Les mauvaises habitudes gagnent du terrain dans le secteur du transport en commun. Des éléments de la police nationale congolaise, communément appelés «Ujana», se livrent à des pratiques peu recommandables. Ils sont accusés de plusieurs abus. Tracasserie routières, arrestation arbitraires et tant d’autres. Ce ne sont ni les autorités civiles, encore moins militaires qui sont en mesure de trouver une solution définitive à ce problème.
La population kinoise a cessé de se plaindre, car personne ne prête attention à son cri d’alarme. Le pire risque d’arriver. Quand une population désespérée commence à en avoir marre.
Le transport en commun n’est pas réglementé à Kinshasa. La dernière grille tarifaire du transport en commun date de mars 2018, signé par André Kimbuta, alors gouverneur de la ville de Kinshasa, .
Tout ceci occasionne un désordre qui ne dit pas nom.
Des policiers, communément appelés «Ujana» sont en train de tracasser la population, considérée de terrain de cueillette, en lingala on dirait «bilanga» en se livrant à des pratiques inhumaines, où l’on se sert à volonté.
Tous les jours, tôt le matin, les grands carrefours de la ville de Kinshasa sont envahis par des éléments de la police nationale congolaise pour arracher, généralement sans motif valable, des motos à des jeunes conducteurs qui doivent payer des sommes exorbitants avant de récupérer leurs engins.
Contrairement à leur mission régalienne, qui est celle de sécuriser la population et ses biens, ces policiers «Ujana» agissent sous l’oeil impuissant de leurs supérieurs.
En effet, ce samedi 10 décembre 2022, comme d’habitude, à Pascal, un quartier populaire de Kinshasa considéré de zone rouge, dans le district de Tshangu, les « Ujana » du sous-Ciat/Bahumbu ont inter-pelé un jeune conducteur de moto-taxi pour avoir refusé de leur donner 500 FC.
Une discussion éclate entre le conducteur de moto et les policiers. «Descend de la moto », a intimé un «Ujana » au jeune transporteur à la suite d’une altercation. Le conducteur de motocyclette s’interroge : «Qu’ai-je fait, mokonzi (chef)?». Le Ujana lui demande de «descende de la moto, sinon je tire sur toi ». «Qu’ai-je fait, mokonzi ?», réplique le jeune conducteur.
Avant même de terminer sa phrase, une balle sort de l’arme du policier fauchant la vie à un jeune congolais d’une vingtaine d’années. Ce cas n’est pas isolé. Ci et là, à travers la ville, on déplore le même fait.
Selon des témoins contactés par la rédaction d’Econews, ce sont des policiers de la GMI qui se livrent chaque jour à ces pratiques peu recommandables.
«Les policiers qui sont à la base de ce drame sont de la GMI. Chaque jour, ils arrivent sous le saute-de-mouton de Pascal tôt le matin, pour extorquer les conducteurs de moto-taxi. Celui qui refuse de donner est arrêté sans aucune ménagement et emmené au sous-Ciat», explique un témoin qui requit l’anonymat.
Un autre témoin renseigne que «tous les jours nous sommes victimes des barbaries de ces policiers. On ne sait pas distinguer un policier commis à la régulation de la circulation routière d’un autre qui doit protéger les congolais ».
La même pratique est constatée sur la route poids-lourds. Les mêmes Ujana interpellent les transporteurs. Des sommes allant de 50 à 300 mille francs congolais sont exigées avant de récupérer la moto ou le véhicule saisi.
«On nous arrête parfois pour une infraction fabriquée de toute pièce. Moi-même j’étais victime d’une arrestation avant-hier (Ndlr : jeudi 8 décembre 2022). Je suis allé récupérer ma moto au camp PM, au quartier Bibwa, sur la route menant vers Kinkole. J’ai payé une somme de 100.000 FC avant de récupérer ma moto», déplore un conducteur trouvé sur le lieu avant de préciser que «l’argent qu’ils payent est perçu sans preuve de payement».
C’est le silence des autorités provinciales, civiles et militaires, qui intrigue. Un aveu d’impuissance ou négligence ?
Après la mort de ce jeune Kinois d’une vingtaine d’années, la population en colère a pris pour cible le sous-ciat Bahumbu soupçonné d’être le détachement des policiers auteurs du drame. Selon des témoins, les éléments de ce sous-Ciat sont parmi les éléments bien identifiés qui se livre à ces pratiques, discréditant la Police nationale congolaise.
Il faut signaler que plusieurs biens ont été brulés ou emportés par des jeunes en colère. On compte parmi ces biens, de motos et cassiers de bière et tant d’autres biens de valeur saisis dans les affaires gérées par le sous-Ciat.
Econews