À l’attention de l’Honorable Président de l’Assemblée Nationale
Notre pays traverse une des crises existentielles les plus fortes de son histoire. Aux éternels combats pour la démocratie se sont ajoutés, ces derniers temps, un combat sans précédent pour la vie et le Vivre ensemble.
Le Congo va mal, très mal. Et ne pas le reconnaître serait une fuite de responsabilité. La nation est en danger. Quant au peuple, souverain primaire, il est ignoré, chosifié, et plus que jamais laissé pour compte, en dépit du changement des dirigeants.
Le 16 octobre dernier, faisant fi de la volonté maintes fois exprimée par le peuple et les pères de l’église sur la nécessité d’avoir une CENI indépendante, l’Assemblée Nationale s’est empressée d’entériner un bureau de la CENI en violation de la loi organique sur la CENI et sans les représentants de l’Opposition.
Quelques jours plus tôt, la même Assemblée nationale avait choisi d’ignorer les cris du peuple congolais en appelant à la suppression du RAM, de même qu’elle continue à ignorer les pleurs des compatriotes du Nord Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri qui, à la quasi-unanimité, demandent la requalification d’un état de siège qui, en plus d’un an, n’a en rien soulagé leurs souffrances.
La manifestation d’aujourd’hui montre clairement que la population a compris le message des Eglises, ici représentées par le CALCC et le MILAPRO, que des élections libres constituent la base essentielle de légitimité des institutions, le préalable sans lequel les problèmes sociaux, sécuritaires, éducatifs et sanitaires ne peuvent trouver des solutions véritables et durables.
Marcher pour une CENI indépendante et transparente, c’est donc marcher pour que plus jamais nous n’ayons des dirigeants nommés, corrompus et illégitimes à la tête de nos institutions politiques.
Marcher pour une CENI dépolitisée, c’est refuser à jamais la fabrication des résultats au profit d’un camp politique et l’institutionnalisation de la fraude et de la corruption, plutôt que le bulletin de vote, comme mode d’accès au pouvoir.
Marcher pour une loi électorale forte, c’est refuser que des juges instrumentalisés puissent proclamer des résultats fabriqués de toutes pièces pour mettre en place des parlements, sur fond de corruption, au service des dirigeants eux-mêmes corrompus.
Marcher pour des élections libres c’est enfin choisir des dirigeants légitimes qui travailleront dans l’intérêt du peuple pour mettre fin il l’insécurité dans l’Est, pour supprimer des taxes injustes comme le RAM, pour promouvoir un enseignement de qualité et surtout, permettre aux filles et aux fils du Congo de vivre dans des meilleures conditions.
Cela étant, la marche d’aujourd’hui est historique. Mais elle ne constitue que la première pierre d’un grand chantier, celui de la construction d’un Congo conforme au destin de grandeur qu’a conçu pour lui le Créateur.
Le peuple congolais en est conscient. Et, plus que jamais, il est résolu à ne pas abandonner le combat pour le recouvrement de sa souveraineté et de sa dignité. C’est pourquoi, Nous, forces vives de la Nation réunies autour du CALCC et de MILAPRO, répondant à l’appel de nos Pères spirituels, et conformément à notre déclaration du 25 octobre dernier, demandons une fois encore à qui de droit de privilégier l’intérêt supérieur de la Nation et d’annuler la mise en place irrégulière et illégale du bureau de la CENL faute de quoi d’autres manifestations de grande envergure seront organisées de manière plus permanente dans les prochains jours.
Les élections constituent le socle principal sur lequel se construit un Etat de droit soucieux des besoins sociaux, économiques et politiques de ses citoyens.
Il est donc essentiel que les élections de 2023 soient radicalement meilleures que les précédentes.
Pour ce faire, il est urgent et impératif de construire un véritable consensus national autour des animateurs de la CENI et de la loi électorale.
Il est impératif et urgent d’œuvrer ensemble pour une CENI dépolitisée, indépendante et transparente.
Il est tout aussi important et urgent de mettre fin à l’insécurité clans l’Est du pays, de mettre fin à l’escroquerie d’état dénommée RAM, et de résoudre les problèmes que posent la mise en œuvre de la gratuité de l’enseignement.
Le peuple s’est levé. Le peuple restera mobilisé et en action jusqu’à la résolution de toutes ses revendications.
Que Dieu bénisse la RDC et qu’il veille sur son peuple.
Fait à Kinshasa, le 13 novembre 2021
Pour le MILAPRO/ECC
Jeef PAMBI MABUDIGA
Secrétaire National
Pour le CALCC/CENCO
Jean-Bosco LALO KPASHA
Président