Le ministre d’État à la Justice, Guillaume Ngefa, vient de jeter un pavé dans la mare. Lors du briefing de presse à la RTNC, il a dénoncé avec une rare franchise les pratiques douteuses au sein du corps des avocats de la République, notamment dans le cadre du procès opposant l’État congolais à l’ancien président Joseph Kabila. Une sortie qui, au-delà de son effet choc, soulève des questions fondamentales sur la transparence et l’intégrité du système judiciaire congolais.
Guillaume Ngefa affirme avoir refusé de signer des documents dénués de rapport d’audience, insinuant ainsi que certaines procédures auraient été entachées d’irrégularités graves. Ce geste, symbolique mais fort, marque une volonté de rupture avec les pratiques opaques qui gangrènent la justice. Il ne s’agit plus seulement de discours sur la réforme: le ministre pose un acte de résistance administrative, qui pourrait bien faire jurisprudence dans la lutte contre la corruption institutionnelle.
Autre révélation: le paiement de 2,4 millions de dollars aux avocats de l’État aurait été effectué avant son entrée en fonction. Ce détail, loin d’être anodin, soulève des interrogations sur la gestion des fonds publics et sur les critères de sélection des bénéficiaires. Qui a autorisé ce paiement? Sur quelle base? Et surtout, dans quel cadre juridique et procédural? Autant de zones d’ombre qui appellent à un audit rigoureux.
Ce coup de projecteur sur les dysfonctionnements internes du ministère de la Justice est à la fois inquiétant et salutaire. Inquiétant, car il révèle que même les procès les plus sensibles peuvent être entachés de pratiques douteuses. Salutaire, car il montre qu’un ministre peut et doit refuser de cautionner l’inacceptable. Guillaume Ngefa, par son refus de signature, réaffirme que la justice ne peut être un théâtre d’arrangements, mais un espace de rigueur et de vérité.
La RDC est à un tournant. Si les paroles du ministre ne sont pas suivies d’enquêtes, de sanctions et de réformes structurelles, elles risquent de n’être qu’un cri dans le désert. Mais si elles deviennent le point de départ d’une refondation éthique du système judiciaire, alors elles auront marqué l’histoire. Le peuple congolais mérite une justice qui ne se vend pas, qui ne se plie pas, et qui ne se tait pas.
(*) Le titre et les intertitres sont de la rédaction
Jimmy Mukendi (CP)