Les chiffres, aussi froids et bruts soient-ils, devraient nous glacer le sang. Plus de 26 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire urgente en République Démocratique du Congo. Derrière cette statistique se cache une réalité insoutenable : près d’un enfant de moins de 5 ans sur deux souffre de malnutrition. Nous ne sommes plus face à une simple crise, mais à une catastrophe humanitaire d’une ampleur historique, qui se déroule dans une indifférence quasi-générale.
Le constat des agences onusiennes est sans appel : un déficit de financement de 475 millions de dollars US paralyse les opérations de secours. Le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation (FAO) ne peuvent tout simplement pas atteindre des millions de vies. Cette carence n’est pas une simple ligne budgétaire; c’est un arrêt de mort signé par la communauté internationale.
La situation n’est pas le fruit du hasard. Elle résulte d’une tempête parfaite, soigneusement orchestrée par l’homme. Dans l’Est de la RDC, riche en minerais convoités, plus de 100 groupes armés non-Etatiques sèment la terreur. Le groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda, selon des preuves accablantes malgré les dénégations de Kigali, occupe de vastes territoires, provoquant des déplacements massifs de populations et anéantissant les moyens de subsistance. Les conflits qui impliquent également l’Ouganda et le Burundi voisins font de cette région un enfer sur terre.
Il est trop facile de qualifier cette tragédie de «crise oubliée ». Elle n’est pas oubliée; elle est ignorée. Ignorée par une communauté internationale qui trouve toujours des milliards pour d’autres priorités, mais semble incapable de rassembler les 349 millions de dollars US dont le PAM a besoin d’ici avril, et les 127 millions requis par la FAO.
Au-delà de l’urgence humanitaire, c’est un échec politique et moral collectif. Les bailleurs de fonds doivent immédiatement combler ce déficit honteux. Mais la charité, si vitale soit-elle, ne suffira pas. Une pression diplomatique bien plus forte doit être exercée sur les pays de la région, en particulier le Rwanda, pour qu’ils cessent leur ingérence et leur soutien aux groupes armés.
La solution à la faim en RDC passe impérativement par une solution politique à l’instabilité de l’Est.
Face à l’ampleur des souffrances, le silence et l’inaction sont complices. L’histoire jugera sévèrement ceux qui, aujourd’hui, détournent le regard tandis qu’un pays-continent, poumon de l’Afrique, sombre dans l’abîme. Le temps n’est plus aux déclarations d’intention, mais à l’action. Des millions de vies en dépendent.
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