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Mutamba et Nicolas Kazadi dans la tourmente : la grande purge ! Qui sera le prochain chez le PG Mvonde ?

Le ministre d’Etat en charge de la Justice, Constant Mutamba, rattrapé par une affaire de détournement présumé liée à la construction d’une prison à Kisangani (39 millions USD, dont 19 déjà versés à une entreprise choisie sans appel d’offres), devra bientôt comparaître devant le procureur général Firmin Mvonde – qu’il avait publiquement défié quelques jours plus tôt. Dans le même temps, l’ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi, s’expose à des poursuites pour divulgation de secrets d’État après avoir qualifié le régime Tshisekedi de « jouisseurs » dans une interview explosive. Deux affaires hautement symboliques qui placent la justice congolaise devant un choix historique : prouver son indépendance ou confirmer son asservissement au pouvoir politique. La crédibilité des institutions et l’espoir d’une véritable lutte contre l’impunité se jouent désormais dans le cabinet de Firmin Mvonde, procureur général près la Cour de cassation.

Le paysage politique congolais traverse une période de turbulences sans précédent avec la mise en cause de deux figures majeures du régime : Constant Mutamba, ministre d’État en charge de la Justice et Garde des Sceaux, ainsi que Nicolas Kazadi, ancien ministre des Finances et député national.

Ces deux affaires, qui éclatent simultanément, placent la justice congolaise devant un défi historique : prouver son indépendance face au pouvoir politique.

LE GARDE DES SCEAUX DANS L’OEIL DU CYCLONE

Le dossier qui accable Constant Mutamba concerne un projet de construction d’une prison à Kisangani, chef-lieu de la Tshopo, dont le coût exorbitant – 39 millions de dollars américains soulève de sérieuses interrogations.

Les investigations ont révélé que 19 millions de dollars US avaient déjà été versés à l’entreprise Zion Construction, choisie sans appel d’offres public, dans des conditions opaques qui sentent bon le favoritisme et la surfacturation.

Jeudi 29 mai, l’Assemblée nationale a franchi un pas décisif en levant l’immunité parlementaire du ministre, sur la base du rapport accablant d’une commission spéciale. Cette décision ouvre la voie à l’instruction devant le Parquet général près la Cour de cassation, dirigé par Firmin Mvonde, que Constant Mutamba avait publiquement défié quelques jours plus tôt dans son propre bureau du Palais de Justice.

«Cette situation est particulièrement symbolique, Le ministre de la Justice, normalement garant de l’indépendance de l’appareil judiciaire, se retrouve dans la position d’un justiciable comme les autres. C’est un test crucial pour notre démocratie», note un avocat et observateur judiciaire.

NICOLAS KAZADI DANS LA TEMPETE

Dans un autre registre mais tout aussi explosif, l’ancien ministre des Finances Nicolas Kazadi doit répondre de graves accusations. Le PG Mvonde a sollicité la levée de son immunité parlementaire pour deux chefs d’inculpation : divulgation de secrets d’État et propagation de faux bruits.

La source du problème remonte à une interview explosive accordée à la journaliste Paulette Kimuntu, dans laquelle l’ancien argentier de la nation avait qualifié sans ambages les dirigeants du régime Tshisekedi de «jouisseurs » qui se partageraient l’argent public avant même la réalisation des projets. Des propos qui, s’ils ne sont pas étayés par des preuves tangibles, pourraient valoir à leur auteur de sérieux ennuis judiciaires.

« Nicolas Kazadi a toujours eu la langue bien pendue. Mais cette fois, il est allé trop loin en mettant en cause l’intégrité de tout le régime. Soit il apporte des preuves, soit il en subira les conséquences », rappelle un député de la majorité.

UNE PURGE POLITIQUE OU UN REEL ASSAINISSEMENT ?

La concomitance de ces deux affaires sensibles alimente toutes les spéculations. Pour certains observateurs, il s’agirait d’une opération de «nettoyage » visant à écarter des éléments devenus encombrants pour le pouvoir. Pour d’autres, c’est le signe que la justice commence enfin à jouer son rôle de contre-pouvoir, indépendamment des considérations politiques.

« Ce qui est en jeu, c’est la crédibilité même de notre système judiciaire.

Si ces procédures aboutissent à des conclusions transparentes et équitables, avec des sanctions proportionnées le cas échéant, ce sera un immense pas en avant. Dans le cas contraire, ce ne sera qu’un simulacre de plus », estime un juriste.

LE PEUPLE EN ATTENTE DE VERITE

Dans les rues de Kinshasa comme sur les réseaux sociaux, l’opinion publique est partagée entre scepticisme et espoir.

«On nous a trop souvent fait le coup des grandes enquêtes qui n’aboutissent à rien », soupire Marcel, un commerçant de la commune de Gombe, avant d’ajouter : «Mais si cette fois des gros poissons sont vraiment dans le viseur, peut-être que les choses commenceront à changer».

Pour la Société civile, ces dossiers représentent une occasion unique de tourner la page des pratiques opaques. «La balle est dans le camp de la justice», martèle un activiste.

Mais aussi dans celui du pouvoir politique : laissera-t-il la justice faire son travail jusqu’au bout, quelles qu’en soient les conséquences ?

Quel que soit le dénouement de ces deux affaires, une chose est certaine : celles-ci affaires marqueront durablement le paysage politique congolais.

Elles constituent un test décisif pour le pouvoir, qui avait fait de la lutte contre la corruption et l’impunité l’un de ses principaux chevaux de batail.

ECONEWS