Le professeur Kolongele Eberande patron du Conseil national de sécurité (CNS), mène un vague d’interpellations sans précédent, frappant militaires et mandataires publics. Du général Christian Tshiwewe, ex-chef d’état-major des FARDC, à Miguel Kashal Katemb, directeur de l’ARSP, accusé de détournements massifs, les arrestations se multiplient dans un flou inquiétant. Le CNS assure qu’il s’agit d’une « grande purge » pour la sécurité nationale, et non d’une chasse aux sorcières. Mais dans l’ombre, sans charges publiques ni procédures transparentes, une question persiste : jusqu’où ira Kolongele ?
Depuis son arrivée à la tête du Conseil national de sécurité (CNS), le professeur Kolongele Eberande mène une campagne d’interpellations aussi coriace que mystérieuse. Généraux, hauts fonctionnaires, mandataires publics… Personne ne semble à l’abri de ce qui est présenté, dans l’entourage du conseiller spécial du Chef de l’État en matière de sécurité, comme une « grande purge » nécessaire.
Mais derrière les discours sur la sécurité nationale se cachent des méthodes opaques qui soulèvent des questions légitimes : jusqu’où ira cette chasse, et sur quels critères repose-t-elle ?
UNE MACHINE JUDICIAIRE QUI BROIE SANS EXPLIQUER
L’arrestation spectaculaire du général Christian Tshiwewe, ancien chef d’état-major des FARDC, ainsi que celle de ses proches collaborateurs, a marqué les esprits. Pourtant, jusqu’ici, aucune charge précise n’a été rendue publique. Le secret entourant ces dossiers alimente les rumeurs : détention à prison militaire de Ndolo, accusations non divulguées…
Quand l’État agit dans l’ombre, surtout en matière de sécurité, il nourrit autant la méfiance que la peur.
La cible s’étend au-delà des militaires. Miguel Kashal Katemb, directeur général de l’ARSP, connu pour ses sorties médiatiques, est également tombé dans les filets du CNS. Certaines indiscrétions l’accusent de détournement de fonds destinés à la classe moyenne congolaise. Là encore, les preuves ne sont pas exposées au public, alors que l’affaire concerne des millions de dollars US.
Si la lutte contre la corruption est une priorité, elle doit se faire dans la transparence pour éviter tout règlement de comptes politique.
PURGE OU CHASSE AUX SORCIERES ?
Les proches du CNS insistent : il ne s’agit pas d’une chasse aux sorcières, mais d’un nettoyage impitoyable pour assainir les institutions. Pourtant, quand les arrestations se multiplient sans procédures claires, quand les accusations restent floues, le doute s’installe. L’histoire récente de la RDC a montré que les « grandes purges » servent parfois à éliminer des anciens collaborateurs qui fonctionnent en électrons libres plutôt qu’à rétablir l’ordre.
Le professeur Kolongele dispose-t-il d’un mandat sans limites du Président de la République ? Ou agit-il en solo, avec une autonomie qui pourrait devenir gênante ? Difficile à dire.
JUSQU’OU IRA-T-IL ?
La question est sur toutes les lèvres. Si certaines interpellations peuvent se justifier, l’absence de transparence érode la crédibilité de l’opération. Le risque est double : déstabiliser des institutions déjà fragiles et instaurer un climat de méfiance à grande échelle.
Le professeur Kolongele a le devoir de prouver que sa machine judiciaire ne sert pas des intérêts occultes. Sinon, cette «grande purge » ne sera perçue que comme une nouvelle mouture des purges politiques qui ont jalonné l’histoire congolaise – avec les mêmes conséquences : méfiance généralisée et affaiblissement de l’autorité de l’État.
La sécurité nationale a besoin de fermeté, mais aussi de clarté. Sans cela, l’action d’assainissement du CNS pourrait passer outre ses objectifs.
Econews