C’est le lundi 8 novembre 2021 que reprend le procès Matata devant la Cour constitutionnelle. Après la première audience du 25 octobre dernier, on s’attend à ce que la haute Cour s’engage dans le débat de fond sur l’affaire Bukanga-Lonzo pour laquelle l’ancien Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, est mis en cause comme «responsable intellectuel» de sa débâcle. Le jour de l’audience a révélé un procès tendu. L’interpellation, dans les conditions non élucidées du Sud-africain Christo Grobler, à l’aéroport international de N’Djili, est une preuve éloquence des tensions qui entourent ce procès. Une inquiétante nervosité de la Cour et des institutions qui fait de plus en plus craindre un procès juste et équitable.
Pourquoi tant de nervosité dès l’entame du procès Matata Ponyo Mapon dans le cadre de l’affaire Bukanga-Lonzo ? L’explication ne va pas tarder parce que, à n’importe quel prix et quelle que soit la durée, il y aura un verdict qui fixera chacun sur la justesse de ses appréhensions.
L’avocat Laurent Onyemba est l’homme par qui la nervosité du président de la Cour constitutionnelle est apparue au grand jour. En pensant dénigrer le jeune avocat, le professeur Dieudonné Kaluba a porté à la face de l’opinion que la Cour n’est pas à l’aise dans ce procès.
En effet, recadrer un avocat pour une haute Cour est une chose normale. Pour une Cour qui vient dire le droit, on ne s’énerve pas. Bien au contraire, elle rassure de manière pédagogique la défense. Elle ne peut donc pas étaler la méprise pas, parce qu’elle donne la preuve de sa partialité.
Me Onyemba a été peut-être humilié lorsqu’il lui est balancé au visage que « des avocats d’un certain niveau» savent qu’à la haute Cour, la procédure est l’affaire exclusive de la Cour. Le président Kaluba pouvait le dire sans nervosité.
L’incise qui a précédé son recadrage a permis de confirmer auprès des observateurs que le sort de Matata est déjà décidé. La plus haute instance qui va le juger a déjà une idée de ce que devrait être ce procès. Il sera mené à sens unique.
C’est sans étonnement que toutes les exceptions seront balayées sans se faire prier. La défense est avertie. Me Onyemba a joué une bonne partition en faveur de son client. Un pan de voile est désormais soulevé.
La Cour a intérêt d’être l’église au milieu du village et s’imposer la courtoisie. Tous les faits, gestes et paroles lors de ce procès vont démontrer s’il faut faire confiance ou pas au verdict qui en sortira.
Le procès n’est-il pas en direct afin d’en garantir la transparence ? La Cour doit désormais prendre en compte cet élément.
La DGM s’en mêle
Comme pour démontrer que tout sera mené à pas de charge, le troisième prévenu dans cette affaire, le Sud-africain Christo Grobler, directeur général de Africom Com-modities, société gestionnaire du Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, a été interdit de quitter la République Démocratique du Congo pour son pays. Cet homme, qui est venu librement à Kinshasa pour ce procès, s’est vu refuser le droit de repartir. Lui qui vit en Afrique du Sud est obligé d’abandonner ses affaires pendant la période de la remise.
Qui l’héberge ? Est-ce l’Etat congolais ? Rien n’est sûr.
Cette nervosité inquiète tout le monde. Elle risque de donner raison à l’ancien Premier ministre Matata Ponyo Mapon qui, en son temps, avait dénoncé un procès politique devant une justice instrumentalisée. Tous les observateurs attendent d’être contredits.
Des couacs
Qui pis est, le procès Matata est émaillé de couacs des procédures qui énervent le droit. D’abord au niveau de la levée de l’immunité parlementaire, tout a été mené de manière illégale et surtout sans respecter la loi. Pire, au parquet près la Cour constitutionnelle, plusieurs personnalités, associées dans la mise en œuvre du projet Bukanga-Lonzo, ont été superbement ignorées. La Cour ne s’est juste limitée qu’à l’interpellation de Matata et Patrice Kitebi, ministre délégué aux Finances au lancement en 2014 de ce projet. Son successeur à ce poste, Henri Yav Mulang, n’a pas été auditionné par la Cour, tout comme les anciens ministres de l’Industrie, de l’Agriculture et du Portefeuille, sans oublier la sénatrice Ida Kamonyi, ancienne directrice générale du Parc.
Une politique de «deux poids, deux mesures» qui laissera une tâche d’huile à ce procès.
Econews