La bataille pour le perchoir de l’Assemblée nationale prend un tournant aussi surprenant que périlleux. En pleine tourmente, Vital Kamerhe, pourtant pilier de la majorité présidentielle, voit surgir des soutiens pour le moins inattendus venus des camps de l’ancien président Joseph Kabila, de Moïse Katumbi, Matata et de Martin Fayulu.
Ce rapprochement contre-nature a été catalysé par une tribune explosive postée sur X par Olivier Kamitatu, porte-parole de Katumbi. Prenant la défense de Kamerhe, il livre une charge violente contre certains ténors de l’Union sacrée de la nation qui pousseraient, selon lui, le Président Félix Tshisekedi vers une dérive autocratique.
UNE TRIBUNE QUI JETTE DE L’HUILE SUR LE FEU
Olivier Kamitatu n’y va pas par le chemin des écoliers : «La chasse orchestrée contre Kamerhe et le Bureau de l’Assemblée nationale est une répétition morbide des dérives qui ont englouti l’ancien régime». Il vise directement des personnalités comme Christophe Mboso N’Kodia Pwanga et Guy Loando Mboyo, les qualifiant de «clique de courtisans» qui pousserait le Chef de l’État à un «suicide institutionnel ».
Son argument est sans appel : l’objectif de cette offensive serait de « détruire toute séparation des pouvoirs pour livrer le pays à un règne personnel, au mépris de la Constitution», un projet qui ne mènerait, selon lui, «pas à la stabilité, mais à un chaos irréversible ».
UN «CADEAU EMPOISONNE » POUR KAMERHE
Si, en surface, ces appuis pourraient sembler constituer une bouée de sauvetage pour un Kamerhe sous pression, ils sont perçus avec la plus grande méfiance dans son entourage immédiat. Ses proches y voient un véritable «cadeau empoisonné ».
La raison est simple : dans le climat politique actuel, être défendu avec virulence par les opposants les plus farouches au régime en place est le meilleur moyen de se voir définitivement étiqueté comme un traître au sein de la majorité présidentielle. Loin de le renforcer, ces soutiens risquent de lui ôter toute crédibilité auprès de ses pairs de l’Union sacrée et de fournir à ses adversaires internes l’argument ultime pour exiger sa tête.
UNE MANŒUVRE POLITIQUE A HAUT RISQUE
Cette situation place Vital Kamerhe dans une position intenable. Se distancier publiquement de ces soutiens inopportuns pourrait être perçu comme un affront envers l’opposition, dont il pourrait avoir besoin à l’avenir. Les accepter, même tacitement, reviendrait à signer son arrêt de mort politique au sein de la majorité.
Pour les observateurs, cette offensive de l’opposition est une manœuvre habile : défendre Kamerhe pour mieux enfoncer un coin dans la majorité et exacerber ses divisions internes. Le risque est que cette stratégie, en fragilisant le président de l’Assemblée nationale, précipite finalement la chute que ses alliés naturels redoutent.
Hugo Tamusa