Marche chaotique du processus électoral : la CENI ne rassure pas, alertent Catholiques et Protestants

Le processus électoral est sur une mauvaise pente. Les opérations électorales telles que menées par l’équipe conduite par Denis Kadima, président de la Ceni (Commission électorale nationale indépendante), ne rassure pas. L’ombre d’un chaos généralisé plane sur les prochaines élections de décembre 2023. RDC : parfum de chaos sur les élections à venir. Faisant le point de l’enrôlement des électeurs dans la première aire opérationnelle, qui comprend également la ville de Kinshasa et neuf autres provinces, la Mission d’observation ECC – CENCO a tiré la sonnette d’alarme, appelant vivement la Céni à rectifier le tir, avant qu’il ne soit trop tard. Dans la classe politique, le scepticisme gagne aussi du terrain. Dans les rangs du FCC (Front commun pour le Congo) du président honoraire Joseph Kabila, on fustige un processus qui porte les germes de sa désintégration. Là aussi, on craint le pire. A dix mois des scrutins du 20 décembre 2023, la Céni semble évoluer sur un terrain miné.
Alors que la Céni (Commission électorale nationale indépendante) vient de lancer l’enrôlement des électeurs dans la dernière aire opérationnelle qui comprend les provinces de l’Est et des provinces démembrées de la province Orientale, des voix continuent à s’élever, craignant un décrochage en plein vol d’un processus qui ne rassure.
En effet, les premiers ratés de la Céni, au lancement de l’opération d’enrôlement dans la première aire opérationnelle, sont encore présents dans les esprits. Certes, la Céni a tenté de se rattraper, mais il faut reconnaître que le mal était déjà fait. Si bien que rétablir la confiance entre la Céni et la population devient, de plus en plus, une tâche difficile.
Les mêmes causes censées produire les mêmes effets, dans les aires opérationnelles 2 et 3, la Céni continue à faire face aux mêmes dysfonctionnements. Décidément, la machine peine à prendre sa vitesse de croisière.
Pourtant, lundi dernier devant la presse, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, a joué au Ponce-Pilate, indiquant que le Gouvernement a fait sa part en dotant la Céni de tous les moyens possibles, soit plus de 500 millions USD pour la seule année 2022, pour lui permettre de remplir pleinement sa mission. Sur le terrain opérationnel, la satisfaction n’est pas encore au rendez-vous.
Seulement voilà, à la Ceni, on se montre toujours serein, déterminé à amener le peuple congolais aux urnes à la date convenue du 20 décembre 2023.
Ce qui n’est pas le cas de la Mission mixte d’observation ECC – CENCO qui craint le pire. En effet, la Mission d’observation électorale envoyée par les Catholiques et les Protestants dans la première aire opérationnelle a relevé de nombreux dysfonctionnements dans les bureaux visités. Elle pointe, notamment des «centres d’inscription introuvables ou non ouverts» pendant l’inspection du 25 janvier au 7 février, des «dysfonctionnements des kits d’inscription pendant plus d’une semaine».
«Le constat de ces observateurs est une évidence», explique un élu du Kwango, cité par l’édition Afrique de La Libre Belgique. Il est plus tranchant, par la suite : « C’est du pur amateurisme. On sait que nous sommes dans une course contre la montre pour tenir le calendrier électoral et tout semble être fait pour compliquer le processus avec un personnel qui est arrivé non formé, qui est souvent impayé, et des machines récalcitrantes ».
Partout ailleurs, la Céni rencontre d’énormes difficultés, jetant l’opprobre sur sa capacité à respecter l’échéance du 20 décembre 2023.
Catholiques et Protestants viennent de lancer l’alerte. A Denis Kadima et son équipe de se ressaisi, avant qu’il ne soit trop tard.

Mission d’observation électorale CENCO-ECC

2. En date du 10 février 2023, la Mission d’Observation Electorale de la CENCO- ECC (MOE CENCO-ECC) a été alertée par une correspondance du parti politique« Le Parti pour l’Action (P.A)» adressée au Président de la CENI dans laquelle il dénonçait, entre autres, la détention des cartes d’électeurs vierges par certains individus dans le territoire de MASIMANIMBA, province du Kwilu. Pendant que les Observateurs de la MOE CENCO-ECC documentaient l’incident, la CENI a publié son communiqué de presse N°007/CENI/2023 portant la signature de son Rapporteur, faisant état de l’arrestation d’un individu en possession d’un lot de 300 cartes d’électeurs en provenance de MASIMANIMBA.

2. En date du 21 février 2023, la MOE CENCO-ECC a été saisie de la présence d’un Kit d’enrôlement des électeurs, des cartes d’électeurs, des FO1 et autres matériels électoraux dans l’un des véhicules, en provenance de Kinshasa, victime d’un accident de circulation sur la route Kinshasa – Tshikapa, dans la province du Kasaï. Alors que les Observateurs de la MOE CENCO-ECC, dépêchés sur place, venaient de soumettre leurs rapports portant sur cet incident, un autre Communiqué de presse de la CENI N°010/CENI/2023, signé cette fois-ci par son Président, confirme les faits et demande à la Justice d’en sanctionner les auteurs.

3. La MOE CENCO-ECC constate que les deux Communiqués de presse de la CENI précités attestent que les MATERIELS SENSIBLES, destinés à l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs, se trouvent en circulation entre les mains des individus n’en ayant pas qualité. En d’autres termes, ces individus disposeraient ainsi de leurs propres Centres d’inscription et, in fine, de leurs propres centres et bureaux de vote aux fins de possibles bourrages des urnes lors de différents scrutins prochains.

4. La MOE CENCO-ECC attire, à cet effet, l’attention de la CENI et des autres parties prenantes sur le fait que les faits observés posent un sérieux problème quant à la sécurisation du processus électoral en général et du matériel électoral sensible en particulier et sont susceptibles d’entamer sensiblement la confiance du public en ce processus électoral et d’en compromettre ainsi la crédibilité, y compris celle des résultats qui en résulteront. En effet, si les choses ne sont pas clarifiées à ce stade, ce serait irresponsable de la part de tous d’avancer dans un processus électoral où la crédibilité est sérieusement mise en cause.
Recommandations :
C’est pourquoi la MOE CENCO-ECC formule les recommandations ci-après :
Aux Cours et Tribunaux

1. D’organiser des procès publics, voire des audiences foraines afin que les citoyens et les partenaires internationaux soient éclairés sur les conditions dans lesquelles ces MATERIELS ELECTORAUX SENSIBLES se sont retrouvés entre les mains de ces individus et pour quelles fins.

2. De sanctionner sévèrement tous les délinquants, à tous les niveaux, qui se retrouveraient impliquées dans la commission de ces crimes.
A la CENI

3. D’organiser en toute urgence et à tous les niveaux (SEN, SEP, Antennes et CI) des inventaires des matériaux électoraux sensibles commis à l’opération d’identification et enrôlement des électeurs. En effet, Elle devrait publier la liste des kits reçus, avec les numéros de séries. Ensuite, la CENI devrait publier son plan de déploiement desdits matériels, en indiquant clairement leurs destinations, avec la mention du nombre et des numéros de série. Enfin, organiser des équipes mixtes (CENI, Partis politiques, Journalistes, Observateurs, Police, etc.) de vérification.

4. Instruire les SEP et les Antennes afin que les Observateurs, les Témoins des Partis politiques et les journalistes aient accès aux informations et aux entrepôts des matériels électoraux.

5. De continuer à sanctionner sévèrement, le cas échéant, son propre personnel impliqué dans ces différents crimes.

6. De clarifier les cas de Centres d’Inscription n’ayant pas été retrouvés sur terrain relevés dans sa déclaration à mi-parcours et son avant dernier Communiqué.
A la police et autres services de sécurité

7. D’assurer convenablement la sécurité du matériel électoral.
Fait à Kinshasa, le 24 février 2023.
Pour l’ECC Révérend Eric Nsenga Pour la CENCO
Mgr Donatien Nshole

Econews