Les avocats de notre correspondant en RDC, détenu depuis près de trois mois, ont émis des doutes sur l’indépendance de l’expert désigné par la justice pour mener une contre-expertise, dont ils attendent qu’elle démontre son innocence.
Détenu depuis près de trois mois et jugé depuis le 13 octobre, à raison d’une audience toutes les deux ou trois semaines, Stanis Bujakera Tshiamala est poursuivi pour un article, non signé de son nom, basé sur un document présenté comme une note des services de renseignements civils mettant en cause les renseignements militaires dans l’assassinat mi-juillet de l’opposant Chérubin Okende.
Le procureur émet aussi des doutes
Pour les autorités, cette note était un faux. Affirmant se fonder sur une analyse de métadonnées menée grâce à un «logiciel » non spécifié, le ministère public accuse le journaliste d’avoir fabriqué ce document avant de le partager à travers la messagerie Telegram, puis dans un groupe WhatsApp.
Contestant cette analyse, la défense a réclamé une contre-expertise, en demandant au tribunal qu’elle soit conduite par deux experts, un Congolais et un Canadien. Le 17 novembre, le tribunal a accepté la contre-expertise mais, pour la mener, a désigné un expert de son choix, vivement contesté vendredi par les avocats.
«C’est un préposé de l’État dont le profil professionnel ne nous rassure pas », a déclaré vendredi 1er décembre à la presse Me Charles Mushizi, alors que le procureur lui-même a reconnu que la compétence de cet expert pouvait faire débat. «Un expert a été désigné, il est en train de travailler, on va attendre qu’il livre ses résultats», a déclaré le président du tribunal.
Très nombreux soutiens
Dans une enquête publiée lundi par des médias, les services de messagerie Telegram et Meta (propriétaire de WhatsApp) ont indiqué qu’il n’était pas possible de prouver que Stanis Bujakera Tshiamala était l’auteur originel du document controversé. Mais pour le procureur, cette enquête vise à «désorienter l’opinion» et «entraver le déroulement de l’instruction ».
Depuis son arrestation le 8 septembre, les appels se sont multipliés pour la libération de notre correspondant. Parmi les nombreuses organisations lui ayant apporté leur soutien, Reporters sans frontières (RSF) affirme, après avoir également mené son enquête, que le journaliste n’est pas l’auteur de la note des services de renseignements.
La défense a requis vendredi une nouvelle demande de liberté provisoire, à laquelle le ministère public s’est de nouveau opposé. La prochaine audience est prévue le 22 décembre, deux jours après la date fixée pour les élections présidentielle, législatives, provinciales et municipales dans le pays.