Ce mercredi 7 février, la République Démocratique du Congo affronte la Côte d’Ivoire en demi-finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Une parenthèse enchantée pour un pays pris dans un conflit interne entre les forces rebelles du M23 et le gouvernement.
En ce début d’année 2024, la République Démocratique du Congo vit un moment de liesse. Victorieux de la Guinée (3-1) en quarts de finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), les Léopards affrontent le pays hôte, la Côte d’Ivoire, en demi-finale mercredi 7 février (21h, stade Alassane Ouattara, à Abidjan).
La joie suscitée par le parcours des hommes du sélectionneur Sébastien Desabre contraste avec la situation dans l’est du pays, en particulier dans le Nord-Kivu.
Les combats entre l’armée et le mouvement rebelle M23 ont ressurgi. De nombreux civils ont péri, suscitant l’émoi de l’équipe nationale. Le « Mouvement du 23 mars », rébellion soutenue par le Rwanda, a repris les armes fin 2021 après plusieurs années de sommeil.
VIOLENCES CONTRE LES POPULATIONS CIVILES
Depuis 1996, la République démocratique du Congo est en proie à un vif conflit, conséquence du génocide rwandais de 1994 qui causa la mort de 800.000 personnes et de la guerre du Kivu (depuis 2004).
Majoritairement Tutsis et soutenus par le Rwanda, les membres du M23 sont accusés de nombreuses violences contre les populations civiles, par des ONG (Human Rights Watch), par la Cour pénale internationale et par le gouvernement américain.
Ce lundi, la mort de 11 villageois en Ituri, dans l’est de la République démocratique du Congo a encore soulevé l’indignation. Une attaque attribuée aux rebelles ADF, affiliés à Daesh.
Les ADF (Forces démocratiques alliées), à l’origine des rebelles ougandais majoritairement musulmans, sont implantés depuis le milieu des années 1990 dans l’est de la RDC, où ils ont tué des milliers de civils.
Les Léopards portent le combat
Le capitaine de la République Démocratique du Congo, Chancel Mbemba, et l’attaquant Cédric Bakambu mettent en lumière la violence armée dans l’est de leur pays alors qu’ils participent à la Coupe d’Afrique des Nations.
Cédric Bakambu, qui a participé à tous les matchs jusqu’à présent pour aider les Léopards à atteindre les demi-finales, a suggéré lundi sur X (ex-twitter), que le monde ignore les violations des droits de l’homme en RDC.
«Tout le monde voit les massacres dans l’est du Congo. Mais tout le monde est silencieux», a écrit Bakambu. «Mettez la même énergie que vous utilisez pour parler de la Coupe d’Afrique pour mettre en lumière ce qui se passe chez nous. Il n’y a pas de petits gestes».
L’Est du Congo est en proie à la violence armée depuis des décennies, car plus de 120 groupes se battent pour le pouvoir, la terre et les précieuses ressources minérales, tandis que d’autres tentent de défendre leurs communautés. Les groupes armés mènent depuis longtemps des campagnes de violence dans cette région riche en minerais et ont été accusés de massacres.
Le conflit s’est intensifié à la fin de l’année 2021 lorsqu’un groupe rebelle appelé M23 a refait surface et a lancé des attaques pour s’emparer de territoires. Les Nations unies et les groupes de défense des droits de l’homme affirment que le groupe résurgent bénéficie du soutien du Rwanda voisin, bien que ce pays le nie.
«Je pense à toutes les victimes des atrocités commises à Goma et à leurs familles», a écrit Chancel Mbemba sur le site X, en référence à la ville congolaise frontalière du Rwanda. «Je prie de tout mon cœur pour que mon pays retrouve la paix.»
«A mon échelle j’apporte tout mon soutien aux familles des victimes, ce sont des monstres et cela doit cesser immédiatement, j’espère de tout cœur que quelque chose sera mis en place contre ces gens sans cœur ni valeurs, je serai toujours du côté du Congo. Nous vous aimons», a expliqué un autre Léopard, Théo Bongonda, sur le réseau social X.
Des membres d’un groupe armé, supposé être le M23, ont tiré sur un hélicoptère de l’ONU dans l’Est du Congo, vendredi dernier, blessant deux soldats de la paix sud-africains, dont l’un grièvement, ont déclaré les Nations unies.
La semaine dernière, le Président congolais Félix Tshisekedi a réitéré ses affirmations selon lesquelles le M23 est soutenu par le Rwanda et a déclaré qu’il ne s’engagerait pas avec le dirigeant rwandais, Paul Kagame, sur cette question.
La semaine dernière également, des militants armés qui seraient liés au groupe extrémiste État islamique ont tué au moins 12 personnes dans trois villages du territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu, selon Kinos Katuho, le président de l’organisation locale de la société civile Mamove.
M. Bakambu a déclaré qu’il essayait d’apporter une aide locale au Congo grâce à sa fondation «mais cela ne suffira jamais». «Prier, partager, agir pour nos frères et sœurs».
Face à la Côte d’Ivoire, mercredi, la République démocratique du Congo joue bien plus qu’une demi-finale. Les hommes de Sébastien Desabre défendront fièrement les couleurs des Léopards.
Econews avec CNEWS.FR