Perturbations des activités commerciales au centre-ville de Kinshasa

Un mouvement de grève a été observé les lundi 9 et mardi 10 septembre 2024 par des employés travaillant dans les commerces tenus par des expatriés, principalement des Libanais, Indiens, Pakistanais et Chinois. Largement suivi au centre-villes kinois exercent la pression sur leurs employeurs afin de changer la situation salariale, qui s’est dégradée depuis belle lurette. 

Plusieurs avenues du centre-ville où se trouve le gros des commerces ont été bloquées par les manifestants, une situation qui a contraint la fermeture des commerces concernés. Le mouvement a été suivi dans les communes où se trouvent aussi ces commerces.

Les manifestants ont lancé des cris hostiles à leurs employeurs qu’ils accusent de les laisser vivre dans la précarité. Tant que leurs revendications n’auront pas trouvé gain de cause, ils ont promis de poursuivre la grève.

«Nous travaillons dans des conditions difficiles, sans contrat ni assurance maladie et touchons des salaires dérisoires », ont dénoncé les manifestants qui ont justifié le mouvement de grève parce qu’ils en avaient ras-le-bol de cette situation. Et de poursuivre : «Nous demandons au ministre du Travail d’examiner cette situation et de contraindre les employeurs expatriés à se conformer à la législation sociale de la République Démocratique du Congo», a déclaré M. Fabrice Mayola, commerçant sur l’avenue du commerce

Sous le sceau de l’anonymat  un manifestant trouvé sur l’avenue du Commerce a détaillé comment lui et ses collèges sont payés.

Selon lui, malgré le fait qu’il y a inflation du taux de change et que le 28 500 francs congolais équivalent à 10 dollars américains sur le marché des changes. Une situation qui, estiment les manifestants, devaient entrainer le paiement de leurs salaires au taux actuel, ceux-ci sont payés au taux de 15.000 Fc, voire 16.000 Fc.

Il a poursuivi en accusant les employeurs de mauvaise foi car les salaires ne permettent pas aux employés de nouer les deux bouts du mois, eux avec les membres de leurs familles respectives. «Chose plus grave, les employeurs demeurent sourds aux revendications des employés », a-t-il dénoncé avant d’appeler le gouvernement à supprimer la sous-traitance qui n’arrange pas les employés.

Les travailleurs  revendiquent également le respect des heures de travail le et des avantages sociaux.

«On travaille de 7 h à 17h, du lundi au samedi, parfois on termine à 19 h. Nous qui sommes du coté de la manutention nous souffrons énormément. Il m’arrive de rentrer à la maison à 22h et suis obligé de me réveiller à 5h du matin pour être à temps à mon lieu de travail»,  a relaté  un travailleur œuvrant dans une société des Chinois. Et d’ajouter : «Il n’y a aucune prise en charge médicale. Malade, je suis resté deux semaines à la maison. J’ai envoyé une ordonnance médicale à mon chef hiérarchique via whatsapp dans l’espoir que mon employeur allait me venir en aide mais cela n’a pas été le cas. Chose grave, mon employeur a payé mon salaire du mois en retranchant les jours non prestés. Nous demandons aux autorités compétentes de résoudre ce genre de problèmes auxquels sont confrontés les employés du secteur.

Si bon nombre des travailleurs continuent de manifester au centre-ville pour revendiquer l’amélioration de leur situation salariale et leurs conditions de travail, d’autres par contre ont jugé bon de ne pas être dans la rue par peur d’être limogés par leurs employeurs. C’est le cas d’une superette située au boulevard du 30 Juin.

« Nous sommes au courant que les employés qui travaillent chez les expatriés sont en grève, j’ai essayé d’en parler à mes collègues pour qu’on puisse leur emboîter le pas, mais la majorité a refusé de peur de perdre leur emploi », a déclaré un travail trouvé sur le lieu qui a manifesté de trouver un autre emploi plus rémunérateur s’il en trouvait un.

UN PROBLEME RECURENT

Depuis un certains temps, les travailleurs congolais se sentent exploités, délaissés et marginalisés beaucoup plus dans les entreprises appartenant aux étrangers au vu et au su des autorités compétentes.

Soucieux de résoudre ce problème récurrent, il serait nécessaire d’adopter une approche pluridimensionnelle qui inclut le renforcement du cadre juridique en mettant à jour le code du travail.

Les autorités doivent veiller sur le respect du SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti), en renforçant l’effectif des inspecteurs de travail et en veillant à la stricte application du code de travail.

Sanctionner les expatriés ou chef d’entreprises qui ne vont pas appliquer la loi, voilà ce qu’on attend d’elles.

Benny LUTALADIO