Prestation de serment de nouveaux animateurs de la Céni

Siège de la Ceni à Kinshasa. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Les choses sont allées très vite. Après l’entérinement de la candidature de Denis Kadima Kazadi à la tête de la Céni (Commission électorale nationale indépendante), le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, a signé l’ordonnance d’investiture des membres de la centrale électorale. Mardi, les nouveaux animateurs de la Céni ont prêté serment devant la Cour constitutionnelle, lançant officiellement le train électoral. Il s’agit de douze membres sur les quinze que doit comprendre la Commission électorale nationale indépendante.          Comme il est d’usage, ils se sont engagés à respecter la Constitution et les lois de la République démocratiques du Congo et à remplir fidèlement et loyalement les fonctions leur confiées. Sans oublier notamment de n’exercer aucune activité susceptible de nuire, entre autres, à l’indépendance et à l’impartialité de la Commission électorale nationale indépendante, ainsi que de garder le secret de délibérations et du vote même après la cessation des activités à la Céni.

Ils sont issus de six confessions religieuses ayant jeté leur dévolu sur Denis Kadima Kazadi comme candidat-président de la centrale électorale. Il s’agit de l’Eglise kimba-nguiste, de l’Eglise orthodoxe, de l’Armée du Salut, de la Communauté islamique du Congo (Comico), des Eglises indépendantes du Congo et de l’Eglise de réveil au Congo.   

Les trois autres membres de la Céni, afin de totaliser les quinze requis, viendront de partis. Ils prêteront leur serment d’usage après avoir été désignés par leurs formations politiques et investis par le président de la République, Félix-Antoine Tshidekedi.

Les nouveaux membres de la centrale électorale sont appelés à conduire le peuple congolais, en 2023, à des élections démocratiques, transparentes, crédibles et apaisées. Toutefois, il faut faire remarquer que le groupe de six de la sous-composante ‘‘Confessions religieuses’’ revient de loin pour faire accepter son choix récusé par les Catholiques de la Commission épiscopale nationale du Congo (Cénco) et les Protestants de l’Eglise du Christ au Congo (ECC).

Pour rappel, le duel entre le duo formé par les Catholiques et Protestants face aux six autres églises s’est enlisé. Les deux parties étaient loin d’accorder leurs violons. Dans la classe politique, tout comme au sein de la Société civile, il était question de rejeter toute tentative qui tendait à politiser davantage la Céni. Surtout que le candidat du groupe de six, Denis Kadima, est considéré comme un proche du Président de la République, Félix-Tshisekedi. Ce qui pourrait contribuer à ne pas favoriser la tenue de bonnes élections qui seraient entachées de beaucoup d’irrégularités.

Alors qu’on cherchait que les dirigeants politiques et toutes les forces vives de la Nation soient appelés à rechercher le consensus autour du processus électoral en vue de renforcer la crédibilité de ce processus, coup de théâtre, le Président Tshisekedi signe l’ordonnance portant investiture de Denis Kadima et de son équipe.

Qui est Denis Kadima, le nouveau président de la Céni?

Âgé de 60 ans, Denis Kadima impressionne avant tout par son CV, note RFI. Cet expert électoral a été formé à l’Université de Lubumbashi et a obtenu un master d’une de plus grandes universités sud-africaines, celle de Witwatersrand.

Le nouveau président de la Céni dirige depuis 2002 l’Institut électoral pour une démocratie durable en Afrique, basé à Johannesburg et, avant cela, a travaillé pour le National Democratic Institute, un think tank américain.

Fort de cette expérience, il a apporté un appui technique à différentes missions d’observation avec l’Union africaine, la Cédéao ou encore la SADC.

Au total, Denis Kadima, qui parle cinq langues, a participé à plus de 80 processus électoraux. Ce fut par exemple le cas au Soudan, en Tunisie et, plus récemment, en Côte d’Ivoire où il a conduit la mission conjointe avec le Carter Center lors de la présidentielle d’octobre 2020.

Et pourtant l’opposition et notamment les Églises catholiques et protestantes -qui ne remettent pas en cause ses compétences – se sont farouchement opposées à sa candidature, l’accusant d’être trop proche du chef de l’État, et de ne pas être impartial. L’acharnement à l’imposer n’a fait qu’accroitre les soupçons.

Denis Kadima est issu de la province du Kasaï tout comme le président Félix Tshisekedi mais «c’est son seul point commun avec le chef de l’État», indiquent ses partisans qui demandent à ce qu’il soit jugé sur son travail.

Aussitôt investit, Denis Kadima a promis aux Congolais un processus électoral crédible. Sur ton compte Twitter, le nouveau président de la Céni a remercié le chef de l’État. Et tenté de rassurer en promettant de tenir les élections dans les délais constitutionnels.

Olivier Dioso