Les Congolais n’attendent qu’une chose du président français Emmanuel Macron : un discours clair sur l’agression rwandaise. Une condamnation sans équivoque du Rwanda est le minimum que les Congolais attendent du président Macron. Ne pas aborder cette question de manière limpide reviendrait à un soutien à apporter à l’agresseur rwandais.
A Kigali, on s’agite déjà, parce que dans ce pays où l’opinion publique est bridée, la pression publique qui monte en RDC n’est pas de nature à rassurer Kigali. Pour preuve, Paul Kagame est sorti de sa réserve. Difficile de comprendre que Kagame puisse se mettre en vedette pour se justifier alors qu’il ne cesse de nier la présence de ses troupes sur le sol congolais.
Paris qui a cédé le secrétariat général de la Francophonie à la Rwandaise Mishikiwabo, doit savoir que cette prime n’est pas du goût des Congolais.
Il est temps que Paris pose des actes en quittant les discours endormant.
Les mots forts de Muyaya
Lundi devant la presse, le porte-parole du Gouvernement congolais, Patrick Muyaya Kate-mbwe, a clairement exprimé les attentes de Kinshasa.
«Nous voulons que la France clarifie sa position. Nous ne voulons pas de discours ambigus », a dit Patrick Muyaya.
Revenant sur la situation de crise qui déstabilise la partie Est de la RDC, Patrick Muyaya a été tout aussi direct : « Sur cette question de sécurité, (la RDC veut que Macron) soit clair, pas de places pour l’ambiguïté. Le mal est connu, il faut le nommer ».
A son avis, Kinshasa accorde priorité à la crise dans sa partie Est. Pour le porte-parole du Gouvernement, toutes «les autres questions pourront être abordées» après.
Il rassure qu’il n’y aura pas d’accord lors de la visite du président Macron : « On va bien l’accueillir ». Il minimise les manifestations lundi devant l’ambassade de France en RDC : « Nous sommes un pays démocratique. Lorsqu’il y a des opinions divergentes, elles s’expriment (…) C’est dans ce cadre qu’il faut situer les manifestations devant l’ambassade de France à Kinshasa ».
Kinshasa attend du concret
Et du concret, les Français ont eux-mêmes inspirés des Congolais, lorsqu’ils ont vu l’ambassadeur de France à Kinshasa se rendre auprès du ministre congolais de la Défense, l’ex-général Gilbert Kabanda. Préoccupés par la guerre dans la partie est du pays, quelques intellectuels congolais se sont soutenus de l’option levée par Emmanuel Macron de doter la force aérienne française de rafales, remettant au parking les mirages 2000, pour des raisons diverses notamment l’arrêt de la fabrication des munitions.
Pour ces Congolais, passer par les actes revient à doter l’armée de l’air congolaise de ces mirages 2000. Dans l’Est de la RDC, ces avions de guerre peuvent utilement servir contre des terroristes du M23. La France poserait ainsi un acte de justice envers la République démocratique du Congo parce que le pays est agressé. Tous les rapports attestent que l’agression n’est plus un sujet philosophique. C’est une réalité documentée et acceptée par tout le monde, voire par le président Kagame lui-même. Personne ne met en doute cette agression.
Il est donc injuste de considérer que la France, qui assiste l’Ukraine dans sa guerre avec la Russie, ne peut qu’accéder à cette demande des intellectuels congolais. La France doit poser un acte fort. Les Congolais attendent un tel acte de la part de la France. Ce sera un soutien de taille au plus grand pays francophone au monde.
Hugo Tamusa