Face à la Chine toute puissante, les Etats-Unis et l’Union européenne ont décidé de faire bloc.
Après quelques années mouvementées et une longue pause, l’UE et les Etats-Unis se retrouvent pour évoquer les options pour faire face à la montée en puissance technologique de la Chine. Ce Conseil sur le commerce et les technologies (TTC en anglais) se tient depuis de mercredi à Pittsburgh.
A travers cette rencontre les 27 espèrent trouver de nouveaux leviers pour établir les règles mondiales du XXIe siècle. Sur le papier le plan peut paraître abstrait. Il s’agit de faciliter le commerce, d’étendre les investissements, développer des standards et accélérer l’innovation. Il faut donc pour les deux partenaires traduire dans les faits ces intentions politiques.
Toutefois il ne s’agit pas de négociations commerciales comme lors du traité transatlantique (TAFTA ou TTIP en anglais), explique Léa Auffret du BEUC, le Bureau européen des unions de consommateurs. «Il est davantage question de coopération, de discussion, entre l’UE et les Etats-Unis au niveau gouvernemental et au niveau des régulateurs. Il s’agit de la santé, du climat, du numérique et de la concurrence», précise-t-elle.
L’ordre du jour est vaste. Il comprend l’intelligence artificielle, les technologies vertes, la gouvernance des données ou encore les semi-conducteurs. Mais les discussions pourraient être rattrapées par les récentes tensions entre Paris et Washington concernant la vente de sous-marins à l’Australie.
La société civile espère surtout que ce forum sera transparent. Léa Auffret s’inquiète de voir les autorités américaines et l’industrie essayer de dissuader l’UE «de réglementer certaines choses importantes comme la réglementation des plate-formes technologiques ou l’intelligence artificielle».
Malgré leurs divergences, les 27 et Washington ont un objectif commun : s’assurer que la Chine, avec ses propres valeurs et ses propres standards, ne devienne pas le maître du jeu mondial en matière de technologies.
En Europe centrale, la Chine gagne en influence
Au Monténégro, le gouvernement a contracté un prêt d’un milliard de dollars auprès d’une banque chinoise pour financer en partie une autoroute, construite par un groupe chinois.
Face aux difficultés financières, le pays candidat à l’entrée dans l’Union européenne a demandé de l’aide à Bruxelles, qui a refusé.
Cette prise de position porte un «coup majeur pour le poids stratégique de l’UE dans la région» selon Vuk Vuksanovic chercheur au centre de politique de sécurité de Belgrade. La crédibilité de Bruxelles «va diminuer de manière significative» poursuit-il car les capitales des Balkans «verront que l’Union européenne est prête à les critiquer pour leur coopération avec la Chine, mais elles verront aussi que Bruxelles ne fait pas vraiment beaucoup pour repousser l’influence chinoise.»
Regard vers l’Est
Certains pays d’Europe centrale se tournent donc vers l’Est, comme la Hongrie, qui souhaite non seulement établir des relations étroites avec la Chine, laquelle construit une importante ligne ferroviaire reliant Budapest et Belgrade, mais également rejoindre la Banque eurasiatique de développement fondée par la Russie et le Kazakhstan en 2006.
Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la diplomatie d’»ouverture à l’Est» du gouvernement nationaliste hongrois, afin de trouver de nouvelles sources de financements pour ses entreprises et les aider «à réussir encore mieux sur les marchés eurasiens» souligne Peter Szijjarto, ministre des Affaires étrangères.
Autre preuve de l’orientation de la Hongrie vers l’Est, la Chine prévoit d’ouvrir à Budapest, d’ici quelques années, un vaste campus de l’université Fudan, basée à Shanghai, qui sera le premier de l’Union européenne.
D’après le site d’investigation hongrois Direkt36, le campus devrait être construit grâce à un prêt chinois de plus de 450 milliards de forints (1,47 milliard de dollars). La Hongrie contribuera également au projet à hauteur de 100 milliards de forints, selon le site.
La campagne de vaccination contre le Covid-19 menée par Budapest témoigne également de sa volonté de se dédouaner de certaines procédures européennes. Le pays a ainsi reçu des vaccins développés par la Russie (Spoutnik V) et par le laboratoire chinois Sinopharm dès le mois de février.
Econews avec Euronews