Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a affirmé, mercredi à Marrakech, que la Russie soutient une solution durable sur la base des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU pour résoudre le conflit autour du Sahara marocain.
«Nous soutenons l’atteinte d’une solution durable sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU et nous comptons poursuivre notre attachement à cette ligne de principe visant à progresser et à parvenir à des décisions adéquates» au sujet de la question du Sahara marocain, a déclaré M. Lavrov, lors d’un point de presse conjoint avec le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, à l’issue d’entretiens bilatéraux au terme de la 6ème édition du Forum de coopération Russie-Monde Arabe.
Le chef de la diplomatie russe a également fait part du soutien de la Fédération de Russie aux efforts de médiation de l’Envoyé personnel du secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara, Staffan de Mistura.
Les attentes de Bourita
Dans un autre registre, le chef de la diplomatie marocaine a appelé à une coopération efficace et à la hauteur des forums et partenariats régionaux qu’organise la Russie. Il a estimé que ce forum a atteint maturité et qu’il fallait aller au-delà. Le ministre s’est intéressé à plusieurs problématiques, d’ordre bilatéral, multilatéral, des conflits actuels dans la région arabe…
Plusieurs recommandations ont été formulées à l’adresse des participants, notamment le rôle que la Russie peut jouer en tant que médiateur.
«Il ne fait aucun doute que la coopération arabo-russe a connu un développement tangible depuis l’établissement des bases du partenariat entre les deux parties en 2009. Au fil des sessions, jusqu’à celle d’aujourd’hui, notre forum a atteint un stade de maturité, nourri d’un consensus sur son importance et son efficacité en tant que cadre de dialogue et de coopération, à la hauteur des aspirations et des attentes», a-t-il commencé par déclarer. Et d’ajouter que cette réunion est une occasion appropriée pour évaluer le cheminement de la coopération arabo-russe, évaluer ses forces, remédier à ses lacunes, enrichir son contenu et moderniser ses méthodes de travail.
Il a dans ce sens proposé de réfléchir au cadre régissant la coopération entre les deux parties, dans le but de la faire passer du schéma traditionnel de délibération politique au stade du dialogue stratégique.
L’ouverture aux instances et acteurs économiques et culturels à travers la mise en place d’un «forum économique et culturel», comme c’est le cas dans le Forum de coopération russo-africaine, a également été évoquée par le ministre, qui a affirmé que «cela permettrait d’aller au-delà de la logique du dialogue diplomatique classique, vers des modèles de coopération innovants et tangibles».
Nasser Bourita a, en outre, proposé de bénéficier des expériences et des meilleures pratiques des partenariats régionaux, notamment du Forum «russo-islamique» et du «Forum de coopération russo-africaine» pour améliorer ces réunions.
Le Maroc, qui fait partie aussi d’un autre partenariat régional avec la Russie, à savoir le Forum de coopération russo-africain -, a appelé à ce que le niveau du partenariat avec les nations arabes soit tout aussi développé.
Une réflexion collective pour tracer une feuille de route pour un partenariat réussi et efficace afin de faire progresser ce forum au niveau d’un dialogue stratégique arabo-russe, qui sera un véritable espace de coordination et de partenariat constructif, pratique pour servir les intérêts des parties prenantes, a aussi été évoquée.
«Compte tenu de la place de la Fédération de Russie dans la communauté internationale, de son rôle régional actif, de ses relations étroites avec le monde arabe et de sa connaissance approfondie de sa réalité, nous voyons en Russie un partenaire capable de jouer un rôle constructif dans résoudre ces problèmes, conformément aux principes de solidarité effective et d’influence positive», a indiqué Nasser Bourita à l’adresse de son homologue russe, Sergei Lavrov, dans une invite à faire de la Russie une force de proposition et de médiation positive dans le règlement des problématiques entre Etats arabes.
Sur le sujet des conflits dans la région, le ministre a rappelé que cela n’échappait à personne que cette réunion se déroulait en même temps que la vague continue armée contre la bande de Gaza, soulignant les milliers de victimes civiles, l’état de siège, et la destruction complète de la zone.
«Le Roi Mohammed VI, a précédemment appelé, sur la base de l’engagement de Sa Majesté en faveur de la paix, et en sa qualité de Président du Comité Al-Qods, à une action collective depuis sa position pour réduire l’escalade et établir un et un cessez-le-feu contrôlable, assurer la protection des civils et ne pas les prendre pour cibles, et permettre l’acheminement de l’aide humanitaire sans heurts et en quantité suffisante», a-t-il rappelé, en insistant sur la relance de la solution à deux Etats pour mettre fin au conflit.
«Nous avons également de grands espoirs que la situation se stabilisera dans toutes les régions du monde arabe en accordant la primauté au dialogue et aux initiatives pacifiques», a-t-il affirmé, ajoutant que le Roi Mohammed VI a souligné à plusieurs reprises qu’il n’y a pas d’alternative à une véritable paix dans la région qui garantisse aux Palestiniens leurs droits légitimes dans le cadre de la solution à deux États, et qu’il n’y a pas d’alternative à un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale.
S’agissant du dossier libyen, il a fait part de l’attente avec impatience que les chapitres du processus politique en Libye soient achevés le plus rapidement possible, par les frères libyens eux-mêmes, en organisant des élections électorales à la date spécifiée, loin des influences et ingérences extérieures, ce qui constituera le début d’une nouvelle phase dans ce pays frère, fondée sur la stabilité, la légitimité et la réactivité aux exigences du peuple libyen.
Enfin, sur le volet bilatéral, le chef de la diplomatie a assuré que le Maroc considère ce Forum «comme une extension des relations historiques existant entre le Maroc et la Russie », expliquant que ces relations, enracinées dans l’Antiquité depuis plus de deux siècles, ont toujours été caractérisées par le dialogue, la coopération, l’appréciation et le respect et qu’elles ont connu un saut qualitatif, suite aux deux visites officielles effectuées par du Roi Mohammed VI en Russie au cours des années 2002 et 2016.
Nasser Bourita, a également évoqué le partenariat commercial entre les deux pays, soulignant que le Maroc occupe la troisième place sur la liste des cinq partenaires commerciaux les plus importants de la Russie sur le continent africain. «Ce rang reste, à notre avis, en deçà de notre ambition et de notre volonté de porter ce partenariat stratégique à des niveaux plus élevés et à des horizons plus larges», a-t-il fait remarquer.
Et d’ajouter que l’implication du Maroc dans le renforcement et le développement du Forum arabo-russe à tous les niveaux «n’est qu’une expression de notre volonté de développer les relations multidimensionnelles liant le Royaume du Maroc à la Fédération de Russie».
Avec Hespress
