Les résultats des législatives nationales du 20 décembre 2023, rendus publics par la CENI (Commission électorale nationale indépendante) dans les petites heures du dimanche 14 janvier, ont pratiquement remodélé la carte politique de la République Démocratique du Congo, donnant plus d’envergure au parti présidentiel, l’UDPS, qui, ensemble avec ses regroupements politiques satellites, devait se retrouver avec plus de 150 sièges. Mais, les dégâts sont plutôt dans les rangs de ceux qui n’ont pas satisfait à l’examen de Denis Kadima. Ils sont nombreux à rejoindre le camp du FCC de Joseph Kabila qui a préféré boycotté les scrutins de décembre 2023. La transition ne sera pas facile pour ceux qui ont pris l’habitude, depuis 2006, d’arpenter les couloirs de l’Hémicycle. Delly Sesanga, Claudel-André Lubaya, Evariste Boshab et bien d’autres devront s’habituer à leur nouveau statut de non élu.
Il y au moins deux constats (des leçons ?) à relever des résultats provisoires des élections législatives du 20 décembre 2023. D’une part, l’arrivée massive ou le retour massif, parfois à la Zorro, d’anciens vieux de la veille, permanents caciques des régimes qui se sont succédé depuis deux décennies, voire plus. Tous, ou presque, ont connu des fortunes diverses. De la case prison pour les uns, aux maquis rebelles pour d’autres; les uns traînant de bruyantes casseroles et d’autres passés maîtres dans l’art de dissimuler des cadavres dans les placards poussiéreux de la République…
Tous cependant ont en commun qu’ils ont eu le génie de rejoindre opportunément la blanchisserie de l’Union sacrée avec force louanges et pas de danse à la gloire du chef. Bien leur en a pris : repêchés par l’hameçon magique de la CENI, ils se préparent d’ores et déjà à d’ultimes batailles pour certains parmi eux déjà au crépuscule de leur longue existence.
Et il y a les autres. Ceux qui, rejoignant les 82 malheureux candidats invalidés pour fraudes diverses, usage indu du matériel électoral, etc., ne rejoindront pas (ou plus) les strapontins de l’hémicycle de Lingwala, du moins pas avant 2028. Parmi ces derniers, l’emblématique gouverneur du Haut-Katanga Jacques Kyabula, ses collègues du Mai-Ndombe, du Tanganyika et du Haut-Lomami. Ils joignent leur triste sort aux artistes, télévan-gélistes qui avaient eu le tort d’imaginer que chanter mieux qu’un rossignol ou prêcher de sulfureuses doctrines religieuses suffisent à ouvrir les portes du Palais du Peuple.
Même si l’espoir demeure, il est bien mince. Appelée à se prononcer un jour sur d’improbables contentieux, la justice reste peinarde : la centrale électorale lui a mâché la besogne en amont, en élaguant les fraudeurs présumés, rendant sans objet toute contestation ultérieure. La Cour aura alors beau jeu de déclarer les requêtes en contestation éventuels recevables mais non fondées.
Dernière ressource : rejoindre l’opposition, où trônent des monstres sacrés de l’acabit des Moïse Katumbi, Matata Ponyo et un certain… Joseph Kabila ? Pas sûr non plus. Autant demeurer en réserve de la République dans le garage de l’Union sacrée. Après les cartes sont à rebattre au sein des entreprises du portefeuille de l’Etat, la diplomatie, les institutions d’appui à la démocratie; tout est bon à prendre. Mais il n’est pas question au stade actuel de descendre dans la rue. L’on ne sait jamais, comme on dit.
Fin de l’histoire.
M.M.F.