Bien disposé à œuvrer pour une paix durable et une cohabitation pacifique dans le bassin méditerranéen, le Maroc s’est dit prêt à s’investir pour la résolution de la crise libyenne. Pendant ce temps, en Italie, on s’agace du virage dangereux de la politique étrangère de l’Algérie qui ne va pas dans le sens de rassurer tous les pays de la Méditerranée.
Le ministre marocain des Affaires Étrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains résidents à l’étranger, Nasser Bourita, qui représente SM le Roi Mohammed VI à la Conférence de Paris sur la Libye, a présenté l’approche royale pour la résolution de la crise libyenne et la volonté du Souverain de faire du Maroc une terre d’accueil pour le dialogue inter-libyen.
M. Bourita a souligné aux participants à cette conférence, qui s’est tenue vendredi, sous la coprésidence du Président français Emmanuel Macron, de la Chancelière allemande Angela Merkel, du Président du Conseil italien Mario Draghi, ainsi que du Président du Conseil Présidentiel libyen Mohamled El-Menfi, que SM le Roi Mohammed VI suit de près les développements en Libye et encadre de sa vision Royale l’engagement du Maroc qui ne s’est jamais démenti.
Il a relevé que cette approche, fondée sur le respect de la volonté libyenne et le bannissement de tout paternalisme, a permis des avancées majeures entamées par la conclusion en décembre 2015 de l’Accord politique de Skhirat.
Le ministre a rappelé que les arrangements de Bouznika, du 6 octobre 2020 ont permis d’avancer vers la réunification des sept postes souverains, que le congrès parlementaire inter-libyen du 23 novembre 2020 a facilité la réunion, pour la première fois depuis 2011, de 123 parlementaires libyens de l’Est et de l’Ouest, et que plus récemment, l’engagement de Rabat de décembre 2020 a fait converger les opinions des Représentants de la Chambre des Représentants et le Haut Conseil d’Etat au sujet de la tenue des élections à la date prévue du 24 décembre 2021.
M. Bourita a appelé les participants à cette conférence à sortir avec des messages forts et clairs à l’adresse de la Libye et de la Communauté Internationale. Il a également appelé la Libye à s’engager vers un avenir meilleur pour préserver les avancées réalisées, soulignant que les élections peuvent transformer le cessez le feu en paix durable et régler définitivement la question de légitimité.
Le ministre n’a pas manqué de souligner, dans ce contexte, la nécessité de veiller à ce que le cadre législatif des élections en Libye soit «consensuel» et «inclusif », ajoutant que ces élections renforceront la souveraineté de la Libye et permettront à la communauté internationale d’avoir un seul interlocuteur libyen.
Après avoir clairement exprimé le soutien du Royaume du Maroc aux actions du Gouvernement Abdel Hamid Dbeibah, le ministre a rappelé que le Maroc est prêt à soutenir tout accord entre Libyens.
«Le Maroc est prêt à soutenir tout ce sur quoi les Libyens se mettront d’accord; et cela, les frères libyens le savent fort bien », a affirmé M. Bourita qui a souligné la nécessité d’une transformation du rôle de la communauté internationale et des partenaires de la Libye.
«Le Maroc- qui est resté une terre de dialogue vers laquelle les frères libyens convergent spontanément- a toujours regretté que la Libye soit pour certains un «fonds de commerce diplomatique» et, pour d’autres, «une arène de lutte par procuration», a affirmé M. Bourita pour qui «le seul parti que chacun doit prendre est celui d’accompagner la Libye unie – sans hérauts et sans intrusions- pour : asseoir les conditions d’une paix durable, y compris par la démilitarisation, le départ des mercenaires étrangers et la réinsertion des miliciens locaux; accompagner la Libye sur le chemin de la consolidation de la paix et du raffermissement des institutions de l’Etat de droit; et aider la Libye à se reconstruire, grâce à ses ressources propres et à la faveur d’investissements gérés par les Libyens eux-mêmes ».
Et pour conclure, M. Bourita a rappelé le soutien du Maroc aux efforts du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterrres et de son envoyé personnel Ján Kubiš pour la consolidation de la paix en Libye.
L’objectif de la Conférence de Paris était d’apporter un soutien international à la poursuite de la transition politique engagée et à la tenue des élections selon le calendrier prévu.
Alger menace la stabilité de la méditerranée
Alors que la crise libyenne représente déjà une sérieuse menace pour la paix dans le bassin méditerranéen, en Italie, on s’inquiète de plus en plus du virage dangereux de la politique étrangère de l’Algérie.
«Utilisant l’énergie comme arme politique, l’Algérie menace la stabilité de la région méditerranéenne », a affirmé le député italien Paolo Lattanzio.
Interpellant, dans une question parlementaire, le président du Conseil des ministres italien, le ministre italien des Affaires étrangères et le ministre de la Transition écologique, le député a souligné que la décision de l’Algérie de ne pas reconduire le contrat d’approvisionnement de l’Europe en gaz via le Gazoduc Maghreb-Europe (GME) a été prise dans un contexte délicat marqué par la hausse des prix de la facture énergétique.
La décision «inquiétante prise par les autorités algériennes affecte la relation de confiance et de bon voisinage », a averti M. Lattanzio, notant que «l’Europe ne doit pas tolérer ce chantage ».
La sénatrice italienne, Urania Papatheu, avait également souligné que la décision d’Alger, «fournisseur non fiable», est un acte «inacceptable et condamnable » qui impactera deux États membres importants de l’UE, à savoir l’Espagne et le Portugal.
Cet acte unilatéral est considéré par nombreux observateurs et hommes politiques européens comme un chantage de la part d’Alger envers l’Europe, suite notamment à l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU de sa dernière résolution qui vient consolider les acquis du Royaume chérifien concernant la question du Sahara marocain.
Econews avec MAP