Le terrorisme a frappé à Béni, cette ville de la province du Nord-Kivu. Dans la nuit de la Nativité, un terroriste, non encore identifié, a actionné sa charge explosive tuant huit Congolais, tout en faisant de nombreux blessés. Depuis lors, Beni, cette ville martyre, vit dans la peur. En plein état de siège, le dispositif de sécurité a été renforcé, ramenant le couvre-feu à 19 heures, au lieu de 20 heures, comme précédemment. Dimanche soir devant la presse, le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya, et le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le lieutenant-général Constant Ndima, se sont montrés optimistes. Aux abois, les rebelles ougandais de l’ADF ont opté pour le terrorisme pour contourner l’étau qui se resserre autour d’eux. Patrick Muyaya est cependant convaincu d’une chose : « Ces actes de lâcheté ne vont nullement ébranler la volonté du Chef de l’Etat et du Gouvernement de ramener la paix dans la partie Est de la RDC », particulièrement à Beni.
Le bilan de la bombe qui a explosé le jour de la Nativité à Beni, a été revu à la hausse. Jusque-là, Il fait état de huit (8) décès et 20 blessés, a annoncé, dimanche devant la presse, le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya.
Les images des corps de quelques victimes, dont la plupart semblent très jeunes, gisant sur le sol, avec des traces des brûlures et recouverts d’une substance noirâtre, des traces de sang sur le sol, des blessures visibles, des membres du corps déchiquetés… et l’annonce faite par les services de sécurité dans les minutes qui ont suivi, ont permis de mettre un nom sur la tragédie qui venait juste de se produire : l’explosion d’une bombe.
Les services de sécurité renseignent que «le kamikaze, empêché par les vigiles d´accéder au bar bondé de clients, a malheureusement réussi à activer la bombe à l´entrée». Sur le lieu du drame, la plupart de citoyens s’amusaient dans le cadre des festivités de Noël ce 25 décembre comme pour chaque année.
«J’étais assis là. Il y avait une moto en stationnement. Subitement, la moto est partie en trombe, puis il y a eu bruit assourdissant », a témoigné Nicolas Ekila, animateur d’une radio de Beni, présent au moment de l’explosion. Un véhicule de la police a transporté des blessés vers un centre médical situé non loin du lieu de l’explosion, qui a été immédiatement isolé.
«Les blessés ont été admis dans les hôpitaux de Beni», a confirmé le ministre de Communication et des Médias. Le kamikaze, empêché d’entrer dans un bar, s’est fait exploser devant la terrasse «In Box». Le gouvernement a condamné avec véhémence cette attaque terroriste. A l’occasion, le porte-parole du gouvernement a présenté, par ailleurs, les condoléances aux familles des victimes.
Dimanche soir, le ministre Patrick Muyaya, ayant à ses côtés le gouverneur-militaire de la province du Nord-Kivu, le lieutenant-général Constant Ndima, a échangé avec la presse. C’était l’occasion de rassurer l’opinion publique congolaise en général, et le peuple de Beni, en particulier, sur la ferme volonté du Gouvernement de traquer tous ceux qui sèment la désolation dans cette partie de la RDC.
A ce propos, Patrick Muyaya a assuré que les forces de sécurité sont déjà déployées dans la zone. «Elles sont déjà en opération pour traquer ces ennemis de la paix», a-t-il précisé. Ainsi, le Gouvernement a invité la population à redoubler de vigilance et à éviter les lieux de fortes affluences.
Plusieurs questions taraudent les esprits. Faut-il craindre d’autres actions de grande envergure en pleine centre-ville ? Est-ce que l’état de siège, décrété dans la province du Nord-Kivu, serait déjà essoufflé ?
A ces questions, Le général gouverneur rassure que plusieurs mesures ont été prises pour maintenir la paix dans la ville de Beni et dans d’autres villes de la province. Il s’agit, entre autres, des check-points, les bouclages et barrières qui ont déjà permis l’arrestation de plusieurs terroristes. Dans la ville de Beni, le couvre-feu a été durci pour mieux quadriller la ville. C’était l’occasion pour Constant Ndima d’inviter la population au calme et surtout à ne pas céder à la peur. « Céder à la peur, c’est jouer le jeu des terroristes », a-t-il lancé.
Les réactions fusent
Dans la classe politique, tous condamnent à l’unanimité cet acte terroriste de Béni.
En séjour dans le Grand Kasaï, le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, a exprimé toute sa compassion au peuple meurtri, promettant de mettre tout en œuvre pour traquer les auteurs de cet acte ignoble.
« Le Président de la République a appris avec consternation la nouvelle de l’attaque terroriste qui a frappé Beni ce samedi 25 décembre, jour de Noël. Le Chef de l’État condamne avec vigueur cet acte odieux », a indiqué la Présidence de la République. Et d’ajouter : «Le Président Tshisekedi promet que ces crimes ne resteront pas impunis et que leurs auteurs seront traqués et anéantis. Le Chef de l’État salue la mémoire des victimes et présente ses condoléances aux familles éplorées ».
A l’Assemblée nationale, Christophe Mboso, son président, n’a pas caché son émotion : «Au nom de mes collègues honorables députés nationaux, je condamne fermement l’attentat terroriste perpétré contre les populations de Beni au moment où nous commémorions tous la naissance du Christ. Nos condoléances les plus attristées aux familles des illustres disparus ».
La cheffe de la Monusco, Mme Bintou Keita, a appelé à une enquête afin que la lumière soit faite sur cet acte odieux. «La représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU en RDC, Bintou Keita, condamne avec la plus grande fermeté l’attaque à la bombe qui a eue lieu aujourd’hui à Beni. Elle présente ses condoléances aux familles des victimes et appelle à faire toute la lumière sur cet acte odieux», rapporte le service de communication de la Mission onusienne.
Cette réaction a été suivie par celle de Jean-Marc Châtaigner. L’ambassadeur de l’Union européenne en RDC a écrit : «Condamnation totale de cet acte terroriste barbare commis ce soir de Noël à Beni. Condoléances aux familles des victimes. Pensées et solidarité avec les blessés. Soutien au Gouvernement et aux autorités de la RDC dans la lutte contre les auteurs de ces agissements criminels».
«En ce jour de Noël, à nos souhaits de paix et d’amour, se mêle avec horreur cette nouvelle macabre d’une explosion en plein cœur de Beni qui a occasionné de nombreuses victimes. Mes condoléances les plus attristées aux familles éplorées. Seigneur, protège la RDC » a, pour sa part, réagi l’opposant Martin Fayulu.
Jean-Pierre Bemba, président du MLC et allié de Félix Tshisekedi dans l’Union sacrée de la nation, a dit adresser ses pensées et prières aux compatriotes de Beni frappés par un acte terroriste. «Mes sincères condoléances aux familles des illustres disparus», a réagi le leader du MLC.
Moîse Katumbi, leader d’Ensemble pour la République, s’est dit offusqué : «Je condamne l’attentat qui endeuille Beni. Mes condoléances aux familles des victimes. Toute la lumière doit être faite sur cette tragédie. Le sang des innocents doit arrêter de couler. Les commanditaires et les complices de cet acte odieux doivent être mis hors d’état de nuire».
Pour sa part, le Prix Nobel de la paix, Denis Mukwege, a demandé une restructuration de la sécurité : «Horrifié par l’attentat terroriste commis à Beni le jour de Noël ! Le vacuum sécuritaire et la culture de l’impunité ouvrent la voie à des conflits idéologiques très dangereux ! Non à l’endoctrinement de notre jeunesse ! Oui à une profonde réforme du secteur de la sécurité ».
Claudel-André, député national, élu de Kananga, a communié à cette douleur qui frappe le peuple de Beni : «Je lève une vive protestation contre l’attentat perpétré ce soir à Beni. Mes pensées vont aux victimes de ces actes de barbarie, à leurs familles, à leurs proches et à nos forces de sécurité. Face au terrorisme, notre réponse doit exprimer fermeté et détermination».
Sur son compte twitter, un autre député national, Delly Sesanga, a également présenté ses condoléances aux familles éplorées par cet attentat. «Je condamne cette barbarie contre nos populations pour semer la peur et la désolation. L’effroi de cet acte terroriste n’éteint pas l’aspiration naturelle de notre peuple à la paix dans l’Est» a-t-il dit.
Tighana Masiala