Longtemps présentée pour besoin de propagande comme la recette miracle pour sortir le pays de l’isolement, la diplomatie dite agissante aura finalement accouché d’un mirage, plongeant ainsi le pays dans un vide diplomatique qui couvrira de honte et ceux qui l’ont initiée, et ceux qui l’ont encensée en dépit de nombreuses mises en garde de l’opinion publique.
En son temps, des voix s’étaient élevées pour dénoncer et non sans raison, l’adhésion impulsive de la RDC à l’organisation sous-régionale (Est African Community – EAC), qui n’était ni opportune ni urgente. Hélas, personne n’a été écouté. Résultat : le pays paie cash en devenant otage de ses engagements hasardeux; conséquence d’une diplomatie émotionnelle agissant à tâtons.
L’adhésion de la RDC a été vendue au public avec un catalogue embelli des promesses dont aucune n’aura été tenue, jusqu’hier quand la délégation congolaise au sommet d’Arusha a subi un pitoyable revers.
On aura ainsi entendu, depuis le début, une réthorique adhésionniste fondée sur des fausses prémisses : «L’adhésion à l’EAC est la consécration d’une stratégie diplomatique orientée, dès les premières heures du quinquennat, vers les voisins de la RDC»; «Pourquoi nous battre encore pour la terre, l’EAC est désormais notre Nation commune»; «L’adhésion de la RDC à cette communauté était la réponse à une demande pressante des Congolais vivant à l’Est du pays où s’exercent d’intenses activités commerciales»; «La RDC a adhéré de bonne foi à l’EAC pour faciliter le commerce transfrontalier. Cette décision a été mûrement réfléchie».
Quant à la Force régionale, ses défenseurs n’ont pas tari d’explications dans une cacophonie hors du rationnel : « La Force régionale entrera par Bunagana pour neutraliser le M23 »; «Les armées de l’EAC ont un mandat offensif », etc.
Et enfin, après la désillusion, les armées de l’EAC doivent partir.
Que dire ?
En esquivant le sommet d’hier à Arusha et en y dépêchant ses ministres, le Président de la République a expressément évité d’être confronté aux conséquences logiques de ses ambiguïtés diplomatiques et de ses choix hasardeux qui auront plongé le pays dans une inextricable impasse dont il ne peut sortir par ses simples incantations. Le refus de proroger le mandat de la Force régionale n’est pas un acte patriotique. Loin de là. Il s’agit d’un caprice d’enfant, face à l’échec cuisant d’une ligne diplomatique bâtie sur les incohérences.
Eu regard aux modalités de fonctionnement de l’EAC, sa Force régionale reste là et demeure. Elle ne va pas partir et ne sera pas non plus déguerpie, au 8 décembre 2023. D’où, l’impasse. Entre-temps, on parle de la SADC, qui serait en route. Pour combien de temps ? Avec quel mandat? Et si ça ne marche pas avec la SADC, on fait comment ? On adhère à la CEDEAO, à la Ligue Arabe ou à l’Union Européenne, dans le cadre de la diplomatie agissante ?
Tel est pris qui croyait prendre. Qui trop embrasse, mal étreint.
Aujourd’hui, c’est le Congo qui perd, tête baissée, face à ses voisins qui s’en moquent. Il n’est pas sorti et ne sait pas sortir de l’EAC ni déloger sa force. En conséquence, la balkanisation est consacrée par celui-là même qui a pour rôle constitutionnel de défendre notre souveraineté et l’intégrité de notre territoire.
Claudel-André Lubaya