous demandons à la population de faire confiance aux FARDC ».
Alors qu’un gouvernement provincial règne dans les deux provinces en situation d’état de siège, le général Kasonga circonscrit l’étendue de leur pouvoir. « Leur travail de tous les jours est de traquer les forces négatives à la base de l’insécurité. À la seule différence qu’en plus du travail de terrain, l’armée va également gérer administrativement ces deux provinces jusqu’à ce que cette partie du territoire nationale soit totalement sécurisée».
Patrick Muyaya n’y trouve pas d’inconvénients, rappelant que les gouverneurs militaires vont respecter des droits fondamentaux et travailler dans le respect de la loi et resteront en place jusqu’à la fin de l’état de siège.
Selon les données recueillies par les FARDC, du septembre à mi-octobre de cette année, plus de 622 ennemis neutralisés (tués), 199 capturés, 569 rendus, 1301 armes récupérées, 615 otages libérés et 210 collaborateurs arrêtés.
Au total, trente-quatre agglomérations ont été pacifiées en Ituri, et dix-huit axes routiers réouverts. Au Nord-Kivu, on parle de seize agglomérations pacifiées et trois axes routiers réouverts, sans compter plusieurs bien de la population récupérer aux mains de ces terroristes, tels que des véhicules et des motos.
T. Masiala