Le Mali a dénoncé, mercredi, la « persistance des actes d’ingérence » de son voisin algérien, qu’il accuse de soutenir des « groupes terroristes ». Bamako demande à Alger de « cesser de faire du Mali un levier de son positionnement international ».
Le ministère malien des Affaires étrangères a de nouveau dénoncé, mercredi 1er janvier, « la proximité et la complicité de l’Algérie avec les groupes terroristes, qui déstabilisent le Mali et à qui elle a offert le gîte et le couvert« .
L’Algérie voisine a été l’ancien pays médiateur pour la paix dans la partie nord du Mali, confrontée à une rébellion touarègue, mais Bamako accuse, dans un communiqué, Alger de soutenir les « groupes terroristes » et pointe « la persistance des actes d’ingérence« .
Le ministère malien des Affaires étrangères affirme « avoir appris par voie de presse les propos » du chef de la diplomatie algérienne Ahmed Attaf, « commentant à nouveau la stratégie malienne de lutte contre le terrorisme« , dans ce communiqué qui ne reproduit pas les propos incriminés, attribués à Ahmed Attaf.
Le ministère « condamne avec la dernière vigueur cette nouvelle ingérence de l’Algérie dans les affaires intérieures du Mali« .
Bamako « rappelle que les options stratégiques pour la lutte contre les groupes armés terroristes, soutenus par des sponsors étatiques étrangers, relèvent exclusivement de la souveraineté du Mali » et de ses voisins burkinabè et nigérien avec qui le Mali a créé une confédération après avoir fait sécession de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), jugée inféodée à la France.
Il invite Alger « à cesser de faire du Mali un levier de son positionnement international« . La junte malienne avait annoncé le 25 janvier 2024 la « fin, avec effet immédiat« , de l’accord de paix d’Alger, signé en 2015 et longtemps considéré comme essentiel pour stabiliser le pays.
Le prolongement d’une série de ruptures
L’accord était déjà considéré comme moribond depuis la reprise en 2023 des hostilités contre l’État central et l’armée malienne par les groupes indépendantistes à dominante touareg du Nord, dans le sillage du retrait de la mission des Nations unies (Minusma), poussée vers la sortie par la junte après 10 années de présence.
Cette décision mettant fin à l’accord s’inscrivait dans le prolongement d’une série de ruptures auxquelles ont procédé les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 à Bamako. Ils ont rompu l’alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens pour se tourner vers la Russie, et ont fait partir la Minusma.
Les groupes à dominante touareg, plusieurs fois soulevés par le passé, avaient repris les armes en 2012 pour l’indépendance ou l’autonomie du Nord. L’insurrection a ouvert la voie à des groupes islamistes radicaux qui ont supplanté les indépendantistes et conquis l’essentiel du Nord, déclenchant une intervention militaire de la France et plongeant le Sahel dans la guerre.
Après la signature de l’accord de 2015, les jihadistes ont continué à combattre l’État sous la bannière d’Al-Qaïda ou de l’organisation État islamique.
Ci-dessous, la mise au point du ministre malien des Affaires étrangères.
Avec France 24
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