Nzuka

Redressement productif et gouvernance responsable : au-delà des polémiques (Tribune de Nzuka Mapengo)

Dans cette tribune, Nzuka Mapengo répond avec fermeté et pédagogie aux récentes attaques visant les ministres Daniel Mukoko Samba (Economie) et Adolphe Muzito (Budget), accusés de mauvaise gestion économique. L’auteur dénonce une campagne de désinformation qui, sous couvert de critique, nuit au débat public en privilégiant le pamphlet polémique à l’analyse sérieuse. Plutôt que de céder à la polémique, Mapengo replace le débat sur le terrain des faits et des résultats. Il défend le tandem « stabilité macroéconomique et expansion budgétaire » comme nécessaire à la transformation de la RDC, et dresse un bilan des acquis concrets des deux ministres. L’article se focalise ensuite sur la réforme courageuse du secteur pétrolier, initiée par le gouvernement Suminwa, qui a permis en un an de réduire drastiquement la dette de l’État et d’augmenter massivement les recettes fiscales. L’auteur y voit la preuve d’un « redressement productif » en marche et démonte point par point, preuves à l’appui, les accusations de « sociétés fictives » et de gestion opaque, révélant un processus collégial et transparent. Un plaidoyer pour une gouvernance responsable qui privilégie les résultats aux rumeurs et appelle à un débat constructif pour l’avenir économique du pays. Tribune.

Il y a moins de deux mois, j’expliquais la logique de la fixation des prix sur le marché, en soulignant que la vigilance citoyenne, lorsqu’elle se transforme en attaques infondées, souvent motivées par des intentions de désinformation politicienne, intrigante et intéressée, finit par desservir le débat public. Je ne croyais pas si bien dire. Une récente tribune, assimilant Daniel Mukoko Samba et Adolphe Muzito à deux « mauvaises mains » sur le volant de l’économie nationale, m’en donnait à nouveau le discours. La semaine dernière une autre capsule s’invitait à la rengaine pour accuser Mukoko Samba, toujours lui, de manipulation des données sur la gestion des manques à gagner dans le secteur pétrolier. Trois accusations graves :

  1. Séquestration des pétroliers ;
  2. Chiffres trafiqués ;
  3. Sociétés fictives et entreprises inexistantes et sans titre d’exploitation prises en compte.

Et j’en fini par me remémorer le jugement fait par le peuple entre Jésus et Barabbas. Se taire et ne rien dire équivaudrait à donner des primes à la médisance. Aussi dans le souci de préserver notre hygiène mentale élémentaire, mieux vaudrait donner la vraie information. C’est à cet exercice que je me livre au travers de ce papier.

STABILITE MACRO ET EXPANSION BUDGETAIRE, UN TANDEM NECESSAIRE

De la critique sur les actions de Mukoko et d’Adolphe Muzito j’en dirai que si elle a le mérite d’alimenter la discussion publique, elle pèche par son ton caricatural et l’absence d’alternatives crédibles. J’aurais aimé y trouver la profondeur d’analystes comme en fait Pape Demba Thiam, qui ne se contente pas de dénoncer mais proposent des voies concrètes pour sortir des impasses. L’avenir économique de la RDC ne se joue pas dans les slogans ni dans la satire, mais dans la construction progressive de solutions adaptées à nos réalités.

A l’heure où la République démocratique du Congo fait face à des défis de transformation structurelle et de modernisation économique, il est essentiel de replacer le débat sur un terrain des faits, des résultats et des solutions réalistes. Toute évaluation de performance d’un ministre suppose en amont, la définition claire d’une métrique adaptée aux objectifs visés et non par la subjectivité. Une tribune polémique ne doit pas être confondue avec une feuille de route économique réaliste. La comparaison avec les « Dupond et Dupont » ou l’idée d’une « stabilité toxique » comme décrite dans la publication, relèvent davantage du pamphlet que de l’analyse économique sérieuse. Gouverner n’est pas manier le sarcasme, c’est produire des résultats mesurables pour l’investissement, l’emploi et la croissance.

Sur ce terrain, il serait injuste d’ignorer les acquis. Daniel Mukoko a modernisé la gestion des finances publiques, en lançant la bancarisation de la paie qui a permis à l’État d’économiser plusieurs centaines de millions de dollars en réduisant les détournements. Adolphe Muzito, pour sa part, a maintenu la stabilité macroéconomique après l’hyperinflation du début des années 2000, ramenant l’inflation annuelle à moins de 10 % dès 2009. Ces acquis, certes imparfaits et perfectibles, constituent des fondations sur lesquelles s’appuie toute stratégie sérieuse de transformation.

Qualifier la stabilité de « stérile » est une erreur d’analyse. La stabilité réduit le risque, rassure les investisseurs et conditionne l’arrivée de capitaux privés. De même, le projet de doubler le budget n’est pas une fuite en avant, mais une nécessité pour financer la reconstruction d’un pays longtemps sous-investi. L’enjeu n’est pas de pressurer davantage les contribuables, mais d’élargir l’assiette fiscale, de digitaliser la collecte et de réallouer les dépenses vers les secteurs stratégiques : agriculture, énergie, infrastructures logistiques. Sur le terrain de nouvelle imposition, des miches existent encore permettant de rêver d’un accroissement des recettes.  A la douane, rien que dans les accises, les impositions sur le commerce électronique ne sont pas encore développées dans notre pays, pourtant une mine importante sur laquelle se tournent certains pays pour accroitre les recettes intérieures.

Plutôt que d’importer des modèles venus d’Asie ou d’Europe, la RDC doit construire sa propre voie, faire du REDRESSEMENT PRODUCTIF.  Cela signifie, renforcer la souveraineté alimentaire, désenclaver les zones de production, transformer localement ses ressources naturelles, diversifier par les zones économiques spéciales, investir massivement dans le capital humain. Dans ce schéma, l’État assume son rôle de stratège et oriente les priorités, tandis que le secteur privé et les collectivités locales en assurent l’exécution.

La RDC n’a pas besoin de procès d’intention, mais d’un débat sérieux, basé sur des critères mesurables et des choix responsables. L’expérience de Mukoko et Muzito, loin d’être une tare, demeure un atout dès lors qu’elle s’accompagne d’une vision modernisée, d’outils fiscaux intelligents et d’un partenariat clair avec le secteur privé.

Stabilité pour investir, budget pour transformer : voilà la voie vers une économie plus robuste et inclusive. Ce cap dépasse les noms propres des individus. Il engage une génération entière de décideurs et de citoyens appelés à rêver ensemble pour bâtir, la prospérité congolaise. « Achivers are dreamers », comme le dit Kim Bum-Il.  On peut critiquer les approches, mais on ne peut nier que Mukoko et Muzito ont une expérience concrète et des résultats tangibles là où beaucoup n’ont que des théories ou deviennent aphones. Ils ont l’avantage de rêver d’un nouveau Congo.

DE LA GOUVERNANCE PETROLIERE

Peu de Congolais savent que le secteur pétrolier est un secteur administré. Depuis des décennies, l’État a pris en charge une partie des coûts pour maintenir les prix à la pompe à un niveau supportable pour la population. En théorie, la parafiscalité ne devrait jamais être négative. Mais, pour préserver la paix sociale, l’État a souvent renoncé à une partie de ses recettes.

C’est ainsi qu’est apparue la notion de « manques à gagner ». Chaque fois que les prix mondiaux du pétrole ou le taux de change évoluaient défavorablement, les sociétés importatrices enregistraient des pertes après la vente locale. L’État s’engageait alors à compenser ces pertes afin de garantir l’approvisionnement du marché.

Pendant longtemps, le discours public s’est limité à ces pertes, sans jamais évoquer les périodes où l’État pouvait être bénéficiaire. Ce système a favorisé des pratiques opaques et une dépendance croissante vis-à-vis des importateurs. Malgré des mesures successives — mutualisation des stocks, mise à disposition de devises, sociétés à économie mixte — l’État restait pris en otage par un petit groupe d’opérateurs.

LA RUPTURE INITIÉE PAR LE GOUVERNEMENT

Cette situation aurait pu perdurer sans la volonté de réforme du Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi. Sous ses instructions, le Gouvernement Suminwa a engagé un processus rigoureux de remise en ordre.

Les résultats sont tangibles : en une année seulement, la dette de l’État envers les pétroliers est passée de 287 millions USD à 31 millions USD. Parallèlement, une révision minutieuse de la structure des prix a permis d’éliminer des charges injustifiées, ce qui a entraîné une baisse du prix à la pompe. Dans le même temps, la collecte fiscale sur les produits pétroliers s’est améliorée. La fiscalité pétrolière a rapporté en aout dernier CDF 63.697.207.052 alors qu’en juillet dernier elle n’avait ramené que CDF 3.963.138.602. L’accroissement ici est de 1.506%. FONER, pour l’entretien des routes a vu ses recettes passer de CDF 31.490.618 en juillet 2025 à 51.743.337.491 en août de la même année, soit un accroissement de 64%.

Bien mieux, les progrès constatés dans la mobilisation et la maximisation des recettes pétrolières des zones minières marquent un tournant décisif pour les Finances publiques de l’Etat qui va désormais consolider cet élan dans l’ensemble du pays. En effet, les miniers ne bénéficient plus des exonérations et facilités comme les consommateurs. Ordinaires. Ces avancées ont montré qu’une gestion rigoureuse pouvait libérer l’État d’un système de rente qui profitait à une minorité au détriment de l’intérêt général.

Naturellement, ceux qui bénéficiaient de ces dérives cherchent à freiner les réformes. C’est dans ce contexte qu’apparaissent les accusations contre Mukoko Samba, accusé tantôt de « séquestrer » les pétroliers, tantôt d’introduire des « sociétés fictives ». Ces affirmations relèvent plus de la campagne de dénigrement que de la réalité. Elles visent à discréditer un acteur qui applique la vision du Chef de l’État en matière de redressement productif.

Il est faux de prétendre que la certification des créances se fait de manière individuelle et opaque. En réalité, ce processus est collégial et interinstitutionnel. Il réunit la Présidence de la République, la Primature, les ministères de l’Économie, des Finances et des Hydrocarbures, la Banque Centrale du Congo, la douane (DGDA), ainsi que les associations professionnelles des sociétés pétrolières et la Fédération des Entreprises du Congo.

Ce comité a pour mandat d’évaluer avec précision les pertes des sociétés importatrices, mais aussi d’identifier les gains dus à l’État. Les rapports sont validés par l’ensemble des parties prenantes, garantissant ainsi leur authenticité, leur traçabilité et leur transparence. Un tel dispositif exclut par nature l’inscription de sociétés fictives ou d’entreprises sans titre d’exploitation.

POUR UNE RESPONSABILITÉ ACCRUE

Dans un pays où la rumeur prend souvent le pas sur les faits, il est nécessaire que le Parlement et la justice renforcent les dispositions contre les imputations dommageables. La réforme de l’économie nationale, du secteur pétrolier, en particulier, mérite un débat sérieux, transparent et constructif. Elle ne doit pas être noyée dans les campagnes de désinformation d’une presse au service des détracteurs de tout bord et au petit offrant et vivant des expédients puorris.

Alors qu’on s’attendait ce samedi à la publication de la fameuse enquête devant dévoiler les inepties de Mukoko Samba, ce matin, les membres du cabinet ont plutôt reçu un message émanant pour les uns du numéro de Monsieur Samuel Mutoni +243904323094 et pour d’autres du numéro WhatsApp d’un certain Monsieur Widjima vivant en France, +243835291428. Voici ci-après le message reçu et que chacun porte son jugement. « Bonjour, dans le cadre de notre enquête sur la certification des manques à gagner des pétroliers et la régularité des sociétés bénéficiaires de cette mesure, nous avons préparé une série de questions destinées au Ministre avant toute publication. Après vérification, ce numéro semble être celui du chargé de communication du Ministre. Serait-il possible de vous transmettre cette liste de questions afin que vous puissiez la relayer au Ministre ? Sans retour de votre part dans les délais raisonnables, nous procéderons à la publication de l’enquête en l’état. ».

Le redressement de l’économie nationale exige rigueur, continuité et courage politique. Il n’y a pas de place à la complaisance.

NZUKA MAPENGO (CP)

 

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