Alors qu’Eugène Diomi Ndongala, ancien ministre des Mines, impute à l’homme d’affaires israélien Dan Gertler la chute de la Minière de Bakwanga (MIBA), un ancien cadre de l’entreprise monte au créneau pour démentir ces accusations. Dans une interview explosive sur Radio Top Congo, cet ex-agent clé de la MIBA révèle que Dan Gertler a, au contraire, injecté 15 millions de dollars US pour sauver l’entreprise, tandis que sa faillite serait due à des années de mauvaise gestion et de détournements internes. Des documents confidentiels et des correspondances officielles viennent étayer cette version, jetant une lumière nouvelle sur l’un des plus grands scandales économiques de la RDC. Enquête sur une controverse qui secoue le secteur minier congolais.
La Minière de Bakwanga (MIBA), autrefois fleuron de l’économie congolaise, continue de faire parler d’elle, non pas pour son redressement, mais pour les polémiques autour de son déclin. Récemment, Eugène Diomi Ndongala, ancien ministre des Mines sous le gouvernement issu du Dialogue intercongolais, a jeté un pavé dans la mare en accusant l’ancien président Joseph Kabila et l’homme d’affaires israélien Dan Gertler d’être les principaux responsables de la déconfiture de l’entreprise.
Mais dans un retournement inattendu, un ancien cadre de la MIBA a pris la parole pour démentir ces accusations, apportant un éclairage radicalement différent. Selon lui, non seulement Dan Gertler a tenté de sauver l’entreprise, mais c’est plutôt la mauvaise gestion interne qui a précipité sa chute.
Lors d’une récente apparition médiatique, Eugène Diomi Ndongala a affirmé que la MIBA avait été « étranglée » par un contrat signé en 2003 avec Emaxon Finance International, une société liée à Dan Gertler. Selon lui, cet accord aurait hypothéqué 88 % de la production diamantifère de la MIBA au profit de Gertler, avec des livraisons mensuelles obligatoires de 425.000 carats, passant à 480.000 carats en 2005.
« C’était un véritable hold-up institutionnalisé », a-t-il déclaré, dénonçant un « monopole écrasant » qui aurait privé la MIBA de ses ressources vitales.
Un ancien cadre brise le silence : « Non, Gertler nous a aidés ! »
Mais un ancien agent de la MIBA, ayant occupé des fonctions clés entre 2000 et 2010, a vigoureusement contesté cette version. Intervenant sur Radio Top Congo, il a balayé les accusations de Diomi Ndongala, affirmant que Dan Gertler avait au contraire apporté un soutien financier crucial à l’entreprise.
« Ce juif [Dan Gertler] nous a beaucoup aidés. Il a injecté 15 millions de dollars US pour relancer la MIBA : 10 millions USD pour l’achat d’équipements et 5 millions pour payer les arriérés de salaires et les dettes », a-t-il révélé en lingala.
Contrairement à l’idée d’un « monopole », il a expliqué que Gertler avait simplement obtenu un droit de priorité sur les achats, mais que la MIBA n’avait même pas respecté cette clause. « Nous l’avons trompé en lui vendant les résidus tout en gardant les meilleures pierres pour d’autres acheteurs », a-t-il avoué.
La MIBA était déjà en crise bien avant Gertler
Les archives consultées par Econews confirment que la descente aux enfers de la MIBA a commencé bien avant l’arrivée de Dan Gertler. Dès la fin des années 1990, la production avait chuté de plus de moitié, aggravée par les guerres successives (1998-2003). En 2000, des vols massifs de diamants par des cadres de l’entreprise avaient été signalés, avant que la production ne soit totalement suspendue en novembre 2003.
En 2005, la MIBA avait même dû solliciter un acompte auprès d’Emaxon pour payer ses employés, preuve de sa situation financière désastreuse. Un courrier daté de 2006 montre d’ailleurs que Gertler avait accepté de reporter des échéances de remboursement pour soulager la trésorerie de l’entreprise.
La vraie cause du déclin : une gestion catastrophique
Pour l’ancien cadre interviewé, le problème fondamental de la MIBA n’était pas Dan Gertler, mais une « gestion désastreuse ».
« L’État a nommé des mandataires incompétents. Il y avait des détournements, un manque de vision, aucune stratégie de relance. Nous avons eu une chance avec Gertler, mais nous l’avons gaspillée », a-t-il déploré.
Il a également rappelé que plusieurs dirigeants de la MIBA avaient été impliqués dans des scandales de détournement, tandis que l’entreprise peinait à moderniser ses infrastructures.
Qui est vraiment responsable ?
Alors que Diomi Ndongala a tenté de faire porter le chapeau à Dan Gertler, les révélations de cet ancien cadre et les documents historiques jettent une lumière différente sur l’affaire et innoncente l’homme d’affaires israélien.
Si des contrats opaques ont pu exister, la MIBA était déjà en quasi-faillite avant leur signature. Et plutôt que de l’achever, Dan Gertler semble avoir tenté de la sauver, avant d’être lui-même victime des défaillances de l’entreprise.
La question reste ouverte : La chute de la MIBA est-elle le résultat d’un complot extérieur… ou d’un sabotage interne ? Question ouverte !
Econews