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Sahara marocain : Washington soumet un projet de résolution entérinant le plan d’autonomie

Les États-Unis ont soumis au Conseil de sécurité un projet de résolution entérinant l’initiative marocaine d’autonomie, présentée par le Maroc en 2007, comme seule base sérieuse et réaliste pour parvenir à un règlement politique durable de la question du Sahara.

Washington confirme son engagement en faveur du plan d’autonomie du Maroc. Selon des sources diplomatiques à New York, les États-Unis ont distribué aux membres permanents du Conseil de sécurité une nouvelle version de projet de résolution sur le Sahara, qui désigne clairement la proposition marocaine comme « le fondement le plus crédible et le plus pragmatique » pour clore définitivement le différend.

Le texte appelle toutes les parties concernées, Maroc, Polisario, Algérie et Mauritanie, à reprendre sans conditions préalables les négociations interrompues depuis plusieurs années. Il précise que « l’autonomie sous souveraineté marocaine » représente la voie la plus viable pour atteindre une solution politique mutuellement acceptable, après près d’un demi-siècle de blocage.

Une évolution notable au sein du Conseil de sécurité

Le projet américain bénéficie déjà du soutien de plusieurs puissances occidentales, notamment la France, le Royaume-Uni et l’Espagne, qui siègent au sein du groupe informel des «amis du Sahara occidental ». Cette convergence diplomatique vise à accélérer le processus onusien avant la fin du mandat actuel de la MINURSO, dont Washington propose la prolongation jusqu’au 31 janvier 2026.

Le texte renouvelle également la confiance du Conseil dans le rôle du Secrétaire général et de son envoyé personnel, Staffan de Mistura, chargé de relancer les tables rondes entre les quatre parties d’ici la fin de l’année 2025. L’objectif affiché est d’aboutir, avant l’expiration du mandat de la mission onusienne, à un accord fondé sur le plan d’autonomie marocain.

Le projet de résolution prévoit enfin que le Secrétaire général présente un rapport intermédiaire dans les six semaines suivant le renouvellement du mandat, puis une évaluation finale avant son terme, afin de déterminer les suites à donner à la mission.

Massad Boulos réitère la position des Etats-Unis

Dans le même registre, M. Massad Boulos, Conseiller spécial pour l’Afrique du Président des Etats-Unis, a réitéré le soutien maintes fois exprimé par Washington à la souveraineté du Maroc sur son Sahara et au Plan marocain d’autonomie comme « la seule base pour une solution juste et durable » à ce différend régional.

Dans une interview à la chaîne d’information arabophone «Acharq», M. Boulos a tenu à souligner le soutien clair et sans équivoque du Président américain Donald Trump reconnaissant la souveraineté du Royaume sur son Sahara, tout en rappelant que Washington compte ouvrir prochainement un consulat américain dans les Provinces du Sud du Royaume.

Le Conseiller américain a également estimé qu’ «il était temps d’aboutir à une solution définitive et permanente » à ce différend régional vieux de 50 ans, évoquant à cet égard le contenu «historique » du dernier discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion de la Fête du Trône, dans lequel le Souverain a exprimé l’«attachement inébranlable » du Royaume à la politique de la main tendue en direction de l’Algérie.

Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU devra examiner à la fin du mois la question du Sahara marocain, M. Boulos a fait savoir que les Etats-Unis œuvrent avec « un grand nombre de partenaires européens » en vue d’une solution définitive et consensuelle à ce dossier au niveau des Nations Unies. « Nous sommes, plus que jamais, très optimistes » dans la perspective d’aboutir à une solution définitive, a conclu M. Afrique du président Trump.

Tournant russe sur le Sahara

La Russie a marqué un nouveau tournant dans la question du Sahara. À l’approche de l’examen du dossier par l’organe exécutif de l’ONU fin octobre, Moscou a adopté pour la première fois une position plus nuancée et ouverte dans ce conflit régional qui semble tendre vers une résolution définitive.

Longtemps considérée comme un contrepoids stratégique, Moscou vient de prendre une place centrale dans le jeu des puissances et s’impose comme un facteur déterminant dans l’évolution du dossier du Sahara, qui entre cette année dans sa 50ème année.

Interrogé sur les conséquences de la prise de position russe, le politologue Mohamed Bouden a indiqué que la position de la Russie aura un impact très important. « Je pense qu’elle influencera les autres acteurs dans ce contexte, d’autant plus qu’il y a toujours eu une tendance à se justifier et à se cacher derrière la présence de la Russie pour adopter des positions contraires à la voie du règlement ».

Selon l’expert, la position exprimée cette fois-ci par la Russie se distingue par son ouverture et son approche rationnelle. « Elle ouvre la voie au dialogue, crée une base commune et offre une nouvelle dynamique positive », a-t-il affirmé.

Selon lui, elle aura un impact notable sur les pays de la région eurasiatique et du Sud, notamment ceux qui entretiennent des relations historiques avec Moscou, qu’il s’agisse des pays d’Europe de l’Est, d’Asie centrale ou encore de ceux, dits «turciques ».

La position russe résonne également au sein du Conseil de sécurité, même si les relations internationales actuelles se caractérisent par une certaine divergence de points de vue, souligne-t-il. Il ajoute que néanmoins, en ce qui concerne l’initiative d’autonomie, « on observe un certain rapprochement entre les positions des grandes puissances, ce qui constitue un signe positif pour la position marocaine ».

Econews avec Hespresse/MAP