Malgré tout ce qui les divise, Matata Ponyo Mapon, sénateur, élu de Maniema, a été parmi les tout premiers leaders de l’opposition à adhérer au message du Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Son soutien est sincère et sans contrepartie, a-t-il repris dans un entretien avec la radio Okapi. Matata ne transige donc pas sur la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République Démocratique du Congo. C’est le moment, pense-t-il, pour le peuple congolais de se ranger, loin de ses divergences, aussi bien derrière les forces de défense et de sécurité que le Président de la République pour contrer la menace de l’Est, charrié par les terroristes du M23, équipés et soutenus par le Rwanda.
Sans se dédire, Matata réaffirme sa pleine adhésion au message du Chef de l’Etat pour «une mobilisation de l’ensemble de Congolais». Il est convaincu d’une chose : «Je voudrais souligner qu’il n’y a pas une meilleure armée dans le monde que l’âme, l’esprit et la détermination d’un peuple. On l’a vu dans l’histoire des grandes armées dans le monde entier, lorsque le peuple résiste, même les meilleures armées échouent». Interview.
Vous réaffirmez votre soutien aux FARDC et au commandant suprême, le Président Tshise-kedi, qu’est-ce qui motive votre position actuelle ?
Ecoutez, le pays est en guerre. Et tout le monde sait que l’objectif ultime de cette guerre, c’est déposséder la République Démocratique du Congo d’une partie de son territoire, et ça je crois ça touche au cœur, à l’âme et à l’esprit de tout Congolais. Si moi, M. Matata, par souci de patriotisme, par souci d’efficacité de notre armée, je soutiens l’armée, je ne peux pas ne pas soutenir le commandant suprême. Quelles que soient les divergences de vue, quelles soient les divergences d’idéologie, si vous soutenez une armée, vous devez absolument soutenir le commandant suprême qui dicte les instructions à cette armée.
A comprendre votre position actuelle, vous n’êtes plus dans l’opposition, maintenant vous travaillez avec le Président Tshisekedi ?
Non Michel (Ndlr : journaliste de radio Okapi qui réalise l’interview), je peux vous réaffirmer que mon parti, le LGD, ainsi que moi-même qui en suis le président, nous demeurons dans l’opposition. Mais il faut faire la part des choses. Ici nous sommes dans une situation qui met la nation en danger. Dans le monde entier, on a vu, lorsque les Nations sont en danger, il n’y a pas d’opposition, il n’y a pas de majorité; il y a l’âme du pays. Et l’âme et l’esprit du pays n’ont pas de coloration politique.
Aujourd’hui, je suis dans l’opposition. L’objectif de notre parti, c’est de diriger un jour. Mais est-ce que vous allez diriger un pays qui est coupé de l’Est du pays ? Non ! Donc nous devons d’abord, tous, rester unis pour que le pays reste en entier pour que demain quand vous allez prendre le pouvoir, que vous ayez un pays qui est entier.
Donc vous partagez la position du gouvernement congolais qui indexe le Rwanda d’être l’agresseur de la RDC sous couvert du M23 ?
Tout le monde sait que le M23 est un mouvement téléguidé par le Rwanda. C’est le Rwanda lui-même qui est l’agresseur. Et je ne le dis par passion comme le feraient d’autres personnes, je le dis en tant qu’un ancien Premier ministre.
Justement en 2013, quand vous étiez Premier ministre, les FARDC ont réussi à défaire le M23 et vous avez joué un rôle prépondérant en tant que chef du Gouvernement. Quel a été votre secret à l’époque ?
J’ai été à Bunagana, j’ai pris le risque d’arriver sur le terrain. En résumé, il y avait un problème de gouvernance et un problème de leadership. Sous le leadership du président de la République de l’époque, le président Kabila, nous avons pris des dispositions pour améliorer la gestion de nos troupes qui étaient sur place. Nous avons aussi pris des dispositions pour les commandements, et donc le leadership. La conséquence, c’est que les troupes qui étaient au front étaient plus efficaces qu’avant. Et avec l’appui en arrière, des forces de la MONUSCO, ce sont les forces armées congolaises qui ont bouté dehors le M23. Ces mêmes forces armées sont en mesure de rééditer l’exploit si le leadership de qualité et la gouvernance de qualité sont assurées.
Serez-vous disposé, puisque vous avez l’expérience, à apporter votre expertise au Président de la République et au Gouvernement si on vous le demandait ?
Bon écoutez, ce n’est que normal ! J’ai déjà apporté ma contribution en apportant le soutien pour une mobilisation de l’ensemble de Congolais. Et là, je voudrais souligner qu’il n’y a pas une meilleure armée dans le monde que l’âme, l’esprit et la détermination d’un peuple. On l’a vu dans l’histoire des grandes armées dans le monde entier, lorsque le peuple résiste, même les meilleures armées échouent.
S’il y a des conseils qu’il faut donner, je pense que ce n’est pas seulement l’appui de M. Matata, l’appui de l’ancien président de la République, de l’ancien ministre de la Défense de l’époque, de l’ancien chef d’Etat-major général des Forces armées de l’époque, du Premier ministre. C’est tout à fait normal parce que nous avons le secret au travers lequel nous avons bouté le M23 dehors (Ndlr : en 2013). Et si on nous demande ce secret, on le donne aussi par nationalisme, par patriotisme, parce que personne n’acceptera qu’un mètre-carré de la RDC soit soustrait.
La toute dernière question, vous fustigez l’inaction de la communauté internationale face à cette agression rwandaise. A votre avis, que devrait devenir le mandat de la MONUSCO en République Démocratique du Congo ?
Toute la population congolaise attend que la MONUSCO dénonce, qu’on dise la vérité, parce que c’est un secret de polichinelle. Tout le monde sait que c’est le Rwanda, mais pourquoi les Nations Unies ne veulent pas le dire ? 1. Il faut que les Nations Unies dénoncent l’agresseur. 2. Il faut que les Nations Unies puissent demander à l’agresseur de se retirer. Troisièmement,il faut que les Nations Unies puissent soutenir ce qu’on appelle la réforme des Forces armées congolaises, la réforme de la Police. Enfin, il faut absolument que les Nations Unies puissent soutenir l’amélioration de leadership et la gouvernance de qualité, puisque tout est fonction de là.
Entretien réalisé par RO et décrypté par Tighana M.