Les dirigeants des pays d’Afrique de l’Ouest, réunis dimanche à Abuja en «sommet spécial» pour évaluer la situation au Niger après le coup d’État militaire, ont donné un ultimatum d’une semaine aux putschistes au Niger pour restaurer l’ordre constitutionnel, affirmant ne pas exclure un «recours à la force». La suspension «immédiate» de «toutes les transactions commerciales et financières» a également été décidée lors de ce sommet.
La pression s’accroît chaque jour un peu plus sur les putschistes au Niger. Les dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), réunis dimanche 30 juillet dans la capitale du Nigeria voisin pour un sommet d’urgence après le coup d’État militaire au Niger, ont donné un ultimatum d’une semaine aux putschistes pour restaurer l’ordre constitutionnel, affirmant ne pas exclure un « recours à la force ».
Par ailleurs, la Cédéao a décidé de sanctions financières, notamment la suspension de «toutes les transactions commerciales et financières» entre ses États membres et le Niger, ainsi « qu’un gel des avoirs pour les responsables militaires impliqués dans la tentative de coup », selon les résolutions lues à la fin de ce sommet extraordinaire présidé par le chef d’État nigérian Bola Tinubu.
La Cédéao a également demandé «la libération immédiate» du président Bazoum et le «retour complet à l’ordre constitutionnel en République du Niger». Si ces demandes ne «sont pas satisfaites dans un délai d’une semaine», la Cédéao «prendra toutes les mesures nécessaires» et «ces mesures peuvent inclure l’usage de la force», selon ces résolutions.
Risque d’isolement
La Cédéao compte 15 membres, dont le Niger, et les dirigeants des huit membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Le sommet d’urgence est présidé par le chef d’État nigérian Bola Tinubu, à la tête du bloc ouest-africain depuis le début du mois. Ce dernier avait condamné le coup dès mercredi et promis que l’organisation et la communauté internationale «feraient tout pour défendre la démocratie» et son «enracinement» dans la sous-région.
Le Tchad, voisin oriental du Niger et non-membre des deux organisations régionales, a été invité au sommet de la Cédéao, selon un communiqué du bureau du président tchadien publié samedi. Le dirigeant tchadien, Mahamat Idriss Déby Itno est arrivé dans la matinée à Abuja.
Le Niger est l’un des pays les plus pauvres du monde et reçoit près de 2 milliards de dollars par an d’aide publique au développement, selon la Banque mondiale. Il est également un partenaire de sécurité de la France et des États-Unis, qui l’utilisent tous deux comme base pour lutter contre l’insurrection islamiste dans la région du Sahel, en Afrique occidentale et centrale.
Les dirigeants ouest-africains pourraient également, pour la première fois, envisager une intervention militaire pour rétablir le président Mohamed Bazoum, qui a été renversé lorsque le général Abdourahamane Tiani a été déclaré nouveau chef de l’État vendredi.
Manifestations à Niamey
Les putschistes avaient déjà mis en garde sur «les conséquences qui découleront de toute intervention militaire étrangère», évoquant «l’attitude belliqueuse» d’ «anciens dignitaires terrés dans des chancelleries en collaboration avec ces dernières».
Une manifestation de soutien aux putschistes a lieu dimanche matin à Niamey, qui reste relativement calme, malgré l’interdiction ordonnées par les militaires de se rassembler. Des centaines de personnes ont marché, brandissant des drapeaux russes, en direction de l’Assemblée nationale, a constaté un journaliste de l’AFP.
L’AFP a aussi constaté la présence de milliers de manifestants devant l’ambassade de France à Niamey en fin de matinée.
Le président français, Emmanuel Macron, ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts, a déclaré dimanche une source proche de l’Elysée. «Quiconque s’attaquerait aux ressortissants, à l’armée, aux diplomates et aux emprises françaises verrait la France répliquer de manière immédiate et intraitable», a dit cette source.
Le mouvement civil M62, qui avait déjà protesté contre l’opération Barkhane de l’armée française au Sahel et au Sahara, a lancé l’appel à manifester.
Le président déchu Mohamed Bazoum, élu en 2021, entame sa cinquième journée séquestré dans sa résidence privée au palais présidentiel par sa garde rapprochée, dont le chef, le général Abdourahamane Tiani, est le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), la junte.
Le président français Emmanuel Macron a pu reparler aux président Mohamed Bazoum et à son prédécesseur Mahamadou Issoufou en fin de matinée dimanche. Ils ont tous deux clairement condamné le coup d’État et appelé la population au calme, a indiqué l’Élysée.
Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger, jusqu’alors allié des pays occidentaux, devient le troisième pays du Sahel, miné par les attaques de groupes liés à l’Etat islamique et à Al-Qaïda, à connaître un coup d’Etat depuis 2020.
Avec AFP et Reuters