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Parlement : inversion des priorités

Le peuple congolais attend. Les services publics essentiels – santé, éducation, sécurité – espèrent des moyens pour fonctionner. L’économie, elle, guette des signes de stabilité et de vision. Mais à l’Assemblée nationale, le temps semble s’être figé. La raison ? Une crise interne, née de divergences et d’ambitions personnelles, qui a conduit à la démission du président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, et de son rapporteur adjoint, Dominique Munongo.

Conséquence immédiate et lourde de sens : l’examen du projet de budget 2025 est reporté aux calendes grecques. Le Gouvernement a soumis son plan financier, document essentiel qui définit les priorités et les moyens de la nation pour l’année à venir. Mais ce texte, qui devrait être au cœur du débat démocratique, est relégué au second plan, victime collatérale des querelles de palais.

Ce blocage est plus qu’un simple contretemps administratif; c’est un symptôme alarmant d’une démocratie en souffrance. Il envoie un message désastreux à la population : pour ses représentants, les priorités sont ailleurs. La manne financière et les postes de pouvoir au sein de l’institution semblent primer sur l’impératif constitutionnel de voter la loi des finances.

Le fait est têtu : le pays ne peut pas s’arrêter. Pendant que les «honorables » se livrent à des tractations opaques pour pourvoir les postes vacants, la machine étatique, elle, tourne au ralenti.

On nous rétorquera que la politique est un art du compromis et que les équilibres institutionnels sont complexes. Soit ! Mais il y a une différence fondamentale entre la nécessaire négociation politique et l’immobilisme coupable. Ici, c’est l’intérêt général qui est pris en otage par des agendas personnels. Le peuple, dont ces députés sont pourtant les « élus légitimes », est une nouvelle fois laissé pour compte.

Cette séquence rappelle une fois de trop une tendance inquiétante : la capacité de nos institutions à s’autobloquer lorsque les intérêts particuliers l’emportent. Le pays peut s’arrêter, semble-t-il, chaque fois que leurs intérêts l’exigent.

Il est grand temps que la représentation nationale se souvienne de sa mission première : servir la République, et non se servir en son sein. Le peuple congolais mérite mieux que des chaises musicales politiques pendant que l’avenir du pays est mis en attente. La crédibilité de l’institution parlementaire et la confiance des citoyens sont en jeu. Le budget ne peut, et ne doit, pas attendre que toutes les ambitions personnelles soient satisfaites. L’heure est à la responsabilité.

Econews

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