Le travail d’un juste paie toujours (Soutien à Charles Onana)

Cher Charles,

Par vos travaux de recherche, dictés par un cœur droit, vous dérangez. Ils veulent vous faire taire. C’est une évidence. Sauf, il est difficile d’abattre un arbre dont les racines sont difficiles à extirper du sol. L’arbre le plus solide : le Ginkgo biloba ou arbre aux mille écus. Votre courage intellectuel, votre capacité à défendre le respect et la considération comme valeurs fondatrices de la civilité et, plus largement de la citoyenneté (africaine), désarçonnent. 

Votre péché, c’est d’avoir dénoncé, sans détour, l’effroyable réalité de la situation dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Vous avez toujours tiré la sonnette d’alarme concernant les massacres, les tortures, les viols…des Congolais dans cette partie du territoire national, sur fond d’exploitation à marche forcée des ressources minières du Congo pour alimenter l’industrie mondiale de l’armement, de la téléphonie et de la transition énergétique, avec la partition du pays en vue. Une histoire cruelle qui se déroule au cœur de l’Afrique. Une tragédie.

Malgré les intimidations, les attaques…vous avez toujours vaillamment défendu la dignité des Congolais. Vous défendez la vérité que l’on doit aux Congolais, la vérité que l’on doit à chaque Congolais. Vous n’avez jamais faibli. Les Congolais sont fiers de vous. Ils vous aiment et respectent pour vos travaux remarquables.

Une faute ? Il n’en est pas une. Pourquoi d’ailleurs parle-t-on de « négation de crime de génocide des Tutsi » et non des Rwandais en général (Les Tutsi, les Hutu et les Twa) ? L’ethnie Tutsi est-elle supérieure aux autres ? Une ethnie des intouchables ? Une aberration.

Contrariés par les pesanteurs de la situation dans le Nord et Sud Kivu, Paul Kagame et ses affidés à l’international vous prennent pour cible. Vous êtes l’homme à abattre : « Taisez-vous, Onana », « Silence, on tue ». Le silence que d’aucuns observent. Un silence complice, condamnable.

Soutenu par des puissances occidentales et les milieux d’affaires anglo-saxons (c’est un secret de polichinelle), Paul Kagame est déterminé pour arriver à ses fins : occuper les terres congolaises et faire main basse sur les ressources minières du Congo. Vous l’avez suffisamment démontré dans vos travaux. Il s’agit des travaux scientifiques et non politiques. Il est bon que cela se sache.

Vous aimez ce que vous faites. Vous y mettez tout votre cœur, votre forte passion de chercheur rompue à la tâche depuis plusieurs années, votre envie d’apporter un plus à vos lecteurs, notamment aux principaux concernés, les Congolais. Ils vous sont infiniment reconnaissants. À cette fin, ils vous soutiennent mordicus. Vous allez sortir de ce guêpier. Car, le travail d’un juste paie toujours.

Et si on vous proposait d’acquérir la nationalité congolaise en guise de reconnaissance pour vos travaux mémorables sur la situation en RDC depuis 1994 ?

« Je crois que le plus cadeau que l’on puisse m’offrir, c’est de se battre pour que le Congo soit libéré. Et une fois que les Congolais seront réellement libres, qu’il n’y aura plus des femmes violées au Congo, et qu’il n’y aura plus des massacres des paisibles citoyens Congolais chez eux, je viendrai à Kinshasa avec plaisir où on pourra faire une très grande fête nationale, et je serai heureux à ce moment-là d’être Congolais », avez-vous répondu dans une interview accordée à EcoNews, dans son édition n°775 du lundi 28 au mardi 29 août 2023. Le désir le plus cher des Congolais est que votre souhait se concrétise dans la réalité.

Si les intellectuels congolais vous prêtent main-forte dans ce procès, qui aura lieu devant le tribunal correctionnel de Paris, les 7, 8, 10 et 11 octobre prochains, qu’en est-il des autorités congolaises ? Cette question mérite d’être posée.

Robert Kongo, France (CP)