Joao Lourenco et Sassou Nguesso se concertent a Brazzaville1 large

Processus de Luanda : Sassou-N’Guesso prêt à remplacer Lourenço

Le départ de João Lourenço, désormais à la tête de l’Union africaine, a laissé un vide dans la médiation de la crise dans l’Est de la RDC. Denis Sassou-N’Guesso, président du Congo-Brazzaville, propose de prendre le relais et d’organiser une rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame pour désamorcer les tensions. Une initiative accueillie avec prudence à Kinshasa, où Brazzaville est perçu comme un allié de Kigali. Reste à savoir si cette offre pourra réellement relancer le processus de paix dans la région des Grands Lacs.

Dans le processus de paix, dit de Luanda, le départ du président angolais João Lourenço, désormais à la tête de l’Union africaine (UA), a laissé un vide dans les efforts de médiation en vue d’une sortie de crise dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Face à cette situation, le président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou-N’Guesso, a exprimé son souhait de prendre le relais.

Interrogé par France 24, Sassou N’Guesso a estimé qu’une rencontre entre le président rwandais, Paul Kagame, et son homologue congolais, Félix Tshisekedi, pourrait contribuer à désamorcer les tensions croissantes entre leurs deux pays. Il a souligné l’existence d’un risque réel de guerre régionale et s’est dit prêt à endosser le rôle de médiateur, en remplacement de Joao Lourenço.

QUESTION DIRECTE

Le président Denis Sassou N’Guesso se montre prudent quant à son rôle de médiateur dans la crise opposant la RDC et le Rwanda. Interrogé à ce sujet, il reste évasif : « C’est ce que l’on verra », tout en affirmant entretenir de bonnes relations avec Félix Tshisekedi et Paul Kagame.

Il rappelle toutefois avoir déjà abordé cette question à plusieurs reprises avec les deux chefs d’État : « Nous avons discuté de cette question dans le passé avec les présidents Tshisekedi et Kagame plusieurs fois.» Son engagement semble se préciser lorsqu’il affirme que «les conditions seront créées pour qu’ils se rencontrent» et qu’il considère indispensable un dialogue direct entre les deux dirigeants : «Je ne vois pas comment on peut régler ce problème sans que les deux dirigeants se rencontrent».

Sur la stratégie à adopter, Denis Sassou N’Guesso reste mesuré. Il exprime des réserves quant à l’efficacité des sanctions, estimant qu’elles «n’ont pas toujours réglé les problèmes». En revanche, il ne dévoile pas de solution concrète, se contentant d’affirmer que «ce qui est important, c’est la recherche d’une vraie solution à la crise».

A KINSHASA, BRAZZAVILLE NE RASSURE PAS

À Kinshasa, cependant, cette initiative est perçue avec une certaine réserve. Malgré des relations historiquement cordiales entre la RDC et le Congo-Brazzaville, des divergences existent et sont prudemment dissimulées par les deux capitales. Brazzaville est souvent considérée comme un allié de Kigali que Kinshasa préfère ménager, tandis que, de l’autre côté du fleuve, la RDC est vue comme un voisin influent dont il faut se méfier. En public, les apparences diplomatiques sont soignées, mais en coulisses, la prudence reste de mise.

L’offre de médiation de Denis Sassou N’Guesso pourra-t-elle favoriser un rapprochement entre Tshisekedi et Kagame et ainsi débloquer la crise persistante dans l’Est de la RDC ? C’est tout l’enjeu de cette nouvelle dynamique diplomatique. Pour l’heure, Kinshasa n’a pas encore officiellement réagi à cette main tendue. Si cette initiative venait à être acceptée, elle pourrait marquer un tournant dans le processus de paix dans la région des Grands Lacs, sous l’égide d’un nouvel acteur : Denis Sassou N’Guesso.

UNE CRISE REGIONALE AUX MULTIPLES ENJEUX

La crise dans l’Est de la RDC ne se limite pas à un simple conflit bilatéral entre Kinshasa et Kigali. Elle s’inscrit dans un contexte plus large d’instabilité régionale, impliquant de multiples acteurs, tant locaux qu’internationaux. Le M23, groupe rebelle actif dans la région, bénéficie d’un soutien militaire et logistique qui, selon Kinshasa, provient du Rwanda. Kigali, de son côté, dément ces accusations et pointe du doigt les failles sécuritaires de la RDC comme étant la cause première de l’instabilité dans les Kivus.

L’Angola, sous la présidence de Joao Lourenço, a joué un rôle crucial dans les tentatives de médiation entre les parties en conflit. Avec son départ pour l’Union africaine, la question du leadership dans la médiation devient centrale. Brazzaville pourrait-elle assumer cette responsabilité avec la même efficacité ? Certains observateurs restent sceptiques quant à la capacité de Denis Sassou N’Guesso à obtenir des avancées significatives, notamment en raison des relations ambiguës qu’entretient son régime avec Kigali.

UN SILENCE STRATEGIQUE DE KINSHASA

Le fait que Kinshasa n’ait pas encore officiellement réagi à l’initiative de Sassou N’Guesso en dit long sur la prudence des autorités congolaises. Félix Tshisekedi, en pleine restructuration de sa stratégie sécuritaire, cherche à consolider ses alliances diplomatiques tout en évitant de froisser ses partenaires régionaux. La méfiance vis-à-vis de Brazzaville pourrait retarder l’acceptation d’une telle médiation.

En parallèle, la communauté internationale, notamment les Nations unies et l’Union africaine, suit de près l’évolution de la situation. Une médiation mal engagée pourrait non seulement échouer à résoudre la crise, mais également exacerber les tensions existantes. C’est pourquoi toute initiative diplomatique devra être minutieusement préparée et accompagnée d’un engagement ferme de toutes les parties concernées.

Alors que l’Est de la RDC continue de vivre sous la menace d’une escalade militaire, la diplomatie semble être la seule voie viable pour éviter un embrasement régional. Reste à voir si Denis Sassou N’Guesso parviendra à imposer son empreinte sur ce dossier brûlant et à convaincre toutes les parties prenantes d’adhérer à son initiative.

Econews

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Verified by MonsterInsights