Dans la lutte contre les enfants dans les mines, la République Démocratique du Congo peut compter sur le soutien des Etats-Unis.
Le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, a reçu, le mardi 1er mars 2022 à la Primature, une délégation du Bureau international des Affaires du Travail des États-Unis d’Amérique, conduite par l’ambassadeur Mike Hammer.
La délégation américaine a salué les efforts du gouvernement de la République Démocratique du Congo en ce qui concerne l’Etat de droit et la bonne gouvernance. Des questions importantes liées au droit du travail et plus particulièrement à la lutte contre le travail des enfants dans les mines ont fait l’objet d’échanges, a confié à la presse Mme Thea Mei Lee, sous-secrétaire adjointe du Bureau international des affaires du Travail des États-Unis d’Amérique.
«Je suis très heureuse d’être ici en République Démocratique du Congo. Nous apprécions l’engagement du Gouvernement en rapport avec l’état de droit et la bonne gouvernance. Nous sommes là pour exprimer notre amitié, notre partenariat avec le Gouvernement de la RDC. Nous travaillons de manière très rapprochée avec le ministère du Travail et le ministère des Mines pour veiller à ce que tout ce qui est lié aux produits miniers ne puissent pas contenir les aspects liés au travail des enfants. Nous sommes ici pour apporter le message de l’administration Biden concernant l’importance de nos relations vis-à-vis de la RDC. Les droits du travail sont un aspect important du partenariat. C’est important pour le bien-être des citoyens, aussi pour la croissance économique et pour la confiance», a souligné Mme Thea Mei Lee.
La délégation américaine a, par ailleurs, salué l’attention particulière que le Premier ministre a accordée aux questions abordées.
«Le Premier ministre était très accueillant, très bien informé. Nous étions heureux qu’il puisse partager notre engagement concernant les droits du travail. Cela comprend aussi le renforcement de l’Inspection du travail. Nous avons parlé en long et large du secteur du cobalt et l’importance à veiller à ce qu’il n’y ait pas les travaux forcés, le travail des enfants, même dans le domaine des activités artisanales », a-t-elle conclu.
Une gangrène
En RDC, plus de 14.000 enfants et jeunes sont toujours présents dans les sites miniers du Haut-Katanga et du Lualaba. Les chiffres inquiètent. Pour certaines structures, à Kolwezi, il y aurait exagération, mais la Société civile du Lualaba assure que des centaines d’enfants travaillent toujours dans les mines.
Selon un rapport publié par l’Unicef et l’Organisation Internationale du Travail (OIT), publié en juin 2021, 160 millions d’enfants sont forcés de travailler dans le monde. Et ce nombre ne ferait que croître, sous l’effet de la pandémie de Covid-19. L’Afrique sub-saharienne est la région du monde la plus touchée : un enfant sur cinq en Afrique est astreint au travail des enfants.
Les multiples conflits qui sévissent dans l’Est de la RDC n’épargnent malheureusement ni les enfants ni les adolescents. De nombreuses victimes de moins de 18 ans en font notamment partie. La plupart du temps, soit elles sont directement fauchées par les mines antipersonnel, soit elles ont succombé des suites de leurs blessures dues aux balles et débris des explosifs ou encore se font recruter (de gré ou de force) et utiliser par des forces et groupes armés comme esclaves et travailleurs dans des puits d’extraction minière artisanale. Elles sont, le plus souvent, obligées de travailler dans les mines dès leur plus jeune âge. Leur petite taille est utilisée comme un atout pour se faufiler dans les plus étroites galeries souterraines inaccessibles aux adultes qui, contrairement aux enfants, savent mieux évaluer les risques fatals d’asphyxie ou d’éboulement.
Ces enfants deviennent alors plus tard des adultes qui n’auront jamais connu de période d’enfance ni d’adolescence. En outre, ces enfants ne connaissent aucun autre jeu que celui de risquer leur vie, voire de trucider les personnes qui leur seront désignées comme ennemies. Une fois adultes, il leur devient encore plus difficile de quitter cette spirale qui se renouvelle quotidiennement. Leurs rêves ont été dérobés, et la période de l’enfance complètement escamotée.
Hugo Tamusa