Après les 100 millions USD injectés dans le Projet d’appui développement des micros, petites et moyennes entreprises (PADMPME), la Banque mondiale est disposée à faire plus pour soutenir l’entrepreneuriat privé en République Démocratique du Congo. A ce titre, elle est prête à ouvrir une nouvelle ligne de crédit à son guichet concessionnel IDA. Pour l’instant, une signature fait défaut, celle du ministre des Finances, Nicolas Kazadi Kadima-Nzuji, également gouverneur de la RDC auprès de la Banque mondiale, qui doit préalablement faire le premier pas en validant le projet de requête. Une signature qui tarde à venir, alors que le dossier se trouve déjà sur sa table de travail.
Au regard du succès du Projet d’appui au développement des micro, petites et moyennes entreprises (PADM-PME), la Banque mondiale a manifesté l’intérêt de consentir plus d’efforts financiers pour soutenir l’entrepreneuriat privé en République Démocratique du Congo.
Si le PADMPME ne se limite qu’à quatre villes de la RDC, à savoir Kinshasa, Lubumbashi, Matadi et Goma, le nouveau projet que se propose de financer la Banque mondiale devait s’étendre dans d’autres villes. Pour l’instant, le dernier mot revient au Gouvernement, principalement le ministre des Finances et gouverneur de la RDC à la Banque mondiale, Nicolas Kazadi Kadima-Nzuji.
Depuis son bureau de l’avenue Lubefu, dans la commune de la Gombe, l’argentier national ne s’empresse pas de signer le projet de requête pour enclencher la machine au niveau de la Banque mondiale. Pourtant, des indiscrétions rapportent que ce projet de requête se trouve déjà sur son bureau de travail.
Un émissaire de la Banque mondiale à Kinshasa
Pour accélérer ce dossier qui semble ne pas préoccuper le gouvernement congolais, la Banque mondiale a délégué à Kinshasa M. Douglas Malcom Pearce (USA), son directeur régional Afrique en charge du développement du secteur privé et financier, en visite de travail en RDC depuis le mercredi 8 décembre 2021.
Dans la foulée de la revue à mi-parcours du PADMPME, l’expert de la Banque mondiale vient évaluer les conditions de renforcement des activités de son secteur dans la collaboration avec la RDC.
Pour ses premiers contacts à Kinshasa, M. Pearce a principalement échangé avec le ministre de l’Entrepreneuriat et PME, Eustache Muhanzi, sur les enseignements de mise en œuvre du PADMPME.
Selon la cellule de communication de l’Unité de coordination du PADMPME, ces discussions ont tourné autour des perspectives de mise à l’échelle des activités du projet après la réussite constatée de la phase pilote actuelle.
Le ministre d’Etat Eustache Muhanzi a avancé quelques propositions pour l’identification de nouvelles villes à intégrer et les thématiques susceptibles d’en améliorer le rendement, notamment le renforcement des capacités des structures publiques d’encadrement du secteur des PME.
Bien disposé à accompagner la RDC dans cette voie, la Banque mondiale a estimé que la balle se trouve dans le camp du gouvernement congolais qui doit remplir les préalables à la validation du nouveau projet. Ces préalables concernent principalement les plans de sauvegardes environnementales et sociales sur les nouveaux tracés du PADMPME, ainsi qu’une requête en bonne et due forme adressée à la Banque mondiale par le ministre des Finances.
Le patron congolais du secteur des PME a promis de s’y investir au nom de gouvernement, du reste disponible et disposé en faveur de la collaboration sur cette extension.
PADMPME, projet de promotion de la femme
Outre le ministre de l’Entrepreneuriat et PME, l’expert de la Banque mondiale a eu également des entretiens avec la ministre du Genre, famille et Enfants.
Il a été question du renforcement du dispositif de soutien à la femme au sein du PADPMPME. M. Pearce s’est dit disposé à faire davantage pour renforcer les appuis destinés à la femme dans le cadre de ce projet, pour autant que la thématique «genre et promotion économique de la femme» fait partie d’une des composantes de ce projet.
Avec le ministre d’Etat en charge du Plan, M. Douglas Pearce s’est attardé sur l’amélioration de l’environnement des affaires. A ce niveau, la Banque mondiale encourage le gouvernement congolais à engager les réformes nécessaires pour alléger les contraintes pour les entrepreneurs.
Outre ces autorités gouvernementales, l’agenda de Douglas Pearce prévoit des rencontres avec le secteur financier et les acteurs de l’écosystème des PME, spécialement ceux de Goma et Bukavu. Bien avant ces échanges, il devrait d’abord visiter quelques PME bénéficiaires des subventions de contrepartie dans le cadre du COPA (Concours des plans d’affaires).
Opérationnalisation du FOGEC
Preuve de la volonté du Gouvernement de soutenir l’entre-preneuriat local, le Président de la République, Félix-Antoine Tshi-sekedi Tshilombo, a rappelé vendredi au Conseil la nécessité de rendre opérationnel le Fonds de garantie de l’entrepreneuriat au Congo (FOGEC), cet outil conçu pour matérialiser sa vision d’accompagnement du génie de créativité des jeunes entrepreneurs congolais œuvrant dans le secteur informel et ne disposant pas de moyens financiers.
C’est ainsi qu’il a chargé les ministres en charge de l’Entrepreneuriat et des Finances d’œuvrer urgemment pour doter cette structure, pourvue d’animateurs depuis mai 2021, de ressources nécessaires à la réalisation de son objet social. Un rapport y relatif est attendu au prochain Conseil des ministres.
Financé par un crédit IDA de 100 millions USD, le PADMPME est le premier programme de la Banque mondiale à appuyer directement le secteur privé en RDC. Il est indicateur d’un changement d’approche dans les interventions de la Banque mondiale en faveur de la croissance économique induite par les entrepreneurs privés. Sa revue à mi-parcours a documenté des résultats dépassant les indicateurs.
Francis M.